Richesse n Les vestiges et les monuments historiques de grande valeur, demeurent les témoins irremplaçables des différentes civilisations qui se sont succédé sur cette terre. Une recherche historique approfondie sur ces constructions qui forcent encore aujourd'hui l'admiration et le respect, s'avère appropriée pour en pénétrer les secrets et accéder aux clefs du mystère qui habite ces lieux de rêve et de magie. Dar Essoltane, cette œuvre d'art, dont la construction a commencé il y a presque 500 ans sur les hauteurs de la vieille médina (Casbah), surplombe la baie d'Alger offrant, à la vue, un des plus beaux panoramas du monde. Située à 118 mètres au-dessus du niveau de la mer, la citadelle, dernière demeure des deys d'Alger, reste debout comme pour défier les aléas du temps et l'érosion qui la gangrènent. Le visiteur de ce lieu est agréablement surpris par ses pavillons richement décorés, ses couloirs sculptés, ses salles parées de luxe et ses piliers couverts d'ornements. En déambulant dans cet espace, traversant les siècles, vous voilà plongé dans l'ère ottomane risquant presque, à chaque instant, de rencontrer le Dey Hussein ou le Dey Khodja Pacha qui ont gouverné Alger avant 1830. Une sensation agréable vous envahit en pénétrant l'aile réservée au Dey sentant presque sa présence assis sur son trône. La stature haute, le Dey se tiendrait là avec son allure de chef expérimenté et de militaire aguerri. Son imposante personnalité a également fait de lui un monarque hospitalier et généreux, un homme de foi et d'une grande noblesse d'âme. Vie de palais, vie de faste et de luxe. L'aile réservée aux femmes réveille des images d'élégance et de raffinement. Les personnages des contes des Mille et une nuits semblent encore se mouvoir dans ces espaces, ombres furtives et fantomatiques qui ont, des siècles durant, occupé ces salles et autres chambres aux rideaux de soie et aux lourdes tentures de velours. L'imagination du visiteur le portera aussi vers ces femmes de toute beauté parées de bijoux sertis d'émeraudes, de perles et de diamants d'où fusent des parfums, essences d'ambre, de musc, de chrysanthème et de narcisse. On peut aisément imaginer les longues soirées d'été juste interrompues par une brise légère venue de la mer toute proche. Nonobstant le bruit des travaux en cours et l'état de décrépitude des lieux, on peut presque, en empruntant les longs couloirs, sentir les parfums de fleurs qui embaumaient l'espace et l'odeur envoûtante de l'encens. Vêtues de kaftan, de saroual, de bedroun de satin et de soie de Chine, les femmes sont là, regroupées autour de tables basses d'ébène du Soudan incrustées de nacre, sirotant le thé et goûtant les mets les plus délicats et les confiseries les plus fines faites d'amande, de pistache, de noisette et de miel pur. Les servantes assises dans un des coins de la pièce, éventail à la main, attendent les ordres de leurs maîtresses pour que leur parvienne un peu de fraîcheur en ces chaleurs étouffantes. Des suivantes jouent des airs musicaux légers et reposants à l'image de ces après-midi qui semblent se prolonger indéfiniment. De temps en temps, des chants fusent, authentiques et agréables mélodies, témoin d'une grande sensibilité et d'une culture riche et séculaire.