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En Asie, le triomphe de l'homme fort
Populisme et désir d'autorité résistent à la pression démocratique
Publié dans La Tribune le 16 - 05 - 2016

Si la testostérone en politique se porte assez mal en ce moment en France, il en va différemment en Asie. Le président que les Philippins viennent de se donner, Rodrigo Duterte, n'a pas de gaulois que le nom : une certaine forme d'humour aussi, qui lui a fait regretter publiquement de ne pas avoir eu le privilège, en tant que maire de la ville de Davao, de «passer le premier» sur une jeune missionnaire australienne victime d'un viol collectif, avant d'être assassinée, dans la prison de la ville.
Si la testostérone en politique se porte assez mal en ce moment en France, il en va différemment en Asie. Le président que les Philippins viennent de se donner, Rodrigo Duterte, n'a pas de gaulois que le nom : une certaine forme d'humour aussi, qui lui a fait regretter publiquement de ne pas avoir eu le privilège, en tant que maire de la ville de Davao, de «passer le premier» sur une jeune missionnaire australienne victime d'un viol collectif, avant d'être assassinée, dans la prison de la ville.
Soyons honnête : le candidat a fini par s'excuser de cette fine blague, qui ne l'a pas empêché d'être élu confortablement le 9 mai. Rodrigo Duterte, 71 ans, a mené toute sa campagne sur son image d'homme à poigne, jusque dans le choix de son emblème électoral : le poing, symbole de la force brute et virile.
Le nouveau président défend haut le poing, la loi et l'ordre – surtout l'ordre, à vrai dire, car il a menacé de dissoudre le Parlement en cas de désaccord. Gracier les policiers qui abattent directement les criminels est un autre thème qu'il affectionne, fort des victoires qu'il a remportées, à l'aide de méthodes plutôt expéditives, dans sa bonne ville de Davao.
Immense frustration
L'ironie est qu'un homme comme M. Duterte puisse être élu dans un pays dont les femmes sont une composante essentielle de l'économie : courageuses et déterminées, les Philippines forment le gros des bataillons de travailleurs émigrés dont les transferts financiers constituent pas loin de 10% du PIB du pays. Mais l'attrait essentiel de celui qu'on a inévitablement surnommé «le Trump philippin» n'est pas là, ni dans ses blagues sexistes, ni dans son goût du politiquement incorrect.
Il réside dans l'immense frustration d'un électorat qui, malgré des chiffres prometteurs ces dernières années, continue de voir les inégalités se creuser. Que faire d'un taux de croissance à plus de 6% si la corruption continue de gangrener les affaires publiques, si la criminalité empoisonne la vie quotidienne et si un quart de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté ?
Phénomène remarquablement implanté
C'est ainsi que les Philippines succombent (à nouveau) à la tentation de l'homme fort, une tentation qui, de fait, est une réalité dans la majeure partie des pays d'Asie. Si, dans plusieurs pays occidentaux, dont celui de Donald Trump et le nôtre, l'irruption du populisme et du désir d'autorité dans le débat politique est relativement récente, en Asie, le phénomène de l'homme fort est remarquablement implanté ; loin de reculer devant la pression démocratique, il résiste, se perpétue, réapparaît.
La liste est facile à dresser, à commencer par le géant chinois. En moins de quatre ans, le président Xi Jinping a accumulé plus de pouvoir qu'aucun de ses prédécesseurs depuis Mao Zedong. Il est chef du Parti, chef de l'Etat, commandant en chef, il a la haute main sur les réformes économiques, la lutte anticorruption, les services secrets. L'idée d'exercice collectif du pouvoir par les instances du Parti n'est plus qu'un vieux souvenir.
La Thaïlande vit sous le joug d'une dictature militaire depuis le coup d'Etat de 2014. Au Vietnam, il est difficile d'identifier l'homme fort car le parti, là, garde tous ses droits… et le pouvoir. Au Cambodge, le premier ministre Hun Sen ne lâche plus la barre depuis qu'il l'a retrouvée en 1998. Le Laos est sous la férule d'un parti unique et d'un régime autoritaire depuis quatre décennies. La Malaisie est un cas un peu particulier, on y vote régulièrement et la vie politique y est assez vibrante, mais le même parti domine la scène politique depuis l'indépendance, il y a près de soixante ans. Le fait que le principal opposant, Anwar Ibrahim, soit emprisonné, officiellement pour sodomie, ne gêne pas outre mesure le premier ministre au pouvoir depuis 2009, Najib Razak, plus occupé à se dépêtrer d'un énorme scandale de corruption.
Le modèle Singapour
Au sud, c'est plus propre. Singapour scintille de tous ses feux, affiche un niveau de vie comparable à ceux de l'OCDE et une corruption éradiquée. Mais l'homme auquel ce pays doit sa remarquable réussite, Lee Kuan Yew, disparu en 2015, a laissé derrière lui, outre son fils, Premier ministre, une culture du contrôle politique et médiatique qui accorde peu de chances à la dissension. Mieux : Singapour est désormais LE modèle cité en exemple dans le monde émergent, sans la moindre réserve sur sa dimension autocratique. Lorsque l'on dit avec admiration d'un pays du Golfe ou d'Afrique qu'il «prend le virage de Singapour», c'est une façon de saluer un immense progrès.
L'Indonésie, qui a mis fin à la dictature en 1998, fait figure d'exception. Là, c'est plutôt son manque de poigne qui est reproché à «Jokowi», le président réformateur élu il y a deux ans : trop mou dans la lutte contre la corruption, pas assez ferme dans le contrôle de son gouvernement.
La véritable exception dans ce paysage, en réalité, ce sont… les femmes. Deux pays ont élu pour la première fois une femme à leur tête : Park Geun-hye, fille de dictateur, en Corée du Sud (au Nord, se trouve le pays qui pousse l'idée de l'homme fort jusqu'à la sinistre caricature) et, à Taïwan, Tsai Ing-wen, une admiratrice d'Angela Merkel. Toutes deux sont d'authentiques démocrates.
Quant à la Birmanie, c'est en grande partie grâce au combat obstiné d'une femme, Aung San Suu Kyi, qu'elle s'est débarrassée de la dictature militaire. S'il n'y avait, au Bangladesh, deux begums qui se disputent impitoyablement le pouvoir depuis ce qui paraît une éternité, on pourrait presque dire que «l'homme fort» ne connaît pas de féminin. Mais le plus grand paradoxe, c'est que, pour protéger leur pays du géant chinois, tous ces hommes forts mais réalistes comptent plus sur une présidente Clinton que sur un président Trump.
S. K.


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