Le Doyen traîne désespérément à la dernière place du classement, malgré l'aisance financière de Sonatrach. Comme quoi, l'argent ne fait pas forcément le bonheur ! Outre les supporters, qui n'en reviennent pas, les observateurs s'interrogent sur les raisons qui ont entraîné cette décadence de l'équipe, pourtant promise à un avenir radieux. Pour comprendre ce qui se passe dans un club aussi compliqué que complexe, il faut se lever très tôt; mais il est évident que certains signes ne trompent pas sur la déroute annoncée. Une situation, le moins que l'on puisse dire, «dramatique» pour un club qui a dépensé autant d'argent (on parle de 70 milliards de centimes) dans le recrutement d'une quinzaine de joueurs et la mise en place «des assises», qui permettront au club de la Sonatrach de jouer les premiers rôles. Après 11e journée, force est de constater que le Mouloudia avance à reculons, en témoigne sa peu reluisante dernière place au classement général, en ne totalisant que 9 petits points, avec 2 victoires, 3 matchs nuls, et 5 défaites. La dernière défaite, hier, dans le derby algérois face à l'USMA (1-0), est, sans doute aucun, la goûte qui fera déborder le vase, au vu de la grande rivalité qui existe entre les deux teams depuis belle lurette. Les supporters, interdits d'accéder en raison du huis clos, ont quand même pu voir la rencontre, à partir des endroits limitrophes, et certains d'entre eux, ont accédé, à la fin du match, au stade pour faire entendre des vertes et des pas mûrs aux joueurs, mais aussi et surtout aux dirigeants présents. Pour ces supporters, les responsables de leur club sont «indignes» de le diriger, et «chacun d'entre eux est venu défendre ses propres intérêts au détriment de ceux du Mouloudia». A ce moment là, les choses allaient prendre une autre tournure n'était l'intervention des services de sécurité pour éviter le pire. Avant cette rencontre, il est vrai que tous les doigts accusateurs étaient pointés vers le désormais ex-entraîneur, Boualem Charef, notamment pour le fait d'avoir chamboulé l'effectif, mais force est de constater que les dirigeants ne sont pas exempts de tout reproche. On accuse le président Hadj-Taleb et ses collaborateurs de mener le club vers la dérive, sans pour autant que des décisions soient prises pour remettre de l'ordre et pousser les joueurs à sortir le grand jeu et aller de l'avant. «Des joueurs payés à coups de centaines de millions de centimes, mais indignes de porter les couleurs du Mouloudia. Ils évoluent sans âme et ne se soucient guères de la situation dans laquelle se trouve l'équipe. C'est un club créé pour jouer les premiers rôles, et non pour être pris en otage par des dirigeants pareils, et se retrouver, ensuite, dans le bas du tableau», a rétorqué un supporter, parmi ceux qui ont accédé au stade de Bologhine, hier. Cette montée au créneau des supporters laisse entendre que des jours des plus chauds sont attendus dans la maison des Vert et Rouge. L'on imagine, ainsi donc, mal comment va se dérouler la préparation pour le match de ce mardi à Sétif, face au champion d'Afrique en titre, l'ESS, comptant pour la mise à jour du calendrier. Mohamed Benhamla Les 11 faillites d'une déroute annoncée L'instabilité au niveau de la direction C'est les choix de la société détentrice du capital du club, soit la Sonatrach, que ce problème se pose. Cette dernière, même si elle se targue d'être l'une des dix meilleures entreprises du continent africain, sa gestion de la chose footballistique est loin d'être un modèle du genre dans la mesure où elle a, à chaque fois, livré le club à des cadres anonymes, sans passé sportif et encore moins ayant la fibre vert et rouge. Sans compter l'instabilité qui a régné au poste de président de la SSA/Le Doyen où l'on est au quatrième nom après les Amrouche, Boumela, Yaïci (intérim) et Hadj-Taleb. Cette instabilité ne laisse guère la place à un travail réfléchi, ni à une vision porteuse d'un projet d'avenir et encore moins à une poigne dans la gestion de tous les jours.
Absence d'un président fort L'absence d'un président fort, au charisme avéré et au poids invulnérable, capable de peser sur les décisions et sur la gestion du club, fait défaut au MCA. Un homme qui incarne les vraies valeurs du club, son standing et son prestige, respecté par tous et bien introduit dans les sphères, car chez les grands clubs c'est comme ça que ça se passe et pas autrement.
