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Histoires vraies : Pour l'amour de Nancy Nelson 1re partie
Publié dans Info Soir le 06 - 03 - 2017

Dans la grande base militaire de Fort Worth au Texas, les pavillons des militaires sont alignés au cordeau le long des allées plantées d'arbres et de gazon. On y circule en voiture pour les adultes et en patins à roulettes pour les enfants.
Timothy, qui a dix ans, vient d'inventer un jeu nouveau. Son labrador le traîne avec bonne volonté tout au long d'une allée rectiligne.
Soudain le chien arrête sa course, et Timothy achève son parcours le nez dans le gazon devant un pavillon. Le chien échappe à son maître et se jette sur la porte en aboyant.
Ce pavillon n'est pas celui des parents de Timothy, qui court récupérer le chien. Le labrador n'aboie pas pour rien, il se passe quelque chose derrière cette porte. Timothy entend des cris bizarres, une sorte de plainte. Il reconnaît une voix de femme.
— Madame Nelson ? Madame ? Qu'est-ce qu'il ya ? C'est Timothy !
Il tambourine à la porte, tandis que le chien aboie sans répit. Timothy connaît mal les Nelson. Le mari est pilote dans l'armée de l'air comme son père, et Mme Nelson ne sort jamais. L'oreille à la porte, il est maintenant certain d'entendre pleurer, puis quelqu'un appeler, mais le chien l'empêche de comprendre, il gratte comme un fou à la porte de bois.
Courageusement, l'enfant pousse la poignée et la porte s'ouvre. Il retient son chien par le collier, le fait taire d'une tape énergique. Il y a une ombre allongée par terre dans le couloir.
— Madame ? Madame Nelson ? Vous êtes malade ?
— Qui est là ?
— Timothy Spencer, j'habite pas loin. C'est mon chien Billy, il a entendu quelque chose...
— S'il te plaît, écoute-moi, Timothy, va chercher quelqu'un, appelle un voisin, n'importe qui, dépêche-toi !
— Mais je suis là, madame, je peux rien faire pour vous ?
— Si, tu peux aller chercher quelqu'un, mais n'approche pas, je t'en prie. Va demander de l'aide, va, n'aie pas peur... fais vite !
Timothy court chercher le voisin, et très vite la police militaire de la base est sur place. On renvoie l'enfant chez lui.
— Merci, mon garçon, la dame est malade, elle est aveugle et paralysée, tu lui as rendu service...
— Mais qu'est-ce qu'elle a eu ?
— Son mari est malade aussi, alors elle a eu peur, tu comprends... rentre chez toi, Timothy.
Le spectacle n'est pas fait pour un gamin de dix ans. Nancy Nelson a trente ans et souffre d'une maladie incurable depuis de longues années. D'abord paralysée, elle est devenue aveugle récemment. Elle est donc en permanence dans un fauteuil roulant. Elle vient de vivre des moments d'angoisse épouvantables. Elle a voulu se lever en entendant un coup de feu dans la salle de bains, elle est tombée à cinquante centimètres d'une porte fermée. Impossible de porter secours à son mari. Impossible de savoir ce qui s'est passé dans cette salle de bains. Toute la nuit, Nancy Nelson a cherché à ouvrir cette porte, à se traîner pour atteindre le téléphone. Elle n'y est pas parvenue. La malheureuse est sous le choc.
— C'est mon mari, il s'est suicidé, j'en suis sûre... Laissez-moi entrer, laissez-moi le toucher...
Arthur Nelson s'est en effet suicidé, avec son propre revolver.
A suivre


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