Résumé de la 2e partie n Ziolkowski s'installe près des «Collines noires» et entreprend, avec ses propres moyens, la sculpture de «Cheval noir»... Désormais dans les Collines noires, en plein cœur de I'Etat du Dakota du Sud, notre homme met à sonner son réveil à quatre heures. Chaque jour, a cette heure matinale, ce grand gaillard quitte son lit inconfortable, revêt une combinaison encore pleine de taches, glisse ses pieds dans des chaussures à épaisses semelles de crêpe. Il décroche une veste de daim trouée pendue à la patère, et il sort. Au-dehors, une vieille jeep l'attend. C'est l'heure de la traite des vaches et, à un demi-kilomètre de là, une trentaine de ruminants attendent déjà que le fermier branche la trayeuse électrique. Il faut traire ces bonnes bêtes et il faut aussi nourrir les trois taureaux qui permettent de renouveler le cheptel. Il y a aussi un étalon palomino. Puis notre homme rentre chez lui : son épouse est levée, elle aussi, et le café, les œufs et le bacon sont prêts pour le petit- déjeuner. A sept heures pile, Ziolkowski, convenablement restauré, reprend sa voiture. Cette fois il ne se dirige plus vers l'étable, mais vers la montagne toute proche, au pied de laquelle on peut apercevoir une petite cabane en planches. Il entre dans la cabane, actionne un commutateur électrique. A présent, il se dirige vers la paroi très escarpée et commence à monter en utilisant les marches qui sont creusées à même la montagne. De loin en loin, des tiges d'acier plantées dans la roche permettent à notre grimpeur de s'assurer au fur et à mesure qu'il avance. Jusqu'à ce qu'il parvienne à une plateforme à peu près nivelée, qui mesure cinquante mètres de long sur trente de large. Le fermier installe une foreuse à air comprimé et la met en route. Seul le bruit saccadé de l'engin trouble le silence de la montagne et de la vallée, bien plus bas. Certains jours, il semble qu'on l'entend jusqu'à la ville de Custer... Après avoir gravi toutes les marches qu'il a creusées, il lui faut forer des cavités d'environ cinq mètres de profondeur. Dans ces cavités nouvelles, il enfonce une trentaine de cartouches de dynamite. A midi pile, l'explosion ébranle la montagne. Ziolkowski n'est plus seul. Sur la plate-forme d'observation qu'il a installée, des touristes – souvent nombreux – regardent deux cents tonnes de montagne qui s'écroulent. Il faut dire que le projet rencontre désormais des sympathisants ; les visiteurs mettent la main à la poche ; chèques et dollars s'accumulent pour aider l'opiniâtre sculpteur à réaliser son rêve et celui des Sioux. D'autant plus que ce chantier insensé apporte une prospérité nouvelle à la petite ville de Custer, toute proche : on construit des motels... Notre sculpteur polonais poursuit son œuvre. Pendant toutes ces années, il n'aura jamais besoin de distraire un seul des dollars versés par les visiteurs. Il entretient sa famille uniquement avec les revenus de son élevage de bétail. Mais il ne pourra achever son monument. Les têtes gigantesques du mont Rushmore mesurent soixante-treize mètres de haut. Le Cheval fou resté inachevé aurait dû atteindre une hauteur de cent soixante-douze mètres entre la base et la plus haute plume qui devait coiffer l'indien.