Opus n «El-Mordjane», le corail, est le titre de l'album musical de Sofiane Saïdi, musicien et chanteur. Ce natif de Sidi Bel-Abbès, peu connu en Algérie, s'est produit en tant que musicien dans nombre de pays étrangers et est installé en France depuis les années 90. «El-Mordjane» est cette pierre de bijouterie, animal marin endossant une forte symbolique poétique chez les rêveurs, d'où ces mots sur la pochette du CD, définissant très bien un premier produit musical qui déjà de l'autre côté a fait des adeptes «une métaphore des choses précieuses et rares de la vie, ces chansons racontent à la manière des comédies musicales égyptiennes, les joies et les tourments de leurs héros». Ainsi, les amateurs de raï vont découvrir une nouvelle texture, un style inédit de raï que celui que l'on a l'habitude d'entendre, loin du style raï à consommation rapide. Combinant deux genres musicaux distincts, raï électro et pop rock alternatif, l'artiste s'est inspiré des comédies musicales égyptiennes à caractère sentimental, donnant à ses chansons un petit quelque chose de mélancolique. Influences et sonorités glanées à travers son parcours de musicien, l'album de Sofiane Saïdi se réfère profondément à la sève de la musique raï, à son âme, celui qui l'a bercé et envoûté, dans sa ville natale, depuis l'âge de 12 ans. L'œuvre musicale tire ses racines de l'Ouest algérien où domine la forme originelle du bédoui oranais, ancêtre du raï moderne. Avec toutefois, des sonorités plus actuelles et variées, une recherche des arrangements qui laissent la part belle à la musicalité et l'interprétation de l'artiste. Une œuvre qui a demandé près de 10 ans de travail, de recherche et d'attentes entre galas et concerts pour qu'enfin elle en vient à être produite et écoutée. Les thèmes de ses textes s'inscrivent dans le contexte de la complainte raï, de la vie et du bonheur, de l'amour et des errements. Tout ce à quoi il a été confronté, avec qui il s'est séparé ou cherché. «Mektoub, Gasba yal moul taxi, Kifach ya bnadem, El-Jazaïr, Kirani», des titres et des paroles pétries par les origines musicales du terroir encore vivaces chez l'artiste. «Kalimate», une autre composition maîtresse, interprétée en duo avec Natasha Atlas et réalisée en clip par Anaël Dang producteur audiovisuel. Plusieurs genres de musique se retrouvent dans le produit, istighbar, gnaoui, tarab oriental, musique arabo-andalouse populaire ainsi que l'incontournable genre bédoui. «El-Mordjane», qui a donné son titre à l'album, est une romance où gasba et piano s'accordent pour former un morceau où s'entremêlent poésie et évasion. L'esprit de révolte, le mythe, la tristesse, le pays légendaire, toujours l'amour, tout est représenté et personnifié jusqu'à un extrait du discours à l'ONU en 1974 de Houari Boumediene dans «Al-Jazaïr black out». Réalisé en collaboration avec Jean-Baptiste Ferré, pianiste de formation et clavier-arrangeur-réalisateur et Tim Whelan, musicien- arrangeur et membre fondateur du groupe musical anglais «Tranglobal Underground», l'album a été enregistré entre Sidi Bel-Abbès, Londres, Brest et Paris.