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Ruée allemande vers le gaz russe, une menace pour l'Europe
Projet UE-Russie Nord Stream 2
Publié dans La Tribune le 06 - 06 - 2016

Nord Stream 2 est censé permettre de satisfaire la demande en gaz croissante de l'UE. Or, la capacité des gazoducs existants qui relient l'UE et la Russie est d'ores et déjà plus de deux fois supérieure à la demande actuelle de l'Europe. Certains affirment que la consommation gazière de l'Europe ne pourra aller qu'en augmentant. Mais à moins qu'elle ne décide de gaspiller du gaz naturel bon marché, sa consommation ne pourra aller qu'en diminuant. Et en doublant les capacités de Nord Stream, l'Europe pourra importer la totalité du gaz naturel russe. Avec la construction de Nord Stream 2, les gazoducs Brotherhood et Yamal – qui relient respectivement la Russie à l'Ukraine et à la Pologne – risqueraient tous deux quasiment à coup sûr de voir leur activité s'effondrer.
Il nous arrive à tous de faire preuve de naïveté, et de payer au bout du compte le prix de notre imprudence. C'est ce qu'il arrivera si l'Union européenne dit oui au projet Nord Stream 2, censé multiplier par deux l'approvisionnement en gaz naturel russe à travers la mer Baltique en direction de l'Allemagne. Aux dires des cinq compagnies européennes impliquées dans le projet (dans lequel elles bénéficient chacune d'une participation de 10%), leur partenariat avec le géant russe Gazprom (détenteur des 50% restants) ne constitue rien de plus qu'une initiative commerciale. Interviennent en réalité bien d'autres implications - empreintes de dangers considérables.
Il y a dix ans, lorsque fut annoncé l'accord relatif au premier gazoduc Nord Stream, le ministre polonais des Affaires étrangères, à l'époque Radek Sikorski, compara l'initiative au pacte conclu entre Molotov et Ribbentrop en 1939 (fameux traité de non-agression entre l'Allemagne d'Hitler et l'Union soviétique de Staline). L'UE apposa sa signature à l'accord, les déclarations de Sikorski considérées comme grotesques et exagérées.
Aujourd'hui, au lendemain de l'annexion de la Crimée par la Russie, qui n'a de cesse de subvertir la souveraineté ukrainienne, le discours de Sikorski n'apparaît plus si excentrique. En effet, Gazprom constitue aujourd'hui plus que jamais un véritable instrument de la politique du Kremlin (en plus d'être une source majeure de revenus), voyant ses livraisons gazières fréquemment utilisées à des fins d'extorsion politique, notamment dans le but de maintenir sous contrôle les Républiques ex-soviétiques telles que l'Ukraine.
L'argumentation à l'appui de Nord Stream 2 consiste à faire valoir que le gazoduc permettra de satisfaire la demande en gaz croissante de l'UE. Or, la capacité des gazoducs existants qui relient l'UE et la Russie est d'ores et déjà plus de deux fois supérieure à la demande actuelle de l'Europe. Selon les propres données de Gazprom, la Russie a exporté en 2015 un peu plus de 100 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz naturel vers l'Europe de l'Ouest – bien en dessous des capacités existantes.
La consommation de l'UE en gaz naturel ne justifie pas la construction d'un pipeline de 55 mmc. En 2014, cette consommation a diminué de 23% pour s'élever à 387 mmc, par rapport à un pic de 502 mmc en 2010, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis 1995. En effet, le taux d'utilisation des capacités de Nord Stream s'élevait à 43% en 2013, à 65% en 2014, et à 71% en 2015.
Certains affirment que la consommation gazière de l'Europe ne pourra aller qu'en augmentant. Faut-il réellement s'attendre à une telle augmentation ? Sept pays européens (en premier lieu desquels l'Allemagne) représentent aujourd'hui à eux seuls près de 80% de la consommation totale de gaz dans l'UE, et entreprennent tous de solides programmes autour de l'efficience énergétique et des énergies renouvelables. Ainsi, à moins que l'Europe ne décide de gaspiller du gaz naturel bon marché, sa consommation ne pourra aller qu'en diminuant. D'un autre côté, le fait de doubler les capacités de Nord Stream jusqu'à 110 mmc permettrait en théorie à l'Europe d'importer la totalité du gaz naturel russe au travers du seul gazoduc Nord Stream.
