Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Depuis quelque temps, le débat autour de la formation dans le football est revenu sur le devant de la scène. Clubs et instances footballistiques s'accordent à dire que la situation est devenue tellement «chaotique» qu'une véritable réforme s'impose. Les primes de signature des joueurs de division une, et même de deux, ont connu une hausse vertigineuse au point que même les clubs les plus nantis financièrement ne peuvent plus suivre. D'où cette récurrente réflexion autour du «retour» à la formation, seul moyen qui permettrait à la majorité de rester dans les premières loges du championnat tout en ne disposant pas d'un matelas financier consistant. Mais, là encore, plus d'un affirme qu'il ne pourra s'y aventurer en raison de l'absence de moyens financiers et infrastructurels. Pourtant, des clubs, à l'exemple du Paradou AC, pour ne citer que celui-ci, ont lancé, depuis un moment déjà, des écoles de football qui sont devenues, en l'espace de quelques mois, des exemples de réussite. Le PAC a-t-il plus de moyens que la JSK, le MCA, l'ESS, le NAHD ou l'USMA ? Il est vrai que pour ces derniers il est beaucoup plus question de la pression des supporters qui réclament des résultats immédiats et ne veulent aucunement attendre deux, trois ou quatre ans pour voir leurs équipes fétiches «resurgir». Leurs présidents sont souvent tenus par l'obligation de résultat. S'ils terminent la saison aux dernières loges du classement, ils seront forcés de démissionner. Les choses seront encore plus graves en cas de rétrogradation. A ce titre, il est utile de rappeler les propos tenus par le président du PAC, Kheireddine Zetchi, qui a affirmé, il y a quelques semaines, que, peut-être, le fait que le club qu'il dirige s'est retrouvé en division deux lui a quelque part facilité la tâche pour la création de cette école. Il y a eu moins de pression sur lui. Si le PAC s'est maintenu en division une, ses dirigeants se seraient beaucoup plus attelés à le rester encore la saison d'après et ainsi de suite. Donc, dans les circonstances actuelles, créer une école de formation footballistique pour les clubs de la division une paraît une entreprise plus que difficile. Pourtant, à première vue, rien n'empêcherait les clubs de tenter de jouer les premiers rôles dans le championnat tout en lançant leurs académies. Les dirigeants actuels des clubs de divisions une et deux, dans leur majorité, laissent entendre qu'ils ne peuvent faire qu'une seule chose à la fois. Ce qui est incohérent. Qu'est-ce qui empêcherait ceux-ci de s'occuper de leurs jeunes catégories ? Dans la majorité des cas, ces dernières sont complètement délaissées. De jeunes clubs ont osé Pourtant, la prise en charge des minimes, cadets ou juniors d'une équipe quelconque ne coûterait peut-être pas autant que la prime de signature d'un seul joueur des seniors A. Zetchi a affirmé que son académie, lancée en collaboration avec le spécialiste français en la matière, Jean- Marc Guillou, qui est une référence dans le domaine, lui coûte environ un milliard de centimes par un. Cela sachant que ses poulains sont totalement pris en charge : cursus scolaire dans une école privée, hébergement, restauration, équipement, etc. C'est dire que,s'occuper de jeunes en externat reviendrait, en définitive, beaucoup moins cher. Et les résultats sont là. D'un côté, il y a les division une et deux dont le niveau ne cesse de baisser au point que la majorité des matches sont devenus sans intérêt en termes de spectacle et, de l'autre, des rencontres qui opposent, en amical, les jeunes de l'école du Paradou à d'autres clubs, dont les joueurs sont plus âgés qu'eux de quelques années, et qui se jouent à guichets fermés au stade de Hydra. Une académie qui a remporté presque la totalité de ses matches même si ses joueurs disputent leurs rencontres sans gardien de but et pieds nus. Le travail paye. Et dans le cas du PAC, le résultat est plus que satisfaisant. D'ailleurs, récemment encore, Zetchi a déclaré que de toute façon, même s'il n'arrive pas à faire ressortir des joueurs qui vont être recrutés par de grands clubs européens, il aura quand même gagné une bonne équipe pour l'avenir puisqu'ils seront forcément meilleurs que ceux qui animent le championnat actuellement. L'académie du Paradou est devenu une attraction. De même pour l'académie de la FAF (ACFAF) qui a provoqué la curiosité de tous les amoureux de la balle ronde en Algérie. Celle-ci a d'ailleurs bien entamé la huitième édition des Championnats d'Afrique de football, qui se déroule actuellement en Algérie, en remportant son premier match jeudi dernier face à l'un des favoris, en l'occurrence le Cameroun. Cette sélection, rappelons-le, est en regroupement permanent, au lycée sportif de Draria, depuis deux années. Elle a été constituée après une opération de prospection qui s'est effectuée au niveau national et qui a touché quelques centaines de jeunes. Ce premier match contre le Cameroun se voulait donc être comme un indicateur du travail qui a été fait jusque-là. Et les poulains du duo Ibrir-Meddane n'ont pas déçu, même s'il y a toujours quelques «insatisfactions», ce qui est tout à fait normal. C'est la première compétition officielle d'envergure à laquelle participent ces joueurs. Mais, le plus important est là : un bon collectif, une discipline tactique sans faille et de la hargne. En tout état de cause, après plusieurs années d'absence des sélections algériennes sur le plan continental, tous les espoirs sont placés dans cette équipe, qui, dans le cas d'une qualification aux demi-finales -ce qui est envisageable après avoir remporté le premier match- pourra participer au Mondial qui se déroulera au mois d'octobre prochain au Nigeria. Ce qui serait considéré comme un retour des Verts sur la scène footballistique mondiale. Pour ne pas s'arrêter là, la Fédération algérienne de football vient de lancer la deuxième promotion de l'ACFAF. Cette dernière est domiciliée au lycée sportif de Blida. Comme son aînée, elle va bénéficier de toute l'attention requise. D'ailleurs, dans la convention de sponsoring, signée il y a quelques jours entre la FAF et l'opérateur de la téléphonie mobile Watania Télécom Algérie (Nedjma), qui tourne autour des 30 milliards de centimes, un chapitre a été consacré au financement de cette académie. En dernier lieu, il est à signaler qu'il y a d'autres initiatives tout aussi louables en ce qui concerne la formation footballistique. La compagnie pétrolière nationale Sonatrach avait lancé une opération similaire qui touche des centaines d'enfants de six à onze ans. L'entreprise a ouvert plusieurs centres de formation à travers le territoire national. Quelques Directions de la jeunesse et des sports (DJS) ont également lancé ce genre d'académies, comme cela s'est fait à Blida. C'est dire si, ces derniers temps, tous les acteurs de la scène footballistique s'accordent à penser que seul le retour à la formation peut relancer le football national.