Près de 30 ans après les accords de Camp-David, en 1979, Israël ne figure pas sur les cartes et atlas vendus en Egypte, où l'histoire de l'Etat hébreu est certes enseignée dans les manuels scolaires comme une réalité, mais douloureuse. Dans les grandes librairies du Caire, Dar al-Chorouk ou Dar al-Maâref, seul le mot «Palestine» est mentionné pour dénommer Israël et les territoires occupés dans les quatre atlas et six grandes cartes disponibles en arabe. Bravant le tabou, l'Egypte avait été la première à sauter le pas de la reconnaissance d'Israël, suivie par l'Autorité palestinienne, la Jordanie et la Mauritanie, mais non par les autres membres de la Ligue arabe. En feuilletant les atlas historiques défilent les quatre guerres égypto-israéliennes qui se sont enchaînées après le plan de partition de la Palestine entre un Etat juif et un Etat arabe, voté en 1947 par l'ONU. Confectionnées dans d'autres pays arabes ou susceptibles d'y être exportées, les cartes se calquent pour prouver qu'Israël a usurpé la Palestine. «Non, il n'y a pas de cartes avec le nom d'Israël. On s'aligne sur celles du monde arabe, paix ou pas», lance un vendeur dans une librairie du centre-ville. Au nom du refus de la «normalisation», pas de livres israéliens dans les librairies, ni de films, pacifistes ou non, qui forgeraient une «carte mentale» différente de l'autre.