Spectacle n Ce soir, au parc Saint-Jacques de Bâle (Suisse), Séville et Liverpool s'affrontent en finale de l'Europa League. Liverpool a l'occasion d'étoffer son palmarès européen, alors que les Sévillans cherchent un triplé historique. Une véritable affiche entre deux grands clubs européens attirés par le succès, avec comme enjeu une qualification directe pour la prochaine Ligue des Champions. Décidément, l'histoire entre le FC Séville et la Ligue Europa ne s'arrête plus. Pour la troisième saison d'affilée, les Sévillans ont atteint la finale de la compétition. Du jamais vu en quarante-cinq éditions. Vainqueurs contre Benfica en 2014 et Dniepropetrovsk en 2015, les joueurs d'Unai Emery peuvent définitivement marquer l'histoire avec un nouveau succès. Ce serait le cinquième du club au total, en ajoutant les trophées glanés en 2006 et 2007. Un record en Europa League. Séville devancerait de deux victoires la Juventus Turin, l'Inter Milan et… Liverpool (trois C3 gagnées en 1973, 1976 et 2001). Et s'il y a un club pour stopper les Espagnols, un club capable de remontées fantastiques, un club au passé européen chargé, c'est celui-ci. Liverpool a réalisé un parcours presque sans faute. Une seule défaite en quatorze rencontres, à Villareal, finalement sans conséquence. Les Anglais ont cette culture de la gagne bien ancrée dans leurs gênes, encore plus depuis qu'ils sont dirigés par Jürgen Klopp. Cela s'est ressenti en quart de finale quand, menés 3-1 par Dortmund à Anfield Road, les Reds ont inversé la tendance dans la dernière demi-heure pour l'emporter 4-3. Un retour qui rappelle forcément le miracle d'Istanbul de 2005, quand les Gerrard, Xabi Alonso et Carragher avaient remonté un handicap de trois buts face au Milan AC en finale de Ligue des Champions. Liverpool a aussi sorti son ennemi Manchester United, sans trembler. Quoi qu'il arrive, la finale promet d'être intense entre deux équipes tournées vers l'attaque. Outre un trophée supplémentaire dans la vitrine du club, une victoire offrira un ticket direct pour l'UEFA Champions League, sans passer par les barrages (le Real Madrid et l'Atletico Madrid, finalistes de la C1, ayant terminé la Liga à une place qualificative pour la phase de groupes, Ndlr). Une sorte de seconde chance pour Séville et Liverpool, 7e et 8e de leur championnat respectif, qui ont tout misé sur l'Europa League. La défaite est donc interdite. Les équipes probables FC Liverpool : Mignolet - Clyne, Skrtel (ou K.Touré), Lovren, Moreno - Can, Milner - Lallana, Coutinho, Firmino - Sturridge FC Séville: David Soria - Mariano, Rami, Kolodziejczak (ou Carriço), Escudero - N'Zonzi, Krychowiak - Coke (ou Konoplyanka), Banega, Vitolo - Gameiro Arbitre: Jonas Eriksson (SWE) Le magicien Klopp : «Ce sera un match ouvert» l «On connaît nos supporters, on sait déjà à quel point ils veulent gagner cette compétition. On aimerait vraiment être l'équipe qui permettra à ce rêve de victoire de devenir réalité, mais c'est le football... Tout ce que je peux promettre, c'est qu'on fera tout, tout ce qu'on peut, mais ce sera un match ouvert. On se sent bien, et je suis fier de prendre part à ce moment avec cette équipe. Je suis vraiment heureux qu'ils puissent montrer à quel point ils sont forts, et demain est une belle opportunité pour le faire et réaliser quelque chose de grand. Séville est une équipe très forte, qui joue très bien et mérite le respect. Les principales menaces dans l'équipe de Séville ? Il y en a beaucoup, je connais leurs noms mais je n'aime pas pointer du doigt, ça dépendra surtout de là où on laissera des faiblesses. Je suis certain que mes joueurs sont prêts». L'histoire Dortmund 2001, Istanbul 2005 les folles nuits des Reds l Retrouve Liverpool en finale de Coupe d'Europe, peu importe laquelle, est un plaisir incommensurable. Parce que les Reds, c'est autre chose. Une autre idée du football. C'est l'histoire, la grande. La légende, même. Ce soir au Parc Saint-Jacques de Bâle, les joueurs de Jürgen Klopp espèrent décrocher une Europa League que les Rouge n'ont jamais remportée sous sa forme actuelle. Pour les plus anciens, Liverpool c'est la quintessence de la gagne. Une équipe qui, a régné sur l'Europe au tournant des années 70-80, décrochant la Coupe aux grandes oreilles à quatre reprises en huit éditions (1977, 1978, 1981, 1984). Pour les plus