Un recueil de poèmes, publié en août aux Etats-Unis, donne la parole aux détenus de Guantanamo qui ont transmis à leurs avocats leurs textes parfois écrits avec de la pâte dentifrice ou gravés sur des couvercles de tasses en plastique. Poèmes de Guantanamo. Les détenus parlent rassemble sur 84 pages 22 textes écrits par 17 prisonniers. Quatre ou cinq ont été libérés depuis, mais les autres font encore partie des 375 détenus du camp. La plupart sont retenus depuis plus de cinq ans sans inculpation ni jugement. Le recueil, édité par les presses universitaires d'Iowa, a pu voir le jour grâce à un avocat Marc Falkoff et tous les textes, écrits en arabe et traduits par des traducteurs accrédités auprès du ministère américain de la Défense, ont été «déclassifiés» par le Pentagone. «Amérique, tu caracoles sur le dos d'orphelins/ Et tu les terrorises chaque jour./ Bush, fais attention./ Le monde reconnaît en toi le menteur arrogant», écrit Sami al-Haj, un ancien caméraman de la chaîne d'information arabe, Al-Jazira, encore détenu. «Prenez mon sang, prenez mon suaire et ma dépouille, prenez des photos de mon corps dans sa tombe, esseulé,/ Envoyez-les au monde, aux juges, aux hommes de conscience, aux hommes de principe et aux justes,/ Et laissez-les porter, aux yeux du monde, le fardeau coupable d'une âme innocente», écrit, de son côté, Jumah al Dossari, 33 ans, détenu à Guantanamo depuis cinq ans et qui a tenté de se suicider en prison douze fois.