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Une fête du théâtre sur fond de menace de démolition
El Moudja de Mostaganem célèbre ses 30 ans d'existence
Publié dans La Tribune le 28 - 02 - 2009

De notre envoyée spéciale à Mostaganem
Wafia Sifouane
C'est dans une ambiance qu'on voulait festive que la troupe d'El Moudja a célébré jeudi dernier le 30ème anniversaire de leur théâtre Osmane Fethi situé à Salamandre. Mais la fête est quelque peu gâchée par la menace de démolition planant sur le théâtre El Moudja. Ce pourrait être le dernier anniversaire du théâtre qui est menacé de disparaître pour laisser la place à la réalisation du projet d'une station balnéaire. Aussi nombre de personnalités du 4ème art ont-elles répondu présent pour marquer la célébration des 30 ans d'El Moudja et, surtout, dénoncer ce crime envers l'un des établissements culturels mythiques de la wilaya de Mostaganem.
Dépassée par les circonstances, l'organisation de cet événement aura pris 4 jours aux gens d'El Moudja. Un temps record pour peaufiner un programme varié digne de refléter tout le savoir-faire et le passé glorieux de la troupe et du théâtre. Quelques minutes avant le coup d'envoi de la cérémonie, certains invités ont exprimé leurs sentiments sur le sort d'El Moudja.
La première à intervenir sera Hamida Aït El Hadj, metteur en scène. «Le théâtre El Moudja est un petit bijou et de grands efforts ont été faits pour ce théâtre. Il représente le rêve du défunt Ould Abderrahmane Kaki qui souhaitait voir de tels théâtres dans sa ville. Mais vu que le théâtre est menacé de démolition pour la réalisation d'un projet urbain, je dirais que les gens aussi on besoin d'une ville moderne. De ce fait, je crois que la meilleure chose à faire est de céder un lieu pour les comédiens afin qu'ils puissent reconstruire leur passé et évoluer dans de meilleures conditions et non pas de leur délivrer un P-V qui le leur promet», dira-t-elle. Le président de l'association théâtrale El Moudja, Slimane Lahcen, nous dira la même chose en soulignant que les intérêts publics dépassent ceux de la troupe : «En revanche, nous exigeons un dédommagement, c'est-à-dire un terrain situé à Salamandre sur le front de mer». «Ainsi le théâtre El Moudja pourra garder fièrement son appellation», ajoutera-t-il. Pour sa part, le commissaire du Festival du théâtre amateur, Djamel Bessaber, nous déclare être très attristé de voir un tel lieu menacé de disparition. «Je suis indirectement à l'origine de la création de ce théâtre, car j'ai beaucoup encouragé Djillali Boudjemaa dans ses débuts chez nous avec la troupe El Ichara. Nous lui avons donné les moyens en lui expliquant que la ville de Salamandre avait grand besoin d'un théâtre et, depuis ce temps-là, El Moudja a fait du chemin et a beaucoup évolué. Aussi, le théâtre El Moudja est le cœur du Festival du théâtre amateur et une station importante de la scène artistique algérienne», soutient-il.
De son côté, le directeur du théâtre régional de Sidi Bel Abbès, Hassan Assous, dira quant à lui que «cet espace existe depuis 30 ans et était l'un des seuls à activer durant les années 1990 [période où l'insécurité a figé toutes les activités culturelles, NDLR]. Il était même très vivant et très convivial. Il était donc très important pour moi d'être là et d'assister à sa fête». «Je pense que les autorités sont sensibles face à de telles questions. Cela serait un crime de démolir le théâtre sans rien en échange. Mais par contre je ne trouverai aucun mal à retrouver El Moudja 30 ou 40 km plus loin et en plus beau et plus spacieux», conclura-t-il.
Quant au premier concerné, en l'occurrence le directeur du théâtre en question, Djillali Boudjmaa, il se dit très sceptique. «Etant jeune et à mes débuts dans le théâtre, des amis et moi faisions nos répétitions dans le vieux théâtre de la ville datant de la période coloniale. Les autorités ont détruit ce lieu en nous promettant un théâtre tout neuf. Cela fait 40 ans qu'on attend ce théâtre neuf promis… Comment voulez-vous que je leur fasse encore confiance», nous dira-t-il. «J'ai vu les plans de réaménagement et il n'y aura rien au lieu où se situe El Moudja. Mais ils ont prévu un théâtre en plein air sans tenir compte de notre avis. Nous n'avons eu que des promesses, rien de concret sauf un P-V avec plein de fautes», déclara-t-il. Prenant un air triste, il ajoutera : «Je suis le serviteur d'El Moudja, je me dois d'en préserver la mémoire et je le défendrai jusqu'à la fin.»
