Constantine Combien d'endroits sont encore témoins de l'atrocité du colonialisme français ? «Les oubliettes», ces sinistres basse-fosses étroites, obscures et à demi enfouies sous terre, témoignent encore de l'atrocité de la torture pratiquée par le colonialisme sur des algériens, s'est écrié, hier mardi, un moudjahid de la localité de Zighoud-Youcef (Constantine). L'octogénaire qui s'exprimait en marge de la commémoration du 58e anniversaire de la mort du chahid dont cette localité porte le nom, a précisé, ému, que ces sortes de caves, hautes d'à peine 60 cm et conçues pour 10 personnes à peine mais où l'on entassait jusqu'à 50 algériens suspectés «d'appartenance à une organisation terroriste». Ces «oubliettes» sont encore visibles dans l'enceinte d'un centre de torture que les autorités de la wilaya, accompagnées de moudjahidine et d'enfants de chouhada, ont visité sur une colline surplombant le chef-lieu de cette commune, située près des limites administratives des wilayas de Constantine et de Skikda. Ce centre «assumait sa mission ignoble et inhumaine sous l'appellation d'Office des renseignements (OR), relevant du Deuxième bureau», a précisé à l'APS le secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des moudjahidine, Mohamed-Salah Kracha. Ancien forgeron à Oued Smendou, principal artisan des événements du 20 Août 1955, le colonel Zighoud Youcef, chef militaire et responsable de la Wilaya II historique, tombera en héros à Sidi-Mezghiche, le 25 septembre 1956, dans un accrochage avec l'armée française. Restauré et réhabilité pour la postérité, le centre de torture, considéré comme le deuxième du genre après la sinistre «Ferme Ameziane», située en plein cœur de Constantine, où les Algériens étaient physiquement et psychiquement suppliciés et torturés avant d'être, du moins ceux qui survivaient, exécutés sans autre forme de procès.