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L'adieu à Mustapha Zitouni
Hommage
Publié dans La Tribune le 08 - 01 - 2014

Il y a un peu plus de deux ans, j'avais rencontré l'immense Rachid Mekhloufi pour évoquer avec lui l'équipe du FLN 1958. Une équipe composée de joueurs franco-algériens de D1 et D2 française partis dès le 13 avril 1958 à Tunis rejoindre le Gpra, le gouvernement provisoire d'une Algérie pas encore indépendante. Ce «Onze de l'Indépendance» représenterait un Etat en gestation, du fait que l'Algérie était encore colonie française. Parmi tous ces cracks algériens, trois joueurs étaient susceptibles de jouer en juin 58 la Coupe du Monde en Suède avec l'équipe de France : Abdelaziz Bentifour (Milieu de l'AS Monaco), Rachid Mekhloufi (attaquant de l'ASSE) et le libéro de l'AS Monaco Mustaphe Zitouni. Ces deux derniers avaient été présélectionnés pour le Mondial... Rachid m'avait donc parlé de ces Bleus 58 : «On m'a souvent demandé si avec Ben Ttifour et moi la France aurait pu battre le Brésil en Coupe du Monde 58... Je crois que noooon. Tout ça c'est des spéculations. (Rires) On aurait peut-être apporté un plus. C'était quand même une très belle équipe de France : Kopa, Fontaine, Piantoni... C'était le top des tops. Mais il y avait des matchs où on aurait peut-être pu intégrer Zitouni, il avait sa place : il était titulaire, il avait joué contre l'Espagne au Parc des Princes, c'était magnifique. Jonquet était un peu en fin de parcours.» L'hommage à Mustapha Zitouni a jailli
naturellement. Et comment ! Le 13 mars 58, Mustapha dispute son 4e match international contre l'Espagne au Parc des Princes. En face : la paire atomique Di Stéfano-Kubala.
L'équipe saluera sa brillante performance au terme d'un match splendide (2-2) : il réussit à museler, avec son compère axial J-J Marcel, le grand Alfredo du Real !
À bientôt 30 ans, Mustapha est au sommet de sa carrière : patron de la défense monégasque, il est en passe de reléguer sur le banc le grand Robert Jonquet, axial du grand Stade de Reims et capitaine des Bleus. Mieux ! Rachid Mekhloufi racontera que juste après ce match contre l'Espagne au Parc, «le président du Real Madrid, Santiago Bernabéu, s'était présenté à lui à la sortie des vestiaires et lui avait proposé un chèque en blanc pour rejoindre le Real. Contre l'Espagne, il avait complètement étouffé Alfredo Di Stéfano, meilleur attaquant au monde à l'époque. Le patron du Real a estimé qu'un défenseur qui réussit à museler son meilleur joueur mérite de jouer pour son équipe.» Un autre compère du «Onze du FLN», Ammar Rouaï, corroborera cette proposition madrilène en ajoutant que Di Stéfano lui-même avait aussi approché Zitouni pour tenter de le convaincre de venir au Real Madrid «Jouer dans la meilleure équipe au monde», comme il le lui répétait.
Ce à quoi Mustapha Zitouni lui répliqua : «Ne vous en faites pas, je vais bientôt jouer dans la meilleure équipe au monde.»
Et si Mustapha avait été là ?
Car dans sa tête, le choix de Mustapha était déjà fait : il avait déjà donné son accord au pacte ultra secret qui verrait bientôt tous les cracks franco-algériens de D1 et D2 quitter la France pour Tunis à partir du 13 avril... Le match contre l'Espagne fut son dernier en Bleu. De nouveau sélectionné pour le dernier match précédant la Coupe du Monde, le 16 avril face à la Suisse, il préféra s'éclipser. L'hommage de Mekhloufi n'en fut que plus solennel : «Pour l'Algérie, il avait renoncé à une Coupe du monde où il allait être titulaire avec la France et avait même décliné cette offre du Real Madrid. Il a refusé, préférant défendre la cause de l'Algérie combattante. Voilà un vrai geste patriotique.» Le départ de ces footballeurs algériens provoquera un coup de tonnerre politico-sportif dans la France coloniale de la IVe République agonisante... Le dimanche 13 avril 1958, le FLN réussit un coup de maître : la sale guerre d'Algérie occultée par les autorités françaises, et malgré les centaines de milliers d'appelés envoyés là-bas depuis 1956, explose à la figure du peuple français. Car en France, la dénomination officielle de «Guerre d'Algérie» attendra 1959... La fuite organisée de joueurs connus et admirés pour la cause de l'indépendance algérienne lui fait mieux prendre conscience du conflit qui se déroule de l'autre côté de la Méditerranée. La Coupe du Monde en Suède va démarrer le 11 juin et les Bleus seront amputés de trois très bons joueurs : Mekhloufi, Bentifour et Zitouni. C'est surtout contre le Brésil, en demies (2-5), qu'on regrettera l'absence de Zitouni : Robert Jonquet (33 ans), victime d'une fracture au péroné sur un tacle de Vava, jouera le match sur un jambe.
