Suspense n Le Werder Brême, perdu dans le ventre mou de son championnat, défend l'honneur de la vieille Europe en finale de la Coupe de l'Uefa, ce mercredi, à Istanbul face aux «nouveaux riches» et ambitieux ukrainiens du Shakhtar Donetsk. Pour sa dernière édition, avant sa transformation en Europa League, la Coupe de l'Uefa s'est offert une finale qui synthétise la redistribution des cartes du football européen en cours depuis le début des années 2000. D'un côté, le Werder Brême, club historique d'un football allemand réduit au rôle de figurant en Ligue des champions face aux premiers rôles venus d'Espagne et d'Angleterre. De l'autre, le Shakhtar Donetsk qui, avec les millions de son richissime président Rinat Akhmetov et son stade ultramoderne, veut s'inviter au plus vite dans la cour des grands. Mais avant d'être une leçon de géopolitique footballistique, le rendez-vous d'Istanbul est avant tout une alléchante opposition entre deux équipes au penchant affirmé pour l'attaque. Si le Werder est passé complètement à côté de sa saison en Bundesliga (10e avant la dernière journée), elle reste dans un bon jour l'une des équipes les plus séduisantes d'Europe. Pour parvenir en finale, les Brêmois, «recalés» de la Ligue des champions comme le Shakhtar, ont fait chuter l'AC Milan, une autre équipe italienne moins huppée, l'Udinese, les Français de Saint-Etienne, puis leurs compatriotes de Hambourg, sans perdre une seule fois à l'extérieur. «Pour gagner une finale, il faut un état d'esprit particulier et cette équipe a démontré cette saison qu'elle l'avait», insiste son directeur sportif Klaus Allofs qui, avec Thomas Schaaf, avait remporté comme joueur le seul titre européen du Werder, la défunte C2 en 1992, face à Monaco (2-0). «Nous avons fait un tel chemin et franchi tant d'obstacles pour en arriver là que nous ne pouvons que gagner ce trophée», a espéré Schaaf. L'entraîneur allemand est privé de trois joueurs importants : le défenseur Per Mertesacker, blessé, l'attaquant portugais Hugo Almeida et, plus grave, son maître à jouer brésilien Diego, suspendus. Les improvisations brésiliennes viendront de Fernandinho, Ilsinho, Jadson et Adriano, dépositaires du jeu offensif des «Mineurs» de Donetsk. «Notre style de jeu repose sur la qualité individuelle de nos joueurs et nous voulons tout faire pour contrôler la rencontre», a prévenu Mircea Lucescu qui, depuis 2004, a enlevé trois titres de champion et une Coupe d'Ukraine. Pour s'assurer le soutien du Sükrü-Saracoglu-Stadium, le technicien roumain a rappelé «son amour pour Istanbul» après quatre années à Galatasaray. Le président du Shakhtar, l'une des plus grosses fortunes au monde, rêve de rejoindre le gotha européen. Son équipe lui a déjà offert le scalp du FC Barcelone (3-2) lors du dernier match de poules de la Ligue des champions, il est vrai sans enjeu pour le Barça. La C3 n'est donc qu'une étape mais permettrait au Shakhtar d'offrir à l'Ukraine son premier titre européen depuis l'effondrement du bloc soviétique et ferait oublier pour un temps une préparation de l'Euro-2012 bancale côté ukrainien.
