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20 août 1956
L'Armée de Libération nationale a lancé une action d'envergure

Le 20 Août 1956 eut lieu le premier congrès du FLN qui concrétisa la plateforme de la Soummam, qui était un guide pour les combattants de l'Armée de libération nationale (ALN), qui décida d'organiser une attaque générale contre le colonialisme français pour manifester sa présence sur tout notre territoire national. L'ALN devait engager des actions armées dans toutes les villes et villages contre les casernes militaires, détruire des routes, des postes électriques et incendier les fermes de colons. Il fallait à l'ALN, par cette action commune de la frontière tunisienne à la frontière marocaine, du Nord au Sud, confirmer à l'armée française que nous existions, que nous pouvions les attaquer partout où ils étaient et à n'importe quel moment.
Par cette action générale, nous avons prouvé au colonialisme français et à ses soldats que nous sommes là, que nous nous battrons à n'importe quel prix pour la liberté et l'indépendance de notre pays : l'Algérie.
Notre katiba El-Hamdania avait pour mission d'attaquer les villes de Cherchell, Sidi Ghiles (Novi), Hadjeret El-Nous (Fontaine du Génie), Gouraya, (Francis-Garnier) Beni Haoua, Damous (Duplex), Menacer (Marceau), Sidi Amar (Zurich) et un poste militaire à Larhat. La compagnie El-Hamdania était composée de 109 moudjahidine. Nous étions dans les montagnes du Zaccar, notre chef de katiba, Si Moussa, nous a expliqué le but de la mission importante que nous devions accomplir à l'occasion de l'anniversaire du premier congrès du FLN, le 20 Août 1956, organisé dans la vallée de la Soummam en Kabylie (wilaya III). Il nous donna des instructions, des recommandations pour la réussite de cette grande opération, il nous a répartis en neuf groupes pour attaquer les villes de la Mitidja, du littoral et l'Ecole d'officiers de Cherchell.
Notre katiba porte le nom du chahid Si Hamdane, de son vrai nom Ben Abderezak Mohamed de Mouzaïa-Ville. Si Hamdane et le chahid Si Zoubir (Souleimane Tayeb) de Soumaâ, ainsi que le chahid Si Moussa Kellouaz, étaient les organisateurs de la grande embuscade de Tizi Franco (Menacer) le 9 janvier 1957, où des dizaines de soldats français ont été abattus, plusieurs véhicules militaires ont été détruits et un armement très important a été récupéré : une mitrailleuse 12/7, une mitrailleuse 30 américaine, 2 fusils-mitrailleurs FM 24 et plus de 150 fusils et mitraillettes Mat 49.
La katiba El-Hamdania a été créée au mois de mai 1957 à Hayouna, daïra de Cherchell, par des moudjahidine de la section du chahid Si Djelloul Ben Miloud de Cherchell, par la section du chahid Si Kaddour de Zéralda, par le commando Si Zoubir et dirigée par notre chef Si Moussa Kellouaz El-Bourachdi de Aïn Defla. Une dizaine de moudjahidine avec les deux fusils-mitrailleurs FM Bar et la mitrailleuse 30 américaine sont restés dans la montagne du Zaccar ; il ne fallait pas les prendre avec nous car ce sont des armes lourdes et pour être plus légers, vu l'éloignement de l'endroit où nous étions et les grandes distances d'une ville à une autre : de Damous (Duplex) à Sidi Amar (Zurich), il y a au moins soixante kilomètres.
L'attaque commencera le 20 août 1957 à la même heure, 20h 00, dans les villes désignées et il fallait être au rassemblement le lendemain 21 août entre 4 h et 5 h, à l'endroit même où nous étions avant notre départ des monts du Zaccar.