Départ massif des joueurs A l'intersaison, pas moins de 16 éléments ont été libérés pour laisser la place à d'autres, dont certains ont été ramenés dans les bagages de l'entraîneur Boualem Charef, fraîchement débarqué de l'USMH où il a passé cinq saisons. Ce choix, au départ applaudi, mais risqué, a vite tourné au mauvais casting avec la série de résultats bien au-deçà des ambitions affichées par les dirigeants.
Une équipe bluffée par la Super-Coupe Les Mouloudéens se sont vite bluffés par le succès en Supercoupe d'Algérie face au rival de toujours, l'USM Alger (1-0). Cette finale, intervenant avant l'entame de la saison et au moment où les équipes sont toujours en rodage, a emmené les dirigeants et les joueurs à se voir trop beaux et trop grands. Une erreur stratégique, alors que la vérité doit être prouvée sur le terrain. La guerre des clans Le MCA, qu'on le veuille ou non, fait l'objet depuis quelques années à des pressions et à des influences diverses voire à une guéguerre dans les coulisses par groupuscules de ‘'supporters'' interposés. Chaque clan ou tendance veut prendre le pouvoir, surtout lorsque ce dernier est renforcé aujourd'hui par la présence d'un grand ordonnateur financier comme la Sonatrach. Des salaires mirobolants La politique des salaires du club ne laisse guère aux dirigeants la possibilité de mettre une main de fer dans un gant de velours. Offrir des salaires mirobolants à des joueurs surcotés, n'est pas pour arranger la gestion du groupe, créant même la scission au sein du groupe. Sans compter le fait de payer des mois d'avance, à certains éléments, ce qui démotive plus qu'il ne motive. Un club SDF Au MCA, il y a toujours ce sentiment que le club demeure abandonné, sans stade où évoluer, sans sa propre infrastructure d'entraînement qui lui permet de travailler dans la sérénité et une grande concentration. Ce n'est d'ailleurs pas l'annexe du stade du 5-Juillet, un lieu ouvert aux quatre vents, qui va arranger les choses d'un club déjà friable avec l'intrusion de soi-disant supporters – les vrais sont dans les tribunes et font merveilleusement leur boulot – venant menacés les joueurs et le staff technique, y compris dans leur chair et en absence des dirigeants ou d'agents de surveillance.
Une communication défaillante L'absence de toute organisation digne d'un club professionnel, notamment sur le plan de la communication et les relations avec les médias, est un autre point à soulever. Un club qui change de siège tous les six mois, qui ne possède pas de structure chargée de la communication, qui n'a pas de site internet, qui fui de partout et où les prérogatives et les missions des uns et des autres ne sont pas clairement définies, ne peut pas prétendre à un avenir radieux. Et ce ne sont pas les promesses répétées à chaque fois par les présidents qui se sont succédé, qui vont remettre le MCA sur rails. Le mal est très profond, malgré les quelques éclaircies.
Une formation à l'abandon On terminera ce décryptage pour rajouter une onzième raison est pas des moindres : avec tout l'argent dont dispose le MCA, ce dernier n'arrive pas à avoir un centre de formation digne de ce nom. Espérons qu'avec la venue de Boualem Laroum, les bases d'une véritable politique de formation soit mise en place pour donner au club une assise et surtout une âme. Celle qu'il a perdu aujourd'hui. Le poste de manager général Le poste de manager voire celui de coordinateur technique, créé de toute pièce à une certaine époque, sont très convoités et tous les moyens sont permis pour y parvenir, quitte à marcher sur le ‘'corps'' du Mouloudia. D'ailleurs, certains continuent de faire campagne pour un retour inespéré, alors que d'autres font le forcing à leur manière pour revenir. Il y a trop d'intérêts pour laisser la vache à traire, qu'est la Sonatrach, tranquille. Le malaise qui réside au sein de l'effectif Ce malaise est entretenu par certains éléments passés spécialistes dans les coups bas et la déstabilisation pour des histoires de clan et d'intérêt. Pas plus tard que la semaine dernière, un joueur, dont on taira le nom, a révélé que certains de ses coéquipiers n'étaient là que pour de l'argent et qu'il se ‘'foutait'' du MCA, même s'ils déclarent le contraire dans la presse pour attendrir les supporters. Ce même joueur, venu l'été dernier, dit regretter son choix et cherche même à partir. Alors, quand vous avez une telle ambiance dans le groupe, bonjour les dégâts.