Rencontre n «Les arts plastiques en Algérie» ont fait l?objet d?un débat, mardi, à la Bibliothèque nationale. Animée par Ali Ghedouchi, artiste peintre, la rencontre se voulait un aperçu global du fait esthétique en Algérie. Ali Ghedouchi, qui appartient à l?école naïve, dira que l?art (la peinture) est plusieurs fois millénaire, un fait que l?on ne peut pas dénier, compte tenu des différents témoignages que nous ont laissé nos ancêtres, à savoir, les représentations rupestres immortalisées sur les parois rocheuses du Tassili et du Hogar. Ali Ghedouchi a fait ensuite un rappel historique de l'art en Algérie et ses différentes étapes, citant notamment l'art islamique, les arts appliqués et l'art contemporain. Il a affirmé que «l'art algérien a de tout temps existé avec de nouveaux apports de chaque génération». La peinture est un exercice qui se pratiquait, d?une période à l?autre, sous formes diverses et sur des supports différents. La peinture était représentée, tantôt sur la poterie, tantôt sur la céramique, tantôt sur les murs des édifices : palais, mosquées? Pendant toute la période musulmane, jusqu?à l?aube de la colonisation, les artistes versés, dans cet art, ne se sont pas intéressés au fait pictural. Il y avait un intérêt pour l?architecture et la géométrie, à savoir des formes ornementales de type arabesque. Vint plus tard, l?époque coloniale. Même si les artistes, jaloux de leur culture, manifestaient ce souci de préserver les arts populaires, la peinture, dans sa définition moderne, commençait à intéresser nombre de jeunes gens qui, aussitôt, l?ont adoptée. L?appropriation de l?expression picturale s?est faite par réaction au discours colonial qui ne cessait de dénigrer la population algérienne, un peuple qui, barbare et inculte, ne sait pas peindre. «Il y avait, à l?époque, à Alger, une école d?arts plastiques, mais qui était uniquement fréquentée par les colons», a expliqué l?intervenant. Et d?ajouter : «Il y avait toutefois quelque exception : de jeunes Algériens, tels Racim, Issiakhem ou encore Yellès, ont réussi à se frayer un chemin dans ce qui pouvait être une ?zone interdite? pour les autochtones et acquérir, du coup, le savoir et l?expérience en matière de peinture, transmettant, ainsi, leur connaissance au lendemain de l?indépendance, aux jeunes.» Ils leur ont initié leur talent et leur savoir-faire afin de perpétuer l?expression picturale. Aujourd?hui, les arts plastiques, notamment la peinture, se sont développés et diversifiés selon les genres, les styles, les imaginaires et l?esthétique. Chacun perçoit l?art selon son inspiration et son tempérament du moment. Chacun donne libre cours à son «moi», engendrant ainsi une multitude d??uvres d?art. l Ali Ghedouchi est un ancien moudjahid. Il faisait partie de l?Union nationale des plasticiens algériens (Unap), aujourd?hui Union nationale des arts culturels (Unac), un organisme qui, de tout temps, a contribué à la vulgarisation des arts plastiques algériens et à leur rayonnement à travers le monde. Des noms comme Farès Boukhatem, Abdelhamid Larroussi, Yellès, Rachid Koreichi, et sans oublier les défunts Khadda, Issiakhem et Aïcha Haddad, ont contribué à faire connaître notre art à l'étranger, à l'occasion de la tenue de salons et semaines culturelles. Même l?Etat a de tout temps accordé une importance aux arts plastiques. Car, notons-le, «l'art, dira Ali Ghedouchi, a joué un grand rôle durant la Guerre de Libération nationale». En peignant la Révolution, chacun (y compris Ali Ghedouchi) a représenté tant les souffrances du peuple algérien que son héroïsme. La peinture de Ali Ghedouchi, qui puise sa sève dans l?Algérie profonde, est «un art pupillaire», dira-t-il, avec comme couleurs de prédilection le vert, le rouge et le blanc, en référence à l'emblème national.. Ali Ghedouchi, présent sur la scène artistique depuis 1971, compte à son actif un grand nombre d'expositions en Algérie et à l'étranger. L'artiste, lauréat de la médaille d'or en 1984, a aussi réalisé des fresques immortalisant la révolution.