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Des familles contestent et veulent plus
Opération de relogement à Bologhine
Publié dans La Tribune le 12 - 08 - 2014

Dimanche 10 août 2014. Le quartier de Bologhine en cette journée caniculaire semble ordinaire et les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes, sauf les membres de nombreuses familles concernées par l'opération de relogement suite au séisme qui a frappé la commune qui se «sont sentis lésés et trahis par les autorités à charge de leur dossier».
Ces familles qui devaient être transférées dans leurs nouveaux logements dans la nuit de samedi à dimanche ont refusé de quitter leur quartier. Et pour cause : certaines d'entres elles disent ne pas être déclarées sinistrées et leurs logements ne menacent aucunement ruine et elles en sont propriétaires. D'autres, par contre, refusent d'habiter dans des F3 car leurs membres sont très nombreux et mariés pour leur majorité. Les histoires sont différentes et elles méritent d'être écoutées et méditées.
A travers elles c'est sans doute le calvaire de nombreuses familles algériennes qui souffrent en silence pendant que beaucoup d'autres profitent de la situation.
La première famille à laquelle nous avons rendu visite est celle de Khalti Z'hor. Elle est composée de 10 enfants dont la majorité vit à l'étranger. Cette famille ne veut pas être relogée car sa maison est intacte et n'a subi aucune fissure des suites du séisme. Nous montrant son acte de propriété, Khalti Z'hor nous fait faire un tour à travers sa maison qui est très spacieuse et donne sur la mer.
D'une belle bâtisse à un F3 ?
D'un simple cabanon acheté dans les années 60, cette famille a pu avoir un permis de construire pour aménager plus d'espace. Du coup, une nouvelle bâtisse a été érigée pour contenir tous ses enfants. Aujourd'hui, l'appartement possède 4 salles de bain, 4 cuisines, de nombreuses chambres et une cour. «Comment voulez-vous que je quitte ma maison avec un acte de propriété pour aller habiter dans un appartement F3 et de surcroît un loyer à payer», s'interroge Khalti Z'hor qui n'a pas laissé un coin sans nous le montrer. Les salles de bains toutes en faïences, les couloirs et escaliers en mosaïque sans compter les vues imprenables sur la mer, depuis les fenêtres des chambres ! Cette dame qui vient de perdre un enfant de 41 ans des suites d'un cancer n'a pas encore pansé sa blessure que voilà que la décision de la déloger lui tombe sur la tête, en plus, en l'absence de ses enfants qui sont presque tous à l'étranger. Fort heureusement que deux d'entre eux ont pu venir porter assistance à leur mère, d'autant que leur père Ami Aïssa, amoindri depuis la mort de son fils, se sent désarmé. Leur nouvelle maison «est construite en dur depuis seulement 15 années et elle est solide. La preuve, elle ne porte aucune trace du séisme»,
disent-ils. Ils ne comprennent pas pourquoi les autorités à charge de l'opération de relogement veulent les transférer coûte que coûte dans un autre site, alors qu'il y a beaucoup d'autres sinistrés qui attendent leur tour. En tous cas Khalti Z'hor, et ses enfants ne veulent pas quitter leur habitation mais se disent prêts à négocier. «S'il s'agit d'un projet qu'ils ont en tête dans le quartier, ils n'ont qu'à nous le dire clairement, nous sommes prêts à discuter avec eux», nous dit l'un des fils de Khalti Z'hor. Mais, poursuit-il, «s'ils doivent nous transférer dans un autre site, nous demandons à ce qu'on nous dédommage avec l'équivalent de nos biens que nous avons acquis à la sueur de notre front depuis 50 ans».
Pour sa part, Khalti Yamina nous dit qu'elle habite dans sa maison depuis 50 ans et qu'elle l'a aménagée autant que possible pour contenir tous ses enfants.
Elle se sent trahie par les autorités concernées qui lui «ont fait signer un papier» pour être transférée dans un appartement F3, elle et son fils marié et ses enfants. «Au départ, ils nous ont fait croire qu'on allait avoir deux logements, un pour moi et mes autres enfants qui sont à l'étranger et un pour mon fils marié qui continue à vivre avec moi», explique notre interlocutrice visiblement encore sous le choc. «Je vous assure que j'ai travaillé dur pour améliorer les conditions de vie de mes enfants», nous confie Khalti Yamina qui nous fait faire le tour de sa maison pièce par pièce. Spacieuse, cette bâtisse ne porte également pas de trace de séisme tout comme celle de Khalti Z'hor, et en plus elle donne sur la mer.
«J'aurais accepté de déménager si on nous a attribué deux F3, un pour moi et un autre pour mon fils marié. Je ne parle pas de ceux qui sont à l'étranger, ils pourront se débrouiller mais à leur venue ils trouveront la maison de leur mère toujours ouverte», dit-elle. «Mais maintenant qu'ils veulent nous entasser dans un F3 je refuse de sortir et je demande une expertise pour évaluer mon bien», ajoute-t-elle. Les signes de la fatigue se lisent sur le visage de cette dame tout comme les autres membres de sa famille et des autres familles auxquelles nous avons rendu visite. «Ils nous ont eu, nous avons passé 3 jours à attendre ce déménagement jour et nuit croyant qu'on aurait notre droit, finalement c'est peine perdue», soupire Khalti Yamina. Son fils qui venait de revenir du commissariat de police nous a expliqué qu'un recours sera déposé pour que la famille soit rétablie dans son droit. C'est le cas notamment pour toutes les autres familles concernées qui contestent leur relogement.
