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La violence tend à s'imposer comme une fatalité
Banalisée dans un contexte social et économique incertain
Publié dans La Tribune le 12 - 04 - 2014

La violence fait partie de la nature humaine, tout autant que la sociabilité. Lorsque les conditions de cette sociabilité ne garantissent pas une cohabitation pacifique entre tous les individus et les groupes qui composent une communauté, ce sont les graines de la violence qui sont semées avant de germer. Tant que la violence est l'expression isolée d'un individu -ou d'un groupe réduit- qui se sent exclu, lésé ou qui rejette les règles régissant le fonctionnement et les relations communautaires, la situation reste gérable.
Dès lors que la communauté fait face à des foyers de violence chronique motivée par plusieurs facteurs comme l'injustice, le népotisme, l'oppression, l'absence de droit..., ce sont les fondements même de la communauté qui sont menacés. Pour les sociologues, la forte urbanisation complexifie la cohabitation des contradictions sociales. Lorsque les responsables à tous les niveaux, échouent dans la gestion de ces contradictions, c'est la violence qui sévit comme recours naturel.
Les mutations qu'a connues l'Algérie indépendante, ont généré des contradictions profondes et des contextes socioéconomiques générateurs de violences dont les natures sont multiples.
La société algérienne qui était au lendemain de l'indépendance majoritairement rurale, encadrée par les structures tribales, régie par les règles séculaires de la solidarité et d'entraide où l'individu se noie dans la communauté qui le sécurise et le protège. Les conditions sociales ont provoqué un mouvement migratoire massif, étalé sur plusieurs années, des campagnes vers les villes déjà surpeuplées et sous équipées, créant ainsi une promiscuité intenable dans tous les espaces.
Ce déracinement est en soi un traumatisme culturel et psychologique qui entame la confiance en soi et favorise la haine de soi, de son passé et de ses origines rurales. La violence n'est-elle pas l'expression d'une haine de soi qui se transforme par une haine de l'autre et de ce qu'il représente ? Dans la campagne, l'individu faisant partie d'un corps social, n'est pas anonyme, disposant de repères clairs, jouant un rôle bien défini à son profit et au profit de sa communauté.
En ville, c'est souvent le contraire.
La difficulté d'intégration sociale, nourrit le sentiment d'exclusion, de marginalisation, ce qui produit chez l'individu des attitudes belliqueuses et des réactions violentes à l'égard de ceux qu'il considère ses adversaires. Le développement anarchique des villes algériennes et même des villages, a favorisé la constitution de foyers de violence qui s'étendent dans l'espace et le temps pour se transformer en phénomènes sociaux et en objet d'études sociologiques.
L'école, prolongement de la rue
Les études visant à cerner le phénomène de la violence sont légions. Il s'agit pour Houari Addi, sociologue de renom, non pas de juger les individus et les groupes violents, «de comprendre comment la vie sociale arrive à produire ce qui la nie puisque partout la violence est condamnée par l'opinion publique». C'est que la compréhension du phénomène de la violence sur le plan théorique n'est pas une tâche aisée. L'équipe de recherche que pilote le professeur Addi, a limité son travail à la violence urbaine qui n'est qu'un aspect de la
violence sociale. Toutefois, même cette délimitation méthodologique n'est pas exempte d'un certain questionnement ne serait-ce que par le diagnostic de cette violence...Est-elle «nouvelle» et «urbaine» uniquement parce que ses formes sont plus spectaculaires et violentes par rapport aux formes de la violence des «anciennes générations» ? Les villes sont confrontées à de nouvelles formes de violence qui inquiètent tant la population que les autorités. La vie sociale engendre la violence. Du fait que les ghettos, les bidonvilles et l'habitat précaire en général, abritent des groupes sociaux «marginaux» qui vivent d'activités illégales liées souvent à la violence, et que les inégalités sociales génèrent des tensions. Certes, les Algériens ne sont pas plus violents que les autres peuples, mais des conditions historiques, politiques et socio-anthropologiques se sont réunies pour faire de la violence urbaine un
phénomène social caractérisant la vie urbaine de tous les jours, indiquent les organisateurs dans leur argumentaire. «Les agressions dans la rue, les effractions d'appartements, le vol à la sauvette sont devenus une banalité», remarque Addi qui procède par un raccourci qui ne peut se justifier (on le suppose) que parce que le groupe de recherche n'est qu'aux premières confrontations de ses résultats d'enquête. En effet, le postulat de départ pour l'équipe peut susciter une interrogation : «Tout est violence en ville.» Le dire c'est aller vite en besogne, même si les variables pour étayer pareille assertion peuvent se décliner à «l'infini». Ce qui est paradoxale, c'est la violence dans les écoles qui a pris des dimensions dramatiques ces dernières années. Pourtant, en théorie, et contrairement à la rue, les élèves ne sont pas anonymes, sont encadrés et soumis à des règles comportementales et relationnelles. A moins que l'école algérienne soit complètement travestie au point de devenir le prolongement de la rue qui a déjà abrogé par la force des choses le règlement qui le régissait, aboli l'autorité morale des notables et de l'Etat et a imposé ses propres règles, son propre langage. La violence dans l'enceinte scolaire n'est plus cette querelle entre gamins qui veulent s'affirmer, séduire. Il s'agit de bagarres rangées entre bandes rivales, d'agressions contre l'encadrement pédagogique et administratif. Entre la rue et l'école, les murs sont virtuels.
Les responsabilités sont diffuses
La déstructuration du modèle traditionnel n'a pas été compensé par une organisation moderne qui prenne en compte les mutations sociologiques post-indépendance. L'urbanisation effrénée et anachronique a favorisé l'individualisme au sens négatif, l'éclatement de la cellule familiale et la perte des repères et des valeurs auxquels s'identifiaient l'individu et la communauté. Les bandes organisées se multiplient dans les grandes villes et se disputent le contrôle des quartiers comme espace de prédation où elles imposent leur diktat aux citoyens paisibles en l'absence d'une puissance publique efficace capable de les mettre hors d'état de nuire.
Ce phénomène prend de plus en plus d'ampleur et menace la sécurité et la tranquillité légitime des citoyens. Des cas d'attaques de ces bandes sont signalés dans différentes agglomérations à forte concentration. Ces groupes sont constitués de jeunes adolescents dirigés par d'anciens bagnards qui n'ont plus rien à perdre, dans le but d'attaquer des gens sans défense pour leur subtiliser des effets de valeur, distribuer et vendre de la drogue, braquer des automobilistes y compris sur les grands axes routiers et parfois entrer dans de vraies guerres de gangs. L'insécurité s'est donc installée dans certains quartiers de grandes villes menaçant ainsi la quiétude des citoyens et des
commerçants. Plusieurs paramètres objectifs ont favorisé la recrudescence de la violence urbaine. En premier lieu, le sentiment d'exclusion et de marginalisation que ressentent des familles et des jeunes pousse ces derniers à s'imposer à leur manière et à arracher par la violence les moyens de leur subsistance. En second lieu, la démission de la famille, de l'école et le recul de la solidarité active de la société transforme la rue en un espace d'expression des personnalités asociales, agressives et amorales. En troisième lieu, la période du terrorisme a développé des comportements violents qui n'ont jamais été pris en charge par les institutions publiques habilitées, ce qui a complètement chamboulé le système des valeurs. En quatrième lieu, la prédation économique et le gain facile qui a caractérisé un grand nombre de responsables locaux et nationaux a encouragé des jeunes sans perspectives à recourir à la violence comme unique moyen de s'offrir ce auquel ils ne peuvent accéder légalement. En cinquième lieu, les déperditions scolaires jettent les adolescents à la rue, compliquant ainsi les problèmes sociaux des familles, alors qu'aucune prise en charge de ces dizaines de milliers de jeunes n'est à l'ordre du jour, d'autant que les activités sportives, culturelles et ludiques de masse sont inexistantes dans la majorité des villes et des quartiers. Enfin, certaines autorités semblent s'accommoder de cette violence non revendicative, et sans objectif politique, contrairement aux émeutes motivées par des revendications sociales. Cet état de fait est exacerbé par la profusion d'espaces de non droit où la puissance publique est inexistante. Si le malaise social peut expliquer ce recours systématique à la violence, y compris dans les stades, rien ne justifie l'absence de l'Etat et de ses structures chargées de l'ordre et de la sécurité des citoyens.
Pour Houari Addi, «l'une des raisons de cette violence généralisée est l'extension de la pauvreté et la rareté des ressources, enjeu de survie pour de
nombreux groupes sociaux. Des scènes inédites marquent désormais les paysages urbains où des femmes avec nourrissons dans les bras dorment dans les rues, des enfants âgés entre 5 et 15 ans errent en groupes à la recherche de nourriture et d'abri, des mendiants par dizaines arpentent les trottoirs... Tout cela dans l'indifférence d'une population qui semble accepter avec fatalité une situation où l'individualisme exacerbé fait des ravages, y compris dans les relations familiales. Il n'est alors pas étonnant que la violence soit une ressource à laquelle certains ont recours pour se protéger ou se procurer ce dont ils ont besoin. Les agressions dans la rue en plein jour, les effractions des appartements, le vol à la sauvette dans les lieux publics... sont devenus une banalité désormais intégrée dans la vie quotidienne. Pour sortir de nuit, il vaut mieux être en groupe et éviter les endroits non éclairés. Les autorités y répondent par la répression, entassant de plus en plus de personnes dans des
prisons déjà surpeuplées, secouées de temps à autre par des mutineries
rapportées par la presse».
A. G.


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