Le manque d'expérience conjugué à un tirage au sort difficile: d'entrée, on peut constater combien sera ardue la tâche de l'équipe nationale féminine qui entame aujourd'hui son aventure africaine à Windhoek en Namibie. Une troisième participation à la messe continentale placée plus sous le signe du renouement plutôt que la quête de l'impossible exploit Pour son troisième tournoi, après ceux de 2004 et 2010, la sélection algérienne Dames espère représenter dignement le pays dans une poule «B» très relevée qui compte, outre le Cameroun qui a déjà animé deux finales (1991 et 2004), les redoutables équipes sud-africaine, vice-championne, et ghanéenne qui totalisent à elles seules 7 finales en 10 éditions (4 pour l'Afrique du Sud et 3 pour le Ghana). Avec deux éliminations lors du premier tour en 2004 et 2010, l'Algérie reste l'équipe la plus faible du groupe. Si l'on se fie au CV que présente chacun des quatre protagonistes pour les deux billets qualificatifs en «demies», les Algériennes sont malengagées dans la compétition. Cependant, les protégées de Azzedine Chih se sont rendues en terre namibienne sans aucune pression. Personne ne s'attend vraiment à ce que les coéquipières de Bouheni Benziane Naïma aillent au-delà de la phase de poules. Un cap que les «Vertes» n'ont pas pu franchir jusque-là. Néanmoins, le driver national n'enterre pas définitivement les chances de sa troupe dans cette 11e édition de la CAN féminine : «Nous allons aborder le Championnat d'Afrique avec détermination et avec l'espoir de réussir la meilleure performance possible. Nous possédons une équipe jeune formée de plusieurs nouvelles joueuses qui vont découvrir pour la première fois la compétition africaine», déclare-t-il d'emblée. Le facteur expérience, indispensable pour ce genre de manifestation, fait donc déjà défaut à nos ambassadrices. Peu de vécu continental, mais de la fougue pour parer à ces carences psychologiques qui ne doivent pas empêcher les nôtres de vivre pleinement et intensément ce premier tour qui s'annonce compliqué. Des adversaires d'un très haut niveau qui devraient inciter les médaillées de bronze lors des Jeux Africains en 2011 à se surpasser. À l'époque, les Algériennes ont buté sur les Ghanéennes en «demies» (défaite 3 buts à 0). L'heure de la revanche a donc sonné puisque l'entrée en lice se fera contre cette même équipe aujourd'hui. Avant de s'expliquer avec les Lionnes Indomptables pour le second match et conclure avec une empoignade contre l'Afrique du Sud. Un adversaire qu'elles avaient battu 3 buts à 0 lors des JA pour monter sur le podium en compagnie du... Ghana et du Cameroun. Cette fois, deux équipes seulement seront récompensées à l'issue des trois matchs. Les faveurs des pronostics penchent logiquement en faveur des Ghanéennes et Camerounaises. Jouer et prendre du plaisir Prendre les matchs les uns après les autres sans véritablement se soucier de l'enjeu ou s'amuser à faire des calculs inutiles. Prendre du plaisir et être solidaires afin de tisser de véritables liens et faire en sorte que cette équipe mûrisse pour les échéances à venir. Telles seront les principaux objectifs pour cette campagne. Pour en arriver là, les «Vertes» ont franchi deux obstacles. Le Maroc puis la Tunisie signant au passage, déjà, leur suprématie à l'échelle maghrébine. Un statut d'acquis qui devrait encourager la bande à Azzedine Chih d'aller à l'avant pour livrer une belle CAN. Mettre les bases pour s'attaquer, dans un futur proche, à l'étape supérieure. Tenter de gagner encore plus de territoire afin de conquérir les devants de la scène africaine. Peu importe les à-cotés et le sort qui attend nos «Dames», le fait d'avoir renoué avec ce tournoi à un moment où l'équipe masculine connaît aussi son «heure de gloire» étant une jolie performance. Le paradoxe quant à lui reste ce football national au plus mal avec des scandales à la pelle qui ont écorné sa réputation dernièrement. Un championnat masculin qui frôle le «flop» et celui féminin en constante progression. Les filles pratiquent de plus en plus ce sport défiant tous les préjugés et le manque de moyens et d'investisseurs dans le secteur. Noyé dans un océan footballistique où les médias marginalisent la gente féminine qui pratique le sport roi, cette dernière s'offre le luxe d'occuper les colonnes des journaux à l'occasion de cette CAN Namibienne. C'est déjà un bel exploit. La fouge pourrait faire la différence La performance, l'idéal serait d'accrocher au moins ce tant rêvé carré d'as. Sur le papier et vu l'expérience, l'Algérie n'a pas vraiment de quoi composter l'un des deux précieux sésames, mais qui sait? Dans ce contexte, les choses peuvent basculer d'une manche à l'autre. Les chiffres et les calculs peuvent se mêler à l'inconstance. Il est clair que l'entame sera délicate face au Ghana avant d'enchaîner avec un second gros morceau qu'est le Cameroun. Ce qui veut dire que la dernière partie se jouera entre les deux super-favoris de la poule au moment où les Algériennes affronteront les «Bafana Bafana» finalistes malheureuses de la dernière édition remportée par la Guinée- Equatoriale. De surcroit, l'envie de prouver les qualités viendra épouser la détermination manifeste de représenter le pays dignement dans ce rendez-vous. Avec un effectif de qualité et des joueuses qui connaissent déjà le sens de «hégémonie» (on parle ici des 4 internationales qui évoluent à l'Affak Relizane et les 5 autres qui portent les couleurs de l'ASE Alger-Centre, deux clubs qui dominent les compétitions locales), on peut, sait-on jamais, rêver à un exploit. L'habitude de prendre part aux dates importantes du calendrier et une gestion de la pression qui pourrait être bénéfique pour le groupe. La moitié des 21 joueuses convoquées est composée d'éléments issus de ces deux clubs ultra-titrés. Surtout l'équipe de l'ASE Alger-Centre qui compte 10 Coupes d'Algérie d'affilée entre 2000 et 2010 et autant de titre de champion. Depuis que le team de la capitale a baissé, c'est l'Affak Relizane qui anime les débats mettant fin à une domination outrageuse. Les pensionnaires de ces deux écuries formeront logiquement l'ossature du onze algérien. Le chef de la barre technique devrait avoir le schéma idéal après les deux joutes amicales perdues (2-1 et 3-1) face à la Namibie. Au-delà du résultat, le coach a dû s'arrêter sur les aptitudes et prédispositions de chaque joueuse. Monter la meilleure équipe pour réaliser le meilleur résultat possible dans un tournoi où le Nigeria, octuple vainqueur du trophée, fait office de grandissime favori. Sur le papier, l'Algérie ne pèse pas, mais la vérité du terrain est toute autre. À vous d'écrire votre histoire et donner la trajectoire voulue à votre carrière. M. T.