jeunes, Liverpool est «simplement» un synonyme de plaisir. La promesse de soirées fantastiques. Il y a bien sûr eu la folle nuit d'Istanbul, où Steven Gerrard et ses copains ont renversé l'AC Milan. Un 0-3 à la mi-temps qui se transforme en triomphe européen, ce n'était pas commun. C'est resté unique. Mais avant ce 25 mai 2005, il y eut le 16 mai 2001. Et une soirée dingue dans l'écrin le plus liverpuldien d'Allemagne, celui qu'on appelait alors encore Westfalenstadion. Ce jour-là, face à Alaves, club aujourd'hui éloigné des sommets continentaux, les Reds ont décroché la troisième Coupe de l'UEFA de leur histoire. La plus folle. Assurément. Cette finale, la plus prolifique de l'histoire fut le match de l'année 2001. Mais à défaut de courir derrière le score, comme quatre ans plus tard face aux Rossoneri, les joueurs de Gérard Houllier ont tenu les rênes de la quatrième à la dernière minute tout en n'étant jamais loin de les lâcher : 2-0 après 16 minutes de jeu, 3-1 à la pause, 3-3 après 49 minutes, 4-3 jusqu'à l'égalisation de Jordi Cruyff à la 88e minute. Prolongation. Puis un but en or du malheureux Delfi Geli à quatre minutes de la séance des tirs aux buts. 5-4. En un mot : sensationnel. L'atout Gameiro la force de frappe des Sévillans l Séville comptera une nouvelle fois sur Kévin Gameiro. Le Français, qui n'était pas inscrit sur la feuille de match samedi dernier lors du dernier match de Liga perdu 3-1 à Bilbao, a marqué contre tous les adversaires de Séville durant le parcours européen (Molde, Bâle, Athletic Bilbao, Shakhtar Donetsk). Le meilleur buteur du club en Europa League (sept buts) devrait être soutenu par Vicente Iborra et Yevhen Konoplyanka. En revanche, Unai Emery sera privé de Benoît Trémoulinas et Michael Krohn-Dehli, blessés tous les deux au genou gauche (respectivement au ménisque et à la rotule). L'incertitude Henderson pourra-t-il jouer ? l Du côté de Liverpool, l'incertitude concerne le milieu de terrain. Jordan Henderson a repris la compétition ce week-end à West Bromwich Albion après une absence d'un mois pour une blessure au genou. Il pourrait être titulaire devant la défense aux côtés d'Emre Can, James Milner retrouverait alors son poste de milieu excentré. Si Henderson n'est pas apte, Milner prendrait sa place et Firmino intégrerait le onze de départ. Daniel Sturridge sera en concurrence avec Divock Origi pour le poste d'avant-centre. La route Emery : «Nous savons où nous voulons aller» l «L'une des choses que nous voulons montrer, c'est qu'on veut grandir, être constants, tout donner, tout le temps. Toutes les opportunités qu'on a, on doit les saisir, on doit faire de notre mieux pour aller là où on veut aller. On a l'opportunité de gagner cette compétition pour la troisième fois, d'écrire l'histoire, de laisser notre nom pour toujours dans l'histoire de ce club. Je ne pense pas qu'il y ait besoin d'autre chose pour les motiver. Nous devons rester maîtres de nos émotions, et ce sera possible en étant concentré à 100% sur notre match. Ce sera du 50-50, eux ont l'histoire et jouent de manière incroyable, et nous, nous avons l'avantage de ces deux victoires et la possibilité de défendre nos titres. Ce qui décidera du vainqueur sera notre capacité à neutraliser les qualités de nos adversaires». Les chiffres Voilà pourquoi Liverpool est une légende l Liverpool a remporté les trois finales de C3 qu'il a disputées. Les Reds ont battu Mönchengladbach en 1973 (3-0, 0-2), le FC Bruges en 1976 (3-2, 1-1) et Alaves en 2001 (5-4, but en or). En cas de victoire, la formation anglaise remporterait donc son quatrième titre et égalerait le record détenu par... le Séville FC (2006, 2007, 2014, 2015). Avec trois sacres (1977, 1978, 1981), Bob Paisley est l'entraîneur ayant gagné le plus de fois la C1, avec Carlo Ancelotti (2003, 2007, 2014). Le technicien anglais a également enlevé la Coupe de l'UEFA en 1976 avec les Reds. L'Allemand Jürgen Klopp est le quatrième entraîneur non anglais à disputer une finale de Coupe d'Europe avec les Reds, après l'Ecossais Bill Shankly, le Français Gérard Houllier et l'Espagnol Rafael Benitez. Les Reds vont disputer leur douzième finale de Coupe d'Europe. Il ont pris part à sept finales de C1, leur record dans une épreuve européenne, une de Coupe des Coupes (en 1966, 1-2 a.p. face au Borussia Dortmund), et trois de Coupe de l'UEFA.
