Artisanat n Ancestral dans cette wilaya, ce tapis est un véritable support historique des valeurs de la région. Des symboles et des images pour les raconter ailleurs. Le tapis de Babar porte le nom de la localité, mais ce joyau de l'artisanat traditionnel réalisé dans toute la wilaya, démontre tout le génie de l'art populaire ancestral. Ce produit traduit la créativité artistique de la tapisserie traditionnelle et la perpétuité du patrimoine conservé par les générations successives. Ce patrimoine matériel, inséparable de son aspect immatériel, est conservé par la tradition orale. Il est orné de motifs portant des significations riches en symboles auréssiens, des lances, des épées, des bijoux et autres signes porteurs de valeurs ancestrales authentiques. Le tapis de Babar est réalisé sur le métier à tisser traditionnel appelé «seddaya» assorti de l'outillage comprenant essentiellement «lekhlala» qui sert à démêler la trame, et d'autres instruments servant à peigner la laine et à la filer (qerdache et meghzel), nous apprend M. Djemouai, artisan accompli de la localité de Aïn Djarbouaâ, ville aux maisons réputées pour être entièrement meublées en tapis somptueux. Autrefois, la coloration de la laine était obtenue à partir de végétaux tels que le henné, l'écorce des racines du noyer, la peau du grenadier. des procédés conservés jalousement de père en fils et de mère en fille, depuis les temps les plus reculés. Les teinturiers se spécialisaient dans la coloration de la laine filée et offraient leurs services aux artisans à domicile et dans les souks. La croyance locale veut qu'une maison doit disposer de tapis pour être digne des ses propriétaires qui voient dans ces produits de l'artisanat, un signe d'aisance, de richesse et de bon goût. Selon une tradition établie, le tapis traditionnel a été introduit depuis l'arrivée des Béni Hillal en Afrique du Nord, au Xe siècle. Il reste que le tapis traditionnel de Babar a acquis une réputation qui a dépassé les frontières nationales, au même titre que le tapis du Djebel Ammour, du M'zab, de Nedroma ou de Tlemcen qui ont brillé dans les plus grandes expositions spécialisées. Le tapis de Babar, en tant que patrimoine authentique et trésor de la culture nationale, mérite d'être valorisé dans le cadre de la relance du tourisme et du développement durable. Les artisans de la wilaya de Khenchela attendent la réalisation d'une maison de l'artisanat traditionnel, inscrite dans le cadre du programme de développement des Hauts-plateaux, elle constituera un espace d'exposition et de commercialisation des produits locaux et un soutien aux activités artisanales professionnelles et domestiques. Les artisans suggèrent, en outre, l'institution d'une journée consacrée à la fête du tapis de Babar.