À l'époque, il n'y avait pas de remplacement possible en cours de match et face à une Seleção déjà monstrueuse, les Bleus jouèrent pratiquement à 10 contre 11... Mais comme l'a rappelé le sage Rachid Mekhloufi, on ne refait pas l'Histoire. Rachid, Mustapha et tous ceux du Onze du FLN s'étaient envolés vers d'autres cieux, vers une autre grande aventure politico-sportive... Entre avril 1958 et novembre 1960, ils seront 32 joueurs à avoir quitté la France et son championnat, partis rejoindre cette «équipe du FLN» (Front de Libération Nationale).
Ils se feront ambassadeurs en crampons de la République algérienne en gestation en participant à des tournées mondiales. Non reconnue par la FIFA, cette sélection jouera essentiellement des matchs dans les «pays frères», socialistes d'Europe de l'Est et d'Asie, ainsi que du Maghreb. C'est contre ces pays d'Europe de l'Est que l'équipe du FLN démontrera des qualités footballistiques de haut niveau, au point de battre la grande Yougoslavie 6-1 à Belgrade en mars 1961. Une formation algérienne de fins techniciens avec derrière, quand il fallait aller au charbon, ceux que Mekhloufi appelait affectueusement «les costauds et les cisailleurs». Dont Zitouni (90 capes avec le Onze du FLN)... De 1958 à 1961, les diplomates du ballon rond disputeront 91 matchs, pour 65 victoires, 13 nuls et 13 défaites.
Monsieur football
À l'indépendance, en juillet 1962, Mustapha Zitouni avait atteint la limite d'âge l'empêchant de revenir jouer en pro en France, à la différence d'autres compagnons. Tel Rachid Mekhloufi, revenu à Saint Etienne en 1963 : «Je m'étais toujours mis à la place de Ben Tifour ou de Zitouni qui étaient plus âgés que moi. Ça a dû être dur pour eux. Moi, j'avais 22 ans en 1958, j'avais espoir de repartir rejouer en France après la guerre. Pas eux... Leur sacrifice était plus grand de leur part, vu qu'en 1962, ils étaient trop âgés pour revenir jouer en France. Ceci dit, le mot «sacrifice» n'est pas le terme exact : le vrai sacrifice ce sont les gens qui sont morts. Notre sacrifice était beaucoup plus «matériel» qu'autre chose. Mustapha poursuivit donc sa carrière au RC Kouba. Un club d'Alger, sa chère ville natale où il avait débuté en amateur...
Car c'est à l'Association sportive de Saint-Eugène (première division du championnat d'Alger) que le jeune défenseur plusieurs fois retenu dans la sélection du département d'Alger s'était fait remarquer. Arrivé en Métropole à Cannes en 1953, il avait connu donc tardivement le professionnalisme à 25 ans. Mais en 1954, l'AS Monaco s'était littéralement jetée sur ce joueur alliant rigueur et puissance. Un des précurseurs de la défense moderne «en zone», il possédait un fantastique coup d'œil qui lui permettait d'anticiper sur de nombreuses actions et un placement hors pair qui lui permettait de ne pas courir dans le vide.
À l'ASM, il avait brillé pendant quatre saisons et gagné fin 1957 sa première sélection en équipe de France A (4 capes au total).
Au RC Kouba, il sera joueur-capitaine et entraîneur, se distinguant encore au point de jouer en équipe d'Algérie devenue indépendante (l'équipe d'Algérie a dû attendre 1963 pour être reconnue par la Fifa). Il dispute 7 matchs en sélection en 1963-64, dont un historique Algérie-RFA (2-0 !) à Alger le 1er novembre 1964, date anniversaire du soulèvement de 1954... Mustapha a raccroché en 1967, à 39 ans. Il coachera un peu en Algérie et en Libye puis s'installera à Nice où il travaillera pour la compagnie aérienne algérienne Air Algérie. C'est à Nice qu'il est décédé ce dimanche, sur cette Côte d'Azur qui lui avait tant apporté, à Cannes et à Monaco...
Surnommé «Monsieur football», il fut tardivement honoré lors de la cérémonie du Ballon d'Or algérien 2013. Lauréat au même titre que Rachid Mekhloufi et Ahcene Lalmas, d'un titre symbolique de Ballon d'Or des années 60. Malheureusement, sa maladie l'avait empêché d'être à Alger pour se faire remettre ce prix.
Outre le grand footballeur qu'il aura été, on retiendra donc avant tout l'histoire exemplaire d'un homme qui avait choisi de quitter son pays d'adoption en sacrifiant sa jeunesse et une fin de carrière prometteuse. Il avait toujours justifié son engagement politique avec ces simples mots : «J'ai beaucoup d'amis en France, mais le problème est plus grand que nous. Que faites-vous si votre pays est en guerre et que vous êtes appelé ? »
C.G
* In So Foot


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