Et c'est bien entendu ici qu'intervient le danger soulevé par la construction de Nord Stream 2. En un laps de temps très court, les gazoducs Brotherhood et Yamal – qui relient respectivement la Russie à l'Ukraine et à la Pologne – risqueraient tous deux quasiment à coup sûr de voir leur activité s'effondrer. En l'absence des taxes de transit qui constituent le cœur de leur activité, le manque de maintenance conduirait rapidement à une sérieuse dégradation. Pologne, Slovaquie, Biélorussie et Ukraine – qui abritent pas moins de 100 millions de personnes – se retrouveraient privées d'une importante source de revenus, ce qui les affaiblirait économiquement et les rendrait plus vulnérables aux pressions du Kremlin.
Le seul pays véritablement gagnant ne serait autre que la Russie, vouée ainsi à s'assurer davantage d'entrées d'argent européen, pour une période de temps plus longue. Les nouveaux investissements consacrés par les pays occidentaux aux nouveaux gazoducs contraindraient le système énergétique européen à se limiter au gaz naturel russe, situation susceptible de décourager la transition vers une utilisation efficiente de l'énergie.
Le discours d'entreprise et la propagande russe s'efforceraient alors de persuader l'opinion publique allemande que le projet Nord Stream 2 constituerait une sorte de cordon sanitaire énergétique, permettant d'isoler l'Allemagne des perturbations susceptibles d'affecter ses voisins situés à l'Est, pays pourtant potentiellement homologues membres de l'UE. Or, le projet Nord Stream 2 n'atténuerait en rien ces perturbations. Une Ukraine affaiblie ferait une victime encore plus facile de l'agression russe qu'elle l'est aujourd'hui. Quant à l'emprise qu'exerce le Kremlin sur la Biélorussie, elle se révélerait d'autant plus forte en cas de fermeture du gazoduc Yamal.
Par ailleurs, Allemands et Européens ne seraient nullement préservés des conséquences. En s'engageant à acheter plus de gaz naturel russe que nécessaire, et pour une plus longue période de temps, l'UE contribuerait à financer le renforcement militaire de la Russie, qui représente pourtant une menace directe pour la paix en Europe.
Selon l'indice global de militarisation publié par le Centre international de Bonn pour la conversion, la Russie compte parmi les pays les plus militarisés de la planète. Pas moins de 37% du budget fédéral de la Russie a été consacré au premier trimestre 2016 aux forces militaires et de sécurité russes – ces dépenses ayant été en grande majorité financées par la vente de pétrole et de gaz aux Européens.
C'est donc nous autres les Européens qui finançons les guerres menées par la Russie en Ukraine et en Syrie, l'occupation militaire de la Crimée, de l'Ossétie du Sud, de l'Abkhazie et de la Transnistrie, ainsi que les survols de provocation effectués par les chasseurs russes au dessus de la mer Baltique et ailleurs. Plus nous consommons de gaz russe, et plus Vladimir Poutine fait rentrer d'argent consacré à sa modernisation militaire et à sa «guerre hybride», consistant pour la Russie à développer ses forces conventionnelles au moyen de troupes irrégulières et de cyber-armements.
La question qu'il appartient à l'Allemagne et à ses dirigeants de se poser est de savoir à quel point ils tiennent à la paix. Si tel est véritablement le cas, il leur faut impérativement cesser de financer les troupes russes – en uniforme ou non.
Les Allemands tiennent-ils profondément à l'UE, grâce à laquelle nous vivons en paix depuis soixante-dix ans, au sein de ce qui était autrefois, et de loin, la région la plus violente au monde ? Tiennent-ils à la lutte contre les changements climatiques, et à la préservation de l'avenir de la planète ? Si tel est le cas, il va leur falloir consommer non pas davantage, mais moins de gaz naturel.
Le projet Nord Stream 2 s'inscrit en violation de tout ce que le gouvernement allemand affirme considérer comme le plus précieux : survie de l'UE, paix en Europe, et préservation de l'environnement. Les dirigeants allemands feraient bien de se remémorer cette célèbre formule que l'on prête à Lénine, autrefois lui aussi dirigeant du Kremlin : «Les capitalistes nous vendront eux-mêmes la corde avec laquelle nous les pendrons.»
J. M.


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