Que reste-t-il de l?école, ce temple du savoir et de la morale ? La question n?est pas provocatrice pour un sou. En effet, ce lieu sacré où se transmettent ? en théorie ? les nobles valeurs, qui assurent cohésion et pérennité, est en train d?essuyer les plâtres d?une société en pleine déliquescence. La paupérisation des classes moyennes longtemps symbolisées par l?enseignant, a poussé ce dernier à user de mille et un subterfuges pour assurer sa survie sociale et alimentaire. A l?instar de ce boucher qui arnaque ses clients avec de la viande de bourricot, de tous ces métiers reconnus d?utilité publique, mais pervertis par l?appât du gain facile de leurs titulaires, la noble fonction enseignante n?a pas tardé à suivre le rythme ambiant. C?est un véritable fléau qui s?abat sur les grandes villes du pays, la palme revenant, et de loin, à la capitale, Alger. Les cours de soutien payés cash par des parents, traumatisés par la faiblesse ? avérée ou tout simplement suggérée ? des prestations de l?école publique, se trouvent être la mine d?or où va puiser, sans scrupules, une certaine catégorie d?enseignants. Pas un seul palier ou niveau du système éducatif ne sortira indemne de cette gangrène. On a cru les classes d?examen uniques proies de ce racket, mais non ! La mode a atteint les étudiants habitués au réflexe des cours payants qui les a assistés leur scolarité durant. Ces derniers temps ce sont les élèves de six ans qui prennent connaissance de ce fléau-miracle. Et les parents, non informés, impuissants devant la déferlante, déboursent par devoir, mais aussi par nécessité. La propagande menée de main de maître par des réseaux de rabatteurs et de parrains leur a fait miroiter les bienfaits de cette pratique. Et tête baissée, ils foncent, se saignent jusqu?au dernier sou dans l?espoir de mettre leurs enfants sur l?orbite de la réussite. Mais à l?analyse ce taylorisme pédagogique, pratiqué par des forçats de la salive et de la craie, ne sert qu?à nourrir le rêve des uns et les poches des autres.