L?Onspc devait combattre férocement la corruption. Aujourd?hui, on n?entend plus parler de cet organisme. Abdelatif Benachenhou, ministre de l?Economie, considère, à quelques jours d?intervalle, à Paris, le scandale Khalifa comme «la plus grande escroquerie financière» tout en rappelant, en guise de signal positif aux futurs partenaires économiques de l?Algérie, que le pays a la ferme intention de «nettoyer la place publique des escrocs». Lui emboîtant le pas, le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a indiqué, début juin, que le scandale du «fleuron» Khalifa a coûté à l?Etat la bagatelle de 100 milliards de dinars (près de 1,5 milliard de dollars). Entretenu dans les tréfonds de l?omission, le dossier de la corruption n?a pas été du tout ou suffisamment disséqué dans les hautes sphères jusqu?à ce que des voix discordantes se fassent entendre. Forcée «d?apurer ses comptes» à l?heure de son adhésion à l?OMC et de l?accord d?association avec l?UE, l?Algérie parle désormais de corruption avec amertume. «Tous les secteurs sont gangrenés», se lamentait, en juillet dernier, Mohand Issad, architecte d?une réforme de la justice ? elle aussi gangrenée ? ? qui n?en est même pas à l?état embryonnaire. Les analystes estiment que la corruption est un secret de Polichinelle. De 1994 à 1998, période de la mise en ?uvre du programme très contraignant de réajustement structurel, à l?estampille FMI, l?enrichissement illégal est devenu une mode. Mais aucune mesure concrète pour juguler cette corruption. Pourtant, la mise en place, en 1997, d?un Observatoire national de surveillance et de prévention de la corruption (Onspc) devait mettre du baume au c?ur. Diagnostiquer tout ou rien. Ce fut rien. Mort-né, cet organisme était visiblement conçu pour soigner, autant que faire se peut, l?image ternie par des années de terrorisme et de destruction systématique de l?économie nationale au moment où le chômage atteint le taux affolant de 35% de la population active. Hormis cet Onspc dont on n?entendra plus parler, rien de probant n?a été effectué par les pouvoirs publics pour rendre «transparente» cette totale opacité dans la gestion de la vie publique. La libéralisation tous azimuts de l?économie a profité à de nouveaux «parrains» qui se frottent paisiblement les mains pour avoir partagé le juteux monopole du marché de l?importation ? quelque 10 milliards de dollars chaque année ? dont les les deux tiers échappent au fisc. Le médicament, l?agroalimentaire, l?équipement forment, pour bon nombre d?analystes, le circuit fermé de l?argent qui alimente la corruption et foudroie l?économie. L?ex-ministre de la Justice, Mohamed Charfi a annoncé l?installation d?un groupe de travail qui devait se charger de définir le cadre de lutte contre la corruption et le blanchiment d?argent. Mais en Algérie, entre les v?ux pieux, les prières et la réalité macabre du terrain, le fossé ne cesse de se creuser.