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Le nécessaire mea culpa des économistes
Publié dans La Tribune le 19 - 11 - 2016

Les économistes sont-ils au moins en partie responsables de la victoire choquante de Donald Trump ? Même s'ils n'avaient pas réussi à l'arrêter, leurs voix auraient eu plus d'impact si au lieu de rejoindre les hérauts de la mondialisation, ils étaient restés au plus près des enseignements de leur discipline.
Les économistes sont-ils au moins en partie responsables de la victoire choquante de Donald Trump ? Même s'ils n'avaient pas réussi à l'arrêter, leurs voix auraient eu plus d'impact si au lieu de rejoindre les hérauts de la mondialisation, ils étaient restés au plus près des enseignements de leur discipline.
Il y a presque 20 ans, j'écrivais dans un livre intitulé Has globalization gone too far ? (La mondialisation va-t-elle trop loin) qu'en l'absence de réaction plus réfléchie de l'Etat face à la mondialisation, cette dernière risquait d'accroître la fracture sociale, d'exacerber les problèmes de répartition des richesses et de fausser le dialogue social - des idées communément admises aujourd'hui.
J'ai demandé à un économiste bien connu s'il voulait bien écrire quelques lignes sur la quatrième de couverture de mon livre. Il s'est montré réticent. Il n'était pas véritablement en désaccord avec mon analyse, mais craignait que mon argumentation ne fournisse «des munitions aux barbares». Les protectionnistes utiliseraient mon texte (notamment en ce qui concerne les inconvénients de la mondialisation) pour justifier leurs idées étroites et égoïstes.
Je rencontre encore aujourd'hui ce type de réaction chez mes collègues économistes. A l'issue d'une conférence il se trouve toujours l'un d'eux pour lever le doigt et me demander si je ne crains pas que mes idées ne soient utilisées par les démagogues et les populistes que je condamne.
Il est toujours possible qu'un adversaire politique récupère une idée lors d'un débat public. Mais je ne comprends pas pourquoi tant d'économistes estiment que c'est une raison pour biaiser dans une direction particulière nos idées sur le commerce international. Le présupposé semble être que les barbares sont d'un seul côté. Apparemment, ceux qui critiquent les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou les accords commerciaux sont d'horribles protectionnistes, tandis que ceux qui les défendent sont du bon côté.
En réalité, beaucoup de partisans du commerce mondial sont, eux aussi, motivés par des idées étroites et égoïstes. Les firmes pharmaceutiques veulent une réglementation plus stricte des brevets, les banques un accès sans entrave aux marchés étrangers et les multinationales des tribunaux d'arbitrage spéciaux qui ne font pas plus cas de l'intérêt général que les partisans du protectionnisme. Aussi quand les économistes avancent leur argument, ils favorisent une catégorie de barbares par rapport à une autre.
Selon une règle tacite parmi les économistes, ils se doivent de soutenir le commerce mondial dans le débat public et ne pas s'appesantir sur les détails. Il en résulte une situation curieuse. Le modèle commercial traditionnel qu'ils utilisent généralement a des conséquences marquées en terme de répartition des bénéfices : certains producteurs et certains travailleurs y gagnent, mais d'autres y perdent. Les économistes connaissent les défauts des marchés, notamment le dysfonctionnement fréquent du marché du travail, de celui du crédit, leurs conséquences parfois néfastes sur l'environnement ou sur le rapport au savoir, ainsi que les monopoles. Ils savent que les inconvénients des marchés peuvent interférer avec les bénéfices qu'ils pourraient rapporter.
Ils savent également que les avantages des accords commerciaux qui ont des effets sur les réglementations nationales (par exemple le renforcement de la réglementation sur les brevets ou l'harmonisation des normes en matière de santé ou de sécurité) sont fondamentalement ambigus.
Néanmoins les économistes se rangent parmi les chantres des avantages comparatifs du libre-échange lors des discussions sur les accords commerciaux. Ils minimisent systématiquement les inconvénients d'une distribution inéquitable, alors qu'il est maintenant évident que l'Accord de libre-échange nord-américain ou l'entrée de la Chine dans l'OMC ont eu des inconvénients directs pour certaines catégories de personnes aux USA. Ils exagèrent les avantages des accords commerciaux, alors qu'ils sont relativement modestes depuis au moins les années 1990. Ils adoptent la propagande qui fait passer aujourd'hui les accords commerciaux pour des accords de libre-échange, alors qu'Adam Smith et David Ricardo se retourneraient dans leur tombe s'ils avaient connaissance du Partenariat transpacifique.
Leur réticence à faire preuve d'honnêteté sur les questions de commerce international leur a coûté leur crédibilité. Pire encore, elle est exploitée par leurs adversaires. Les économistes ne faisant pas le tour de la question des échanges commerciaux internationaux avec toutes les nuances voulues, il est plus facile de dénoncer, souvent à tort, le commerce international, ce qui a des effets pervers.
Le commerce international a participé au creusement des inégalités, mais ce n'est que l'un des facteurs qui a contribué à ce phénomène - sans doute un facteur mineur comparé à la technologie. Si les économistes n'avaient pas sous-estimé les inconvénients du commerce international, ils auraient davantage de crédibilité aujourd'hui dans ce débat.
Par ailleurs, la discussion sur l'affaiblissement de la protection sociale aurait été de meilleure qualité s'ils avaient reconnu que les importations en provenance de pays où le droit des travailleurs est négligé soulèvent de graves questions quant à l'équité de la distribution des bénéfices des échanges commerciaux. Il aurait alors été possible de distinguer les cas où les bas salaires dans les pays pauvres tiennent à une faible productivité et ceux où les droits des travailleurs sont bafoués ou inexistants. Et on n'aurait pas pointé du doigt comme «inéquitable» l'essentiel des échanges qui ne soulèvent pas ces questions.
De même, au lieu de rester accrochés à des modèles qui ne prennent pas en compte ces problèmes, les économistes auraient dû davantage prêter l'oreille aux inquiétudes relatives à une manipulation des devises, à des échanges commerciaux déséquilibrés et à la montée du chômage. Ils auraient été en meilleure position pour dénoncer les critiques excessives quant aux inconvénients sur l'emploi des accords commerciaux.
Autrement dit, si les économistes avaient rendu public leurs incertitudes, leurs interrogations et leur scepticisme ou lieu de les cantonner à l'entre-soi, ils auraient sans doute mieux défendu l'économie mondiale. Malheureusement, le zèle dont ils ont fait preuve pour défendre le commerce international face à ses détracteurs a eu des résultats désastreux. Si les démagogues qui tiennent des discours absurdes sur le commerce parviennent au pouvoir aux USA et ailleurs, ils en sont en partie responsables.
D. R.
(Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz)
*Professeur d'économie politique internationale à la John F. Kennedy school of government de l'université Harvard.
In project-syndicate.org


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