Samir Ould Ali Dans sa communication intitulée «La contribution du féminin à la paix», l'Algérienne Leïla Zerroughi, en tant que juriste et experte en matière de droits de l'Homme, mais surtout en sa qualité de représentante spéciale de l'ONU pour les enfants et les conflits armés, s'est attardée sur son expérience au République démocratique du Congo (2008-2012) pour raconter les souffrances des femmes violées, mutilées, meurtries qui doivent, dans le même temps, transcender leur terrible situation pour endosser l'habit de chef de famille. «Ce sont elles qui vivent les conséquences de la guerre», obligées qu'elles sont de subvenir aux besoins de leurs enfants et de soigner les blessés, dira-t-elle. Selon les données livrées par l'oratrice, les femmes et les enfants représentent 70% des personnes déplacées et réfugiées à cause des conflits armés qui secouent de nombreux pays, en majorité africains et arabes. «Je suis l'évolution de 23 conflits dans le monde, les deux-tiers se déroulent en terres africaine et arabe et 20 situations touchent directement des populations musulmanes», ajoute Mme Zerroughi. Laquelle Mme Zerroughi est convaincue qu'une implication aussi profonde dans la guerre et ses conséquences directes donnent à la femme un atout important, compréhension particulière que les hommes devraient mettre à contribution dans leur quête de la paix et de résolution des conflits. «Il faut associer les femmes aux processus de paix parce qu'en temps de guerre, les structures traditionnelles de résolution des conflits sont disloqués et qu'elles sont toujours au centre des antagonismes», affirme-t-elle encore. Des pas importants ont été entrepris par les instances internationales pour l'amélioration de la situation de la femme depuis la première Conférence mondiale sur les femmes de Mexico en 1975 : l'égalité entre les sexes est reconnue, les droits féminins assurés, les femmes sont visibles et plus présentes dans les prises de décisions... Pour autant, Leïla Zerroughi n'est pas satisfaite et estime, à raison, qu'il reste beaucoup à faire, notamment au niveau local. «La participation active des femmes n'est pas au niveau requis et il y a un besoin de créer une culture locale soutenant le rôle actif des femmes dans les différents aspects de la vie communautaire», préconise-t-elle, notamment en rappelant encore que le rôle de la femme dans les équipes dirigeantes est important parce qu'elle porte en elle la souffrance vécue. Très remarquée, l'intervention de la juriste a été très applaudie par l'assistance présente en force dans les travées de l'auditorium du Centre des conventions d'Oran. Mme Fatma Oussedik, professeure en sociologie à l'université d'Alger et féministe convaincue, s'est, elle, brillamment illustrée dans une communication de haute teneur intitulée «Tradition et modernité, quand l'une enrichit l'autre». La sociologue a ainsi décortiqué les liens qui rattachent et enchaînent la femme à la tradition en se demandant, notamment, si «le caractère sacré n'est pas là, justement, pour nous (femmes, Ndlr) exclure du temps ?», tout comme le qualificatif de «gardiennes du temple» n'avait-il pas pour vocation de leur interdire la vie active ? Pour la féministe active, il est clair que la femme arabe et musulmane mérite un meilleur sort que celui qui lui est réservé aujourd'hui. S. O. A.