La recherche scientifique ne bénéficie pas d'enveloppes financières importantes sur le continent africain. Le constat a été confirmé par le docteur Mary Buke Anné, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui prend part à la conférence ministérielle sur la recherche pour la santé, dont les travaux seront clôturés aujourd'hui à Alger. Devant une situation des plus préoccupantes, faite de maladies et d'épidémies, les pouvoirs publics dans la région africaine feignent de ne pas voir les signaux rouges visibles aux quatre coins du continent. «517 millions de dollars ont été mobilisés durant l'année 2006 par les pays africains pour financer la recherche scientifique en Afrique», a annoncé le Dr Buke qui se réfère aux résultats d'une étude effectuée par l'OMS. L'étude a concerné 36 pays africains. Pour appuyer le constat de faiblesse du financement de la recherche scientifique, le docteur Buke révèle la somme dépensée annuellement dans le monde pour le même motif. La somme est estimée à 125,8 milliards de dollars. Déduction : les 517 millions USD réservés par les pays africains à la recherche scientifique en 2006 représentent 1,3% de leurs dépenses dans le domaine de la santé. Dans sa communication, le représentant de l'OMS a souligné qu'une grande partie de ces financements est consacrée à la recherche sur le sida, le paludisme et la tuberculose, maladies qui font des ravages dans certains pays du continent. Le constat établi par le docteur Buke est venu confirmer celui présenté la veille par Sara Bennett de l'Alliance pour les politiques de santé et la recherche scientifique en système santé. Cette dernière, faisant le rapport entre le financement du secteur et son personnel, avait exhorté les gouvernements du continent africain à prendre en charge cette question du financement de la recherche scientifique en y réservant des budgets plus conséquents. Elle a ainsi noté qu'environ 90% des financements destinés à la recherche scientifique dans le domaine de la santé sont des financements extérieurs. Notons que l'Europe réunit de son côté, depuis hier, ses ministres de la Santé sous l'égide de l'organisation mondiale. Les participants à cette rencontre se pencheront sur la lancinante question de la fuite des personnels de santé des pays pauvres vers les pays riches. «Nous savons qu'avec les populations de plus en plus âgées, avec le fardeau des maladies, la demande en travailleurs de santé va s'accroître, ce qui signifie que les tendances migratoires vont persister», a annoncé Mary Robinson, ancien haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, engagée aujourd'hui dans l'Alliance mondiale pour les personnels de santé de l'OMS. Un courrier de l'OMS, publié récemment, indique que de nombreux pays africains et asiatiques disposent d'un bon système de formation dans le domaine de la santé. Ces pays perdent néanmoins leur investissement à cause du mouvement de leur personnel. A. Y.