Je me trouvais dans le groupe qui devait attaquer l'Ecole des officiers de Cherchell ; le chef de groupe était Si Ahmed Kelassi de Aïn Defla. Il était composé en majorité d'enfants de la ville de Cherchell ; Hakan Hamid, Saidji, Lahbouchi Mohamed son frère Ahmed et cinq autres valeureux combattants. Dès la tombée de la nuit du 19 août, nous avons pris le départ pour être le lendemain, 20 août, à l'heure, à proximité de l'endroit que nous devions attaquer, vers 5h. Nous étions à un kilomètre de Cherchell. Notre agent de liaison nous avait conduits sous un pont, sur la route reliant Cherchell à Sidi Semiane ; c'était le frère aîné des Lahbouchi. Après nous avoir installés dans cette grande et large buse en béton armé, il est allé se renseigner et nous apporter à manger.
Vers 7h, des camions militaires français passèrent au-dessus de nous pour aller des opérations de ratissage ; pas très loin, nous entendions les tirs des élèves officiers français qui faisaient leur instruction, ils étaient tellement proches que nous entendions leurs voix et cris, nous craignions d'être repérés ; il suffisait d'un rien pour être découvert ; heureusement que Dieu était avec nous.
Vers midi, l'agent de liaison est revenu, nous apportant à manger, nous étions heureux parce qu'il y avait bien longtemps que nous n'avions pas mangé de sardines en sauce ni de poisson ; nous nous sommes régalés malgré le va-et-vient des camions militaires sur le pont. Nous ne pensions plus à l'ennemi, le poisson était délicieux et nous avions très faim.
L'agent de liaison, le moussebel Lahbouchi, est reparti vers le douar Sidi Yahia avec ses couffins vides ; il nous a donné rendez-vous pour le soir. Il devait s'occuper, avec d'autres militants du FLN, de la surveillance de notre passage.
Il faisait encore jour, à 19h, lorsque nous sommes sortis de notre cachette, en file indienne, en respectant une distance de 10 à 15 mètres entre nous.
Avant d'arriver à l'Ecole des officiers de Cherchell, nous devions traverser plusieurs douars de la région ; nous avons fait notre possible pour les éviter, pour que les habitants ne nous voient pas. Il n'y avait pas d'autre chemin pour éviter le douar Sidi Yahia, qui est le dernier avant d'arriver aux hauts quartiers de la ville et à l'Ecole des officiers. Les habitants nous regardaient avec étonnement, nous saluant au passage avec des mots d'encouragement : «Allah yanssarkoun ya moudjahidine.» J'avais un fusil Garand américain que je tenais des deux mains. Les enfants s'approchaient, nous touchaient pour voir si nous étions des êtres en chair et en os ou de fer et ils admiraient notre courage.
Je ne pouvais plus retenir mes larmes qui coulaient discrètement, il faisait sombre, en pensant que nous, les moudjahidine, nous allions attaquer la caserne puis nous replier en vitesse. Après, la population civile, qui nous applaudissait au passage, paierait de sa vie ; l'ennemi se vengerait sur notre peuple, qui nous offrait des fruits, du pain, de l'eau…. J'étais en admiration devant ce courageux peuple, je demandais à mes compagnons d'activer la marche. Je n'oublierai jamais le sacrifice, le courage des habitants du douar de Sidi Yahia, dans la daïra de Cherchell.
Arrivés à l'endroit d'où nous devions attaquer la caserne de l'Ecole des officiers de Cherchell, il était 19h 40. L'un à côté de l'autre, tous armés de fusils Garand et de Mas 56, nos doigts sur la gâchette, nous savions que tous nos compagnons de la katiba El-Hamdania étaient dans la même position que nous, devant leur objectif, prêts à attaquer à 20 heures tapantes. Lorsque la montre indiqua 20h 00, nous avons commencé à tirer à la même seconde.
C'était la panique dans la caserne, nous entendions les cris de douleur des soldats français surpris par notre attaque ; les sirènes hurlaient, c'était le branle-bas de combat pendant quinze à vingt minutes, puis nous nous sommes repliés en vitesse en traversant les mêmes douars. A notre passage, les habitants nous applaudissaient, nous disant «Dieu est avec vous», les femmes poussaient des youyous, les enfants sautaient sur nous pour nous embrasser… Le sacrifice de ce grand et généreux peuple algérien est inoubliable.
