De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Y a-t-il des actions qui tendent à socialiser la culture dans la wilaya de Tizi Ouzou ? La réponse reste positive même si cet objectif ne risque pas d'être atteint avec toutes les insuffisances qui caractérisent ces actions, notamment celles entreprises par les pouvoirs publics. Faute de moyens, même d'expertise, le mouvement associatif est loin de pouvoir réaliser cette œuvre de socialisation de la culture. Cependant, il existe des associations et des organisations qui ne veulent pas baisser les bras devant les difficultés et les obstacles, et qui persistent à prêcher la «bonne parole culturelle» à travers les villes et les villages de la wilaya. Parmi ces structures, la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (LADC) de la wilaya de Tizi Ouzou, à travers son fameux Festival des Raconte-arts, ne se contente pas d'organiser ses activités chaque année dans différents villages, mais fait participer, en plus, les populations. Pour l'édition de cette année justement, la ligue présidée par El Hacene Metref s'est même permis le luxe d'exporter ses activités en dehors de la wilaya, au village d'At Smaïl dans la wilaya de Béjaïa. Cela, au moment où l'activité principale de cette sixième édition aura lieu à Bouzeguène à quelque soixante kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Une édition dont bénéficiera la population de plusieurs villages dans les communes de Bouzeguène, d'At Zikki, d'Illoula Oumalou et d'Azazga. Les animateurs de La ligue des arts dramatiques et cinématographiques ont programmé cette édition du 29 juin au 6 juillet pour ne pas gêner le déroulement des jeux panafricains d'Alger, selon les précisions du président de la ligue dont l'intention est de permettre à tous de participer, de suivre ou d'assister à cette manifestation continentale. A l'occasion du Festival des Raconte-arts de cette année, dont le titre générique est «Aux portes de l'Afrique, la Kabylie», les animateurs de la LADC ont décidé de lancer «un clin d'œil et un signe d'amitié» aux artistes, notamment africains qui participeront aux Jeux panafricains du 5 au 20 juillet prochain. Des conteurs africains ont été invités à prendre part à cette nouvelle édition des Raconte-arts qui égayera les rues des villages de Bouzeguène. Dans cette agglomération, les préparatifs vont bon train pour réussir cette manifestation faite de spectacles de rue qui constituent la majeure partie du programme. Selon le président de LADC, ce dernier est élaboré par la ligue et les villages hôtes de chaque édition. C'est ce qu'il appelle l'aspect partage. «Nous partagerons des moments de culture mais aussi de convivialité. Le partage étant notre credo, nous présenterons des activités et découvrirons également le talent de nos hôtes à travers leurs actions», souligne El Hacene Metref qui ne manquera pas de préciser que le Festival des Raconte-arts