L'Union européenne va, à partir de mercredi prochain, taxer très sévèrement les producteurs argentins et indonésiens de biodiesel accusés de vendre à perte, afin de protéger sa propre filière. L'Argentine, premier producteur mondial de biodiesel qui vendait 90% de sa production à l'UE, a dénoncé une «mesure absolument arbitraire» et assuré que son industrie est menacée d'effondrement. L'UE est «ouverte» aux exportations argentines et indonésiennes, mais «nous ne devons pas rester les bras croisés et tolérer des distorsions», concernant les matières premières, a déclaré jeudi dernier, John Clancy, le porte-parole du commissaire en charge du Commerce, Karel De Gucht. Les Européens se sont mis d'accord en début de semaine pour appliquer des taxes antidumping d'environ 24,6% sur le biodiesel argentin et de 18,9% sur le biodiesel indonésien, comme l'avait préconisé la Commission européenne au terme d'une enquête longue de 15 mois. Ces mesures entreront en vigueur pour une durée de cinq ans. «Nous pouvons désormais être rassurés : le secteur de l'énergie verte (en Europe) n'est pas menacé et va continuer à se développer», a affirmé Clancy, cité dans un communiqué. Dénonçant une mesure protectionniste, Buenos Aires compte porter plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dès l'entrée en vigueur des taxes antidumping menaçant dangereusement cette industrie. Le président de la Chambre argentine des biocarburants (Carbio), Luis Zubizarreta, s'est élevé contre «une mesure totalement arbitraire». «Non seulement elle porte préjudice à notre industrie qui est efficace et compétitive, avec des prix attractifs, mais elle fera que les Européens paieront plus cher leur diesel», a-t-il tempêté. La Commission avait imposé des taxes provisoires dès le printemps pour les importations de biodiesel d'Argentine et d'Indonésie, affirmant qu'ils vendaient leur production en dessous du prix de revient. Une décision qui a fait chuter les exportations de l'argentines de 75% par rapport à 2012, selon la filière. Pour l'UE, la seule chose qui compte, «c'est la protection d'une industrie surdimensionnée et incapable d'affronter la concurrence», avait dénoncé le mois dernier le ministère argentin des Affaires étrangères. La production de biodiesel, dans le port de Rosario sur le fleuve Parana, a débuté en Argentine dans les années 2000 et a atteint un pic en 2011, avec 1,8 milliard de dollars d'exportations. L'Argentine fabrique son biodiesel à base d'huile de soja et devance sur le marché mondial l'Indonésie et la Malaisie qui élaborent un biodiesel à base d'huile de palme. R. E. Irak : les exportations de brut sont en hausse mais restent faibles Les exportations de pétrole de l'Irak ont augmenté en octobre mais demeurent faibles en raison des travaux de maintenance et des sabotages d'oléoducs, selon un communiqué du ministère du Pétrole diffusé samedi dernier. L'Irak a exporté 69,8 millions de barils de pétrole en octobre, soit 2,25 millions de barils par jour (mbj), générant des recettes de 7,16 milliards de dollars (5,28 milliards d'euros). Ce chiffre constitue une hausse par rapport à septembre (2,07 mbj), où les exportations avaient enregistré leur baisse la plus importante en 19 mois. Il reste cependant en dessous des 2,62 mbj exportés en avril. «Il y a eu une augmentation du montant de la production comparé à septembre, malgré des travaux d'entretien continus dans les terminaux du Sud et la suspension à plusieurs reprises du pompage sur l'oléoduc Kirkouk-Ceyhan (dans le Nord) en raison d'actes de sabotage», a indiqué le ministère. Le gros des exportations de brut de l'Irak se fait via ses terminaux du Sud, près du port de Bassora, mais une importante quantité est également acheminée via l'oléoduc reliant la ville de Kirkouk au port turc de Ceyhan. Des travaux d'entretien ont lieu depuis plusieurs semaines dans ces terminaux, et l'oléoduc dans le Nord a été attaqué plusieurs fois par des insurgés, entraînant une suspension du pompage, comme le 2 novembre. Les ventes de brut représentent 95% des revenus du gouvernement et près de deux tiers du PIB. Les responsables irakiens souhaitent que la production atteigne neuf millions de barils par jour d'ici à 2017, un objectif trop optimiste selon le Fonds monétaire international (FMI) et l'Agence internationale de l'énergie (AIE). R. E.