Mais malgré la tristesse et la colère qui étreignent les esprits, on fait contre mauvaise fortune bon cœur et on se prépare à la cérémonie qui, prévue à 14h, débutera une heure plus tard, car on attendait encore l'arrivée d'invités. L'ambiance est à la joie et la bonne humeur, même si elles sont forcées. A côté du théâtre, un petit restaurant de style rustique est réaménagé pour abriter une exposition des 30 ans d'El Moudja, regroupant les photographies, les costumes, les objets du décor, les scénarios, les prix obtenus par l'association et tout ce qui représente une parcelle du passé d'El Moudja. Et en hommage à El Hadja, jeune comédienne de 21 ans brûlée vive par son frère au théâtre d'El Moudja, un cercueil a été exposé enveloppé du costume blanc de la défunte avec une photo d'elle accrochée ainsi que quelques articles relatant le drame.
Retour à la salle de spectacle, en présence de la directrice de la culture de la wilaya de Mostaganem Bey Mounira. Les jeunes comédiens font une entrée remarquée. Regroupés dans la rue, ils avancent vers l'entrée du théâtre en entonnant le chant d'El Hareba, extrait de la pièce El Guerab Oua Salhine de Ould Abderrahmane Kaki. Le public composé de connaisseurs est conquis et applaudit chaleureusement la troupe. L'ambiance change de ton lorsque Feth Ennour Ben Brahim, représentant du Théâtre national algérien (TNA) et animateur de l'événement, saisit le micro et rejoint la scène : «C'est vrai que c'est un anniversaire, mais c'est aussi l'occasion de faire le bilan et de penser plus à l'avenir qu'au passé. Actuellement, l'espace naturel dans lequel ces jeunes comédiens ont évolué est menacé de destruction, c'est donc avec beaucoup d'amertume que nous allons célébrer cet anniversaire qui coïncide malheureusement avec la menace de destruction du théâtre d'El Moudja.» «Il faut que les gens sachent que ce théâtre n'appartient pas seulement à la troupe d'El Moudja mais aussi à la ville de Mostaganem. C'est un patrimoine national car il abrite un pan de la mémoire collective du 4ème art algérien. Il est inadmissible de piétiner un tel établissement. On ne cesse de tuer la mémoire et, si le théâtre a survécu lors de la décennie noire, il arrivera aussi à s'en sortir aujourd'hui, pour rendre hommage à tous ces gens qui se sont battus dans les périodes difficiles», affirma-t-il.
Prenant exemple sur M. Ben Brahim, les invités défileront sur la scène avec des messages dénonciateurs, offrant ainsi une belle image de solidarité entre artistes. Ils seront suivis de la troupe d'El Moudja qui présentera au public un cocktail regroupant ses meilleurs
spectacles, en l'occurrence 132 ans, Garagouz et Stop. La représentation qui durera moins d'une heure suffira cependant à accrocher les spectateurs.
Vers la fin du spectacle, Mme Bey déclare que «cela fait toujours plaisir de rencontrer les gens du théâtre. Je leur assure que des démarches vont être entreprises par nous pour épargner ce monument. On encourage toutes les initiatives de la troupe, ce sont des gens très talentueux et nous sommes venus pour les rassurer et les conforter dans leurs démarches».
Dans les coulisses, les jeunes comédiens de la troupe, stressés et fatigués après avoir tout donné sur scène, tentent de convaincre les gens de les soutenir dans leur combat pour la préservation du théâtre. Pour ces passionnés de théâtre et amoureux de ses planches, El Moudja est devenu leur second domicile et la troupe une seconde famille.
Sur les coups de 18h30, la troupe s'est déplacée vers la maison de la culture Ouled Abderrahmane Kaki où elle a donné une représentation de sa dernière production intitulée Amour de loin, adaptée du roman d'Amin Malouf. Retour au théâtre El Moudja où une soirée musicale a été concoctée pour le public qui s'est délecté des rythmes variés du raï, de musique marocaine et de chaabi. Au 12ème coup de minuit, la musique s'arrête et on souffle les trente bougies d'El Moudja. Appelé par sa troupe, Djillali Boudjemaa, le seul à avoir côtoyé le théâtre pendant les trente ans, rejoint la scène, accompagné d'enfants, symbole d'innocence, de paix et de bonheur. Souriant et de bonne humeur, il souffle les bougies sous les applaudissements du public et, en message d'espoir, Feth Ennour Ben Brahim allume une bougie en déclarant : «On a éteint les trente bougies du passé et on en allume une pour les années à venir.» Espérons que cette lueur illuminera les esprits de tous les destructeurs…
A la fin de la soirée, Djillali Boudjemaa, d'un air accablé, nous déclare être satisfait. «J'ai accompli ma mission. Ma tâche est terminée.» «Il y a toujours de l'espoir. Je reste très optimiste quand même, et cela grâce aux jeunes», ajoutera-t-il. En somme, les gens d'El Moudja ont encore réussi une prouesse : celle de rassembler la famille du théâtre pour une fête et un combat, et même si les points de vue divergent, la solidarité demeure.


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