Résumé de la 1re partie Bertrand a entendu parler des «services spéciaux» que peut rendre le Minitel. Un code, un message, un pseudonyme et le voilà parti? Sans le savoir, il se laisse glisser douceureusement sur le chemin qui va le mener tout droit en? prison. Dominique, ce charmant jeune homme, sait ce qu'il veut et il l'obtient : tout d'abord, un appartement à Paris, puis, pour éviter des allées et venues trop fatigantes, un studio à Versailles, à deux pas de chez Bertrand, des meubles pour rendre tout ça habitable, une chaîne hi-fi pour l'ambiance amoureuse, une télévision en couleurs pour les heures de solitude. Bertrand, soit par passion, soit par crainte, fournit tout ce qu'on lui demande. Facture : 650 000 francs. Mais, plus il paie, plus Bertrand, par ailleurs bon père et bon mari, se dit que ça n'est pas très juste : son épouse, qui n'a pas démérité, ses enfants, ne profitent en aucune manière des risques qu'il prend pour Dominique. Pour rétablir l'équilibre, pour se donner meilleure conscience, Bertrand décide d'améliorer le cadre familial et s'attache les services d'un décorateur en vue qui fait de l'appartement un très bel ensemble, de très bon goût. Juin 1988 : catastrophe prévisible mais inévitable. À la faveur d'un contrôle, on découvre dans le service de Bertrand un déficit qui manque de discrétion : 2 millions de francs. Bertrand sait que toutes ses explications seront vaines et, pour éviter son destin, il vide le compte bancaire familial et s'enfuit, avec un viatique supplémentaire de 100 000 francs, vers une destination inconnue. Comme il n'a pas eu le réflexe de fuir vers le Brésil, on le retrouve sur la Côte d'Azur. Les menottes aux mains, il est incarcéré. Les jours passent. Au bout de quatorze mois sous les verrous, Bertrand, au demeurant un homme parfaitement bien élevé, se retrouve en liberté provisoire, en attendant le jugement définitif. Nous sommes en septembre 1989. C'est donc en prévenu libre que Bertrand se présente devant ses juges. Apparemment, son incarcération n'a pas déclenché chez lui de crise de conscience superflue. Mystère psychologique : depuis ses aveux, Bertrand, qui a, on le suppose, rompu toute relation avec le charmant jeune homme, s'est lancé dans un tourbillon de dépenses bien peu en rapport avec sa situation. Il offre des week-ends somptueux à des amis. Il renouvelle le garage familial en faisant l'acquisition de trois nouvelles voitures, une pour lui, une pour son épouse, une pour son fils. Il couvre famille et amis de cadeaux, dépense sans compter en voyages et hôtels de luxe. Une manière de dire : «Après moi le déluge.» Il descend au fond du gouffre et profite des 2 millions de francs qu'il a réussi à détourner. Les juges, très fâchés devant son manque de remords, l'ont condamné au remboursement des 2 millions de francs, à une amende supplémentaire de 300 000 francs, et à cinq ans fermes, dont un avec sursis. On l'arrête à l'audience. Dominique, «le charmant jeune homme», on le suppose, a changé de pseudonyme sur le Minitel.