Résumé de la 52e partie ■ Mme Claire poursuivit ses visites portée par une espèce d'euphorie qu'elle s'efforçait de dissimuler... La liberté ? La visiteuse n'avait pas tant que cela l'impression d'en disposer. Elle aussi se sentait condamnée à l'isolement; du moins jusqu'à ce qu'elle rencontre Jacques... Dans quelques minutes, le moment serait venu de le retrouver à l'infirmerie - plusieurs fois déjà, au cours de l'après-midi, elle avait consulté sa montre - et cette pensée la revigorait. Enfin arriva le moment tant attendu. Son amant la reverrait telle qu'il l'avait connue et aimée, au premier regard : naturelle, sans maquillage, ses cheveux noués en chignon de dame patronnesse, dans sa robe noire toute simple... Le docteur se trouvait déjà à l'infirmerie lorsque sœur Agathe lui ouvrit la porte, en la prévenant: — Sœur Dorothée est momentanément absente. Elle est partie faire une piqûre dans une cellule. Vous allez bien, madame Claire ? — Comme toujours, ma sœur! — Je ne sais pas ce qui vous arrive, mais aujourd'hui vous avez une mine radieuse! — Sosthène m'a fait le même compliment, figurez-vous ! — Le cher homme ! Mais entrez donc. Le docteur est arrivé il y a une dizaine de minutes. II est dans son petit bureau, en train de consulter les fiches de nos malades. — Je vais aller le saluer, par politesse, avant de commencer ma visite... Dès qu'elle fut dans le bureau, la porte donnant sur le couloir soigneusement refermée, elle se précipita vers Jacques et lui colla un doigt sur la bouche en disant à voix basse : — Chut ! Et surtout, conserve ton calme ! — Mais je suis très calme ! répondit-il. Rassuretoi, ma profession m'a appris à contrôler mes émotions. Ce n'est pas parce que nous nous aimons que tout le monde doit être mis au courant. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas le crier sur les toits de la prison... As-tu bien dormi ? — Comme une souche ! J'ai failli être en retard pour mes visites. — Sais-tu que tu es magnifique, ma belle visiteuse ? Cette tenue te va à ravir ! Elle te donne un peu de mystère et de gravité. Maintenant que je connais le tempérament ardent qui brûle sous ces vêtements austères, je ne l'apprécie que davantage ! — Si nous visitions les malades ensemble ? Comme cela, ça irait plus vite et nous aurions fini plus tôt... — Qu'est-ce qui te prend ? Aurais-tu envie de bâcler ta noble mission ? — Non. Mais j'ai pris la décision de penser désormais un peu plus à moi au lieu de me préoccuper uniquement des problèmes de détenues pour lesquelles, finalement, je ne peux pas faire grand chose. — Redevenons sérieux deux minutes ! Tu es la visiteuse et moi le médecin. Ne nous écartons pas de notre rôle. Et maintenant, allons-y. Courage ! — Allons-y, mon chéri. La tournée fut presque gaie, sous la conduite de sœur Agathe qui était aussi appréciée des malades que sa supérieure. A suivre