Challenge ■ Après l'affaire Nabil Fekir, la problématique de la formation en Algérie se pose aujourd'hui plus que jamais avec acuité. La Direction technique nationale (DTN) en est consciente et tente des solutions. Invité à s'exprimer sur le sujet, le directeur technique national (DTN), Toufik Korichi, n'a pas souhaité trop s'y attarder, estimant que le joueur a fini par faire son choix, se contentant de dire : «Ce que je sais, c'est que la fédération a fait ce qu'elle devait faire, comme d'habitude pour attirer ce joueur. Ce dernier a été perturbé, mais il est libre de choisir. Par ailleurs, je confirme que c'est lui qui a contacté le sélectionneur pour lui exprimer son désir de jouer pour l'équipe nationale, avant de changer d'avis sous influence». Profitant de cette opportunité, Korichi est revenu sur le travail qu'est en train de mener la structure qu'il dirige depuis sa confirmation au mois de janvier dernier. Mais avant, il a tenu à rappeler que le travail de formation incombe aux clubs en premier. «La formation est bel et bien la responsabilité des clubs. La FAF n'a d'ailleurs aucun pouvoir technique pour imposer quoique ce soit aux clubs sur le plan méthodique ou du volume de travail des jeunes. La DTN peut orienter, accompagner et même aider les clubs dans le cadre de la formation, sans plus», expliquera Korichi. Puis d'imager les choses : «Les clubs sont des champs de fleurs, et la fédération vient cueillir les plus belles pour en faire un joli bouquet à offrir aux sélections nationales !». Pour ce faire, le DTN considère que trois points essentiels doivent être réunis pour assurer une bonne assise de la formation. «Il y a d'abord, le modèle de compétition qui doit être adéquat. Et là, la FAF a corrigé le tir en adoptant la meilleure formule depuis cette saison. Ensuite, il y a l'encadrement qui doit être de qualité, exigence qu'a imposée la fédération. Enfin, et c'est là le point essentiel, c'est la qualité de la formation et du travail au quotidien au niveau des clubs. Vous avez beau avoir un bon système de compétition et un encadrement compétent, mais si le travail n'est pas bien fait, c'est comme si vous n'avez rien fait». Revenant sur l'expérience de Jean-Marc Nobillo, à la tête des U20 en 2013, Korichi avoue que l'échec de ce dernier réside dans le fait qu'il a travaillé avec un groupe avant de changer vers la fin en recourant à des éléments formés en France. «Aujourd'hui, nous avons retenu les leçons et nous n'avons pas attendu l'installation des staffs techniques des sélections de jeunes pour commencer à travailler en préparant les effectifs concernés. Toutefois, le problème en Algérie est qu'il n'y a pas d'entraîneurs formateurs et on a eu du mal à pourvoir les sélections des U20 et des U17, confiées tout récemment à, respectivement, Mohamed Mekhazni et Saber Ben Smaïn». La raison de cette difficulté : «Il ne suffit pas d'être simplement un entraîneur ou avoir un nom, mais il fallait trouver des techniciens qui ont travaillé au moins dix ans chez les jeunes avec des résultats probants», précisait-il. Pour le DTN, la FAF a mis des moyens énormes pour accompagner le développement du football, mais il reste aux clubs de remplir leur mission fondamentale celle de former les talents et les futurs footballeurs de demain. A. Salah-Bey Les sélections Plateau national du 19 au 24 mars Profitant des vacances de printemps, la DTN organise du 19 au 24 de ce mois, au centre technique national de football de Sidi Moussa, un plateau national pour la sélection des jeunes en prévision de la constitution des effectifs des équipes nationales des U17 et des U20. Ils seront 200 joueurs (100 pour chaque catégorie), qui seront réunis en présence d'une cinquantaine de techniciens pour une évaluation d'une semaine qui débouchera sur une pré liste des sélections des U17 (nés en 2000) et des U20 (nés en 1997-1998) dont disposeront les nouveaux staffs, Mekhazni (pour les U20) et Ben Smaïn (pour les U17). Pour rappel, la centaine de joueurs de chaque catégorie est constituée de 25 joueurs par région (Est, Ouest, Centre et Sud) qui sont issus d'un premier travail de prospection mené par les techniciens de la DTN, dont une bonne partie sont des anciens joueurs internationaux. Les sélections nationales de jeunes prépareront par la suite les échéances continentales qui les attendent en 2017, 2019 et même 2021. Pour Toufik Korichi, le plus important est le travail continu et la stabilité, peu importe la qualification ou non à une phase finale d'une compétition ou une participation à une joute continentale. «Il faut du travail, la persévérance et de la patience, il n'y a pas que la qualification qui compte. La différence avec certains pays africains, c'est que chez eux, le talent existe, comme chez nous, mais le travail de formation est meilleur». Le DTN regrette qu'aujourd'hui les clubs ont recours à ramener des joueurs étrangers qui n'apportent pas le plus escompté, au lieu de lancer les jeunes algériens. «Entre la saison 2013-2014 et celle 2014-2015, on est passé de 19 à 32 joueurs étrangers, mais sans voir l'effet de cet apport. Il y a lieu de mieux réfléchir et de donner plus la chance aux jeunes», regrette-t-il. A. S.-B. Le projet Vers la limitation des entraîneurs par club Lors de l'entretien que nous avons eu avec Toufir Korichi, il est revenu longuement sur les raisons qui ont amené la FAF d'opter pour la mise en place du système d'académies. «Ce n'est pas le rôle de la FAF de former, mais l'expérience a été tenté et elle n'a pas été vaine, puisqu'aujourd'hui la sélection Olympique que dirige le suisse Pierre-André Schurman est formée de 70% de joueurs ayant été dans ces académies. Néanmoins, on ne va pas refaire l'expérience, mais on est en train de réfléchir sur l'organisation de stages réguliers des sélections le long de l'année». Concernant le chapitre de l'encadrement et de la formation des entraîneurs, Korichi a tenu à préciser une chose par rapport à ce qui se dit ici et là : «Permettez-moi d'éclairer l'opinion et de répondre à certains qui disent que la DTN forment des entraîneurs et donnent des licences au bout de trois jours de stage. C'est faux, il s'agit de stages d'équivalence. La formation n'a pas encore commencé et elle se fera sur une plus longue durée avec deux ou trois stages et un examen au bout». Toujours sur le plan de la formation de l'encadrement, le DTN indique qu'une cinquantaine de stages ont été organisés depuis le début de l'actuelle saison. 1 053 entraîneurs ont eu leurs licences FAF 1, 2 et 3 et 500 pour la licence CAF C. Par ailleurs, la DTN devra proposer au bureau fédéral, dans les prochaines semaines, un projet de règlement de limitation de mouvement des entraîneurs au niveau des clubs, afin de préserver un peu plus de stabilité et permettre un travail continu, notamment au niveau des jeunes.
