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Patrimoine
Publié dans Info Soir le 18 - 12 - 2003

Même au fin fond du pays, l?âme locale a été préservée par les hommes et les femmes, aujourd?hui dépositaires d?une culture méconnue.
Composée sous la forme religieuse, sentimentale et satirique, la poésie populaire en Algérie, fidèle à elle-même, à ses traditions originelles, est restée réfractaire à toute mutation dissolvante. Dans un de ses articles sur la poésie algérienne, l'écrivain algérien, Amar Belkhodja, a souligné ce paradoxe : ceux qui savent écrire s'instruisent auprès de ceux qui ne le savent point.
Dans ce même ordre d'idées, il cite à ce propos l'un des illustres poètes de la région d'El-Bayadh, Mohamed Belkheir qui, selon des données recueillies çà et là, n?aurait fréquenté que peu de temps l'école coranique, et a pourtant admirablement chanté l'épopée des Ouled Sidi Cheikh. Belkheir n'a pas fréquenté une grande école, ce qui ne veut pas dire qu'il était analphabète, et il n'était pas non plus un intellectuel.
Certains poètes du melhoun n'ont pas eu la chance de fréquenter l'école, mais en dépit de ce handicap, ils ont, à travers leurs vers, réveillé des consciences. C'est d'ailleurs dans les villes de l'intérieur qu'on rencontre ces génies qui arrivent à emmagasiner des connaissances enregistrées dans divers milieux et, lorsqu'ils les développent, ils sont qualifiés d'intelligents, de possesseurs de la «hikma», mais pas d?intellectuels.
Le «modernisme», que la colonisation a tenté d'introduire, ne l?a pas emporté sur les traditions et sur le mode de vie des populations.
Dans la région des Hauts-Plateaux et même dans le fin fond du Sahara, l'âme locale a été préservée par ces hommes et ces femmes, aujourd'hui considérés comme dépositaires d'une culture parfois méconnue.
Beaucoup d'écrivains de la colonisation ont redouté les Algériens qui n?ont jamais accepté la condamnation de leur passé, de leur islamité, de leur amazighité et de leur arabité, tout en estimant que seuls les faibles et les médiocres se hâtent de suivre la pente de l?abandon.
Les poèmes de Belkheir (El-Bayadh), Baytar (Brézina), Benguitoun (Biskra), Benkerriou (Laghouat), Ben Brahim (Sidi Bel Abbes), Ben Khelouf (Mostaganem), Ben Messaieb (Tlemcen), pour ne citer que ceux-là, demeurent toujours d'actualité et sont repris sous différentes formes de mélodies.
Chez les femmes poétesses, c'est beaucoup plus des artisanes en tissage qui, face à leur métier, ne manquent pas de transcrire leur culture par des motifs symboliques tissés et par le chant tiré des poèmes. Cheikh Hamza Boubekeur, lui-même natif d'une région berceau de plusieurs poètes dont Mohamed Baytar et Mohamed Belkheir, estime que la poésie algérienne demeurera le miroir des joies et des peines du peuple algérien, la mémoire de ses générations successives, le reflet de ses amours, de ses larmes et de ses refus de reniement de soi-même. S'agissant de Mohamed Belkheir, de la tribu des Rezaygate, il est né présumé au lieudit Oued El-Maleh, entre Aïn Témouchent et Oran, aux environs de 1822, soit quelque temps avant l'invasion française. Le nom de ce poète restera à jamais lié solidement non seulement à la littérature populaire algérienne, mais aussi à la résistance contre l'occupant, dont il ne manquera pas une occasion de stigmatiser les faits et gestes. Dans un écrit dédié au poète, cheikh Hamza Boubekeur regrette que Mohamed Belkheir ne soit pas considéré comme un parangon algérien, mais comme un simple poète local ou encore comme un guerrier nomade.
Et pourtant, encore jeune, Belkheir, qui avait approché quelques medadha (chanteurs) à l'occasion de fêtes, a vite appris la manière et l'importance de la poésie, notamment le cachet sentimental ou sur les personnages de la région. Un jour, alors qu?il chantait un air qui lui plaisait, ses auditeurs lui demandèrent d'opter pour autre chose. «Autre chose ? leur dit-il. Si je me laisse aller, vous seriez tous arrêtés par les roumis et moi avec vous.»
Les plus âgés ont évalué la maturité de leur poète, mais la pression qui pesait sur eux, le régime colonial, ne leur permettait pas de prendre une quelconque initiative. Face aux agissements de l'administrateur, du percepteur et des gendarmes, sa famille déménagea pour s'installer au lieudit Guenater (Les Ponts), toujours dans la région ouest du pays. Tout en étant humble avec les pauvres, il était aussi bon cavalier, préférant mourir en combattant.
D'ailleurs, il s'intéressa au nationalisme et aima la manière par laquelle certaines tribus ? comme celle des Hamza ? optèrent pour le djihad contre le joug colonial.
Mohamed Belkheir fut arrêté une première fois en 1880 alors qu'il avait 58 ans, puis libéré, et une deuxième fois en 1884 après avoir été dénoncé alors qu'il menait une campagne contre le colonisateur.
Lors de cette arrestation, il a passé des moments difficiles durant l'interrogatoire, où il dira à ses bourreaux : «Vous n'avez pas le droit de nous traiter de la sorte. Le fait de venir par intrusion, vous n'êtes pas les bienvenus chez nous.» «Nous allons te montrer qui est le plus fort ici», lui répondra l'officier, qui ordonna son incarcération avant son transfert à Oran, puis en Corse, à Calvi plus exactement.
Sur cette détention Belkheir écrira : «Cette arrestation a trop duré et je ne vois pas sa fin, s'il m'arrive de rire de temps à autre, ce n'est que par nervosité. Si je dois pleurer, je ferai pleurer avec moi ceux qui n?ont jamais versé de larmes.» Selon ses proches, sa libération fut un événement dans la région, mais il ne resta pas longtemps en vie ; il mourut peu de temps après, dans des circonstances qui n?ont jamais été élucidées.


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