Il nous fallait courir. Nous entendions derrière nous les tirs des canons et des mitrailleuses. Chaque caserne de la région était en alerte, croyant que nous allions les prendre d'assaut — el-houdjoum fi sabil Allah — alors que nous étions déjà loin, accélérant notre marche pour arriver à notre rendez-vous dans les montagnes du Zaccar, entre 4h et 5h. Sans nous reposer, nous sommes arrivés au rassemblement à l'heure prévue, tous présents à l'appel. Nous étions tous exténués par la fatigue.
Nous avons fait notre rapport à notre chef Moussa Kallouaz, à genoux, épuisés par ce long parcours de Cherchell jusqu'au Zaccar (Miliana).
Le lendemain matin, 21 août, aucun char ni camion militaire n'est sorti des villes ou des casernes, aucun avion n'a survolé la région comme d'habitude. L'armée française et ses soldats avaient peur, croyant que nous les attendions à la sortie des villes ou aux postes militaires pour leur tendre des embuscades.
Le 22 août 1957, tôt le matin, l'aviation survolait les endroits près des villes et des postes militaires, avec un grand mouvement de camions et de chars. C'est à ce moment-là que les habitants des douars où nous sommes passés ont été arrêtés et torturés : hommes, femmes et même les enfants parce qu'ils n'ont pas voulu leur donner des renseignements sur nous. L'ennemi savait très bien que nous étions passés par là. Malgré la souffrance des tortures, les habitants des douars environnants n'ont pas soufflé mot et disait seulement : «Nous n'avons rien vu».
L'armée coloniale a incendié leurs maisons, leurs biens. La France n'a pas pu faire plier l'échine à notre héroïque peuple, mais nous, les moudjahidine, nous avions beaucoup de peine à voir les douars en feu… Notre peuple a payé très cher le prix de la liberté et de l'indépendance. C'était toujours comme cela : nous combattions l'ennemi et c'est toujours la population civile qui payait, qui souffrait et subissait la vengeance des militaires français.
Quant à moi, je reste marqué à jamais par cette première grande opération nationale de l'anniversaire du 20 Août 1956. Nous étions heureux d'avoir contribué, tous ensemble, à cet événement important pour notre pays. Le 20 Août 1956 est une date inoubliable. Nous étions heureux de savoir que tout notre peuple et les combattants de la liberté de toutes les wilayas avaient participé à cette grande action générale, qui avait uni tous les moudjahidine le 20 Août 1957, fiers aussi de marquer la journée du premier anniversaire du congrès du FLN/ALN du 20 août 1956 dans la vallée de la Soummam, en wilaya III.
Gloire à nos chouhada, gloire à notre vaillant et héroïque peuple algérien.
Par cette action générale, l'ALN a prouvé qu'elle était présente sur tout le territoire national, qu'elle existait et elle ferait face à l'armée française et à son intox par les services psychologiques (SAS), qui affirmaient qu'il n'y avait pas de combattants algériens dans les maquis. C'était un mensonge comme tant d'autres ! La compagnie El-Hamdania a accompli fièrement sa mission du 20 août 1957.
Je dédie au peuple algérien ce récit authentique, en témoignage de ma participation à cette grande bataille accomplie par les valeureux moudjahidine de la katiba El-Hamdania. Je rends un grand hommage aux familles de nos chouhada de toutes les wilayas d'Algérie, je salue fraternellement les parents de mes compagnons d'armes, chouhada de la région de Cherchell qui ont aussi participé à cette grande action dans d'autres régions : Abdelhak Noufi, Djelloul Ben Miloud, Bouchama Lakhdar, Bendifallah, Saâdoune, Ben Moukadem, Cherfaoui, Saïdji, Lahbouchi, Hakem, Youcef Khodja et tant d'autres encore.
Aux familles de nos chouhada je dirai : qu'ils sachent combien leurs enfants ont été courageux, braves, généreux, valeureux, héroïques, pleins d'une foi inébranlable en une Algérie libre et indépendante, que leurs enfants sont morts en faisant don de leur vie, le sacrifice suprême. Allah Akbar, Allah yarham el-chouhada.


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