Argent - Déjà royalement payés, la plupart des joueurs des clubs professionnels ont, pour une bonne partie d'entre eux, demandé des augmentations de salaire. Mais pour quel spectacle ? Bien que l'intersaison a été plutôt calme comparativement aux années passées, notamment en matière de transferts, mais certains clubs ont connu des moments très mouvementés à cause de la réaction de leurs joueurs qui ont demandé ou exigé des revalorisations de salaire. Au MC Alger, club dont le capital est détenu aux deux-tiers par la Sonatrach, un mouvement de contestation a eu lieu dès la reprise des entraînements, ce qui a mis le nouvel entraîneur, le Suisse Alain Geiger dans une situation délicate, avant que n'intervienne le manager nouvellement installé Kamel Kaci-Saïd pour négocier avec la Sonatrach des revalorisations salariales, probablement légitimes pour certains. D'autres cas similaires ont été signalés ici et là, comme celui du gardien international de l'USM El-Harrach Azzedine Doukha qui a menacé de partir et de boycotter les séances d'entraînement s'il n'obtient pas une augmentation. Ainsi, voyant leur statut rehaussé ou qu'une nouvelle recrue payée au prix fort, les joueurs n'hésitent pas à afficher leurs exigences aux dirigeants qui finissent souvent par abdiquer et signer leurs contrats, sans savoir si ces derniers donneront quelque chose en échange sur le terrain. En effet, comparé à leur rendement durant la saison, la plupart des joueurs ne méritent pas le salaire mirobolant qu'ils perçoivent et qui, dans certains cas, atteint les 300 à 400 millions de centimes par mois, sans impôts et taxes ! Un salaire qui laisse rêveur même un ministre d'Etat. Que dire du commun des citoyens qui trime à longueur de journée pour avoir à peine le smig. C'est dire la disproportion qui existe entre ce que perçoit un footballeur chez nous et le niveau de spectacle qu'il offre aux supporters et aux téléspectateurs, car même les droits de télévision acquis exclusivement par l'ENTV ont plus que doublé. Que de joueurs qui «plongent» à longueur de matchs, que de joueurs qui passent la plupart du temps sur le banc ou blessés, mais qui sont payés au prix fort. Le cas le plus patent est celui de Hadj Aïssa ramené au mercato par l'ex-coordinateur de la section football du MCA, Omar Ghrib, mais qui n'a pas joué la moindre seconde, mais en se faisant grassement payé. D'ailleurs, pour rester dans le cas du Mouloudia d'Alger, l'examen minutieux des comptes et du bilan de ce club, a révélé que plusieurs joueurs reversaient des sommes à leur dirigeant. Quant au fait de dire que la carrière d'un footballeur est courte et qu'il doit faire le maximum durant les années de pratique, quitte à s'enrichir illégalement, est un alibi fallacieux car le rapport qualité du spectacle / prix est loin de répondre aux normes qui existent sous d'autres cieux. Que dire également de cette manie d'avancer des mois de salaires à un joueur, en piétinant la réglementation et la loi de travail, alors que ce footballeur n'a rien encore prouvé sur le terrain ? La plupart de nos clubs vivent au-dessus de leurs moyens et la DNCG, structure mise en place par la Fédération algérienne de football pour soi-disant régenter la gestion financière des clubs, est aujourd'hui une coquille vide. Pour ne pas dire étouffée dans l'œuf car elle n'a jamais fonctionné. Il est vrai que l'environnement des clubs n'est pas encore propice à un développement de la discipline et à sa professionnalisation, mais ce n'est pas une raison pour ne pas mettre le holà en matière de financement, surtout lorsqu'il s'agit de l'argent du contribuable. L'USM Alger a, au bout de trois saisons, appris la leçon en revenant aux vraies valeurs (jeunes, formation...) et à une gestion plus rigoureuse et moins bling-bling de son équipe de football. Espérons que les autres suivront pour le bien du sport-roi algérien qui a encore beaucoup de chemin à faire pour atteindre un niveau appréciable.