Le rêve de la petite Nour El Houda
B.K. âgé de 50 ans qui vit encore avec sa mère crie, lui aussi, à l'injustice. Il est pourtant marié et a trois enfants dont le plus âgé a 20 ans. Exerçant dans les rangs des services de sécurité, ce citoyen vit dans des conditions lamentables. La porte de son petit studio donne directement sur un couloir très étroit qui mène vers la chambre à coucher du couple avec lequel dorment aussi les 3 enfants.
Une autre chambre est celle de la maman.
Propriétaire de cette bâtisse, il dit ouvrir droit comme tout autre citoyen à un logement décent pour ses enfants et sa femme. L'humidité semble ronger cette famille, et la petite Nour El Houda 5 ans ne rêve plus que d'une chambre pour elle et son frère où elle pourrait aménager un petit coin pour ses jouets. La femme de B.K. dit que l'humidité en hiver est très difficile à supporter et les affaires sont tout le temps mouillées et ils ont du mal à sécher. Impossible de respirer dans cette pièce surtout avec la canicule, et pour prendre la photo notre photographe a dû attendre son tour pour accéder dans la chambre à coucher du couple. Ce dernier ne demande qu'à être relogé dans des conditions décentes, lui qui est toujours au service de la patrie et qui a participé à la lutte contre le terrorisme. Non loin de là, nous rejoignons la maison de Khalti Farida que nous trouvons sous le choc. Elle ne pouvait contenir ses larmes et ses cris qui nous font croire à une crise d'angoisse. Ses enfants tentent tant bien que mal de la calmer, en l'aspergeant d'eau froide.
Les 3 derniers jours passés sans sommeil et la nouvelle de la reloger dans un F3 avec, sa fille et ses trois garçons, dont l'un est marié avec des enfants, l'a
complètement choquée. Sa fille dit que c'est une injustice incroyable que subit la famille et que son frère de 40 ans a aussi le droit de se marier.
Des F3 pour famille nombreuse !
Locataire de son état, Khalti Farida demande deux logements, un F3 pour son fils marié et un F4 pour elle, son mari diabétique, sa fille et ses deux autres fils célibataires. «Je ne veux pas quitter l'étroitesse de ce logement de deux pièces pour en trouver un autre plus étroit.» La dernière famille à laquelle nous avons rendu visite est celle de Ami Kaddour 95 ans et de Khalti Fatma Zohra. La maison familiale louée depuis 1951, abrite deux de leurs fils mariés et un autre célibataire. Sans compter deux autres qui sont mariés, et qui faute d'espace dans la demeure parentale, habitent dans un bidonville pour laisser de l'espace à leurs frères. Mohamed, l'un des fils, nous explique que les autorités concernées leur ont proposé deux appartements F3, l'un pour lui et son frère marié et un autre pour ses parents, son frère marié et son frère célibataire. «C'est de l'injustice», dit-il d'autant que «des gens étrangers au quartier ont bénéficié de l'opération de relogement». Lui emboîtant le pas, son frère aîné marié et qui dit habiter dans un bidonville conteste le fait de reloger autant de familles dans deux logements seulement. Il nous fera savoir qu'au départ les autorités à charge du dossier ont parlé de 30 logements pour transférer les familles, finalement seulement 7 ont été relogées. Leur mère dit que tous ses enfants ont postulé à des logements depuis des années mais sans réponse favorable à ce jour. Adel, l'aîné a introduit une demande de logement en 2000 et son dernier frère en 2008. Aucun des 5 frères n'a pu accéder à un logement depuis des années ! Leur mère Khalti Fatma Zohra dit qu'elle se fait du souci pour la situation «lamentable» dans laquelle vivent ses enfants. «Aucun d'entre mes enfants ne vit en paix», regrette-t-elle.
Des recours seront déposés.
Le cas de toutes ces familles et les histoires relatées sont communes à beaucoup d'autres citoyens, à travers tout le pays, qui attendent un toit qui
puisse mettre un terme à leur cauchemar.
Mais en attendant, les autorités à charge de l'épineux dossier du logement qui ne ménagent aucun effort pour le régler se doivent de trouver des mécanismes et effectuer des contrôles rigoureux pour permettre aux plus nécessiteux d'accéder à un logement et de contrecarrer les spéculateurs.
Dans le cas de ces familles de Bologhine certaines ne veulent pas déménager car elles ne sont pas dans le besoin comme Khalti Z'hor mais les autorités le veulent alors que les familles en location qui sont dans l'étroitesse se voient attribuer un seul logement F3 ! À méditer!
B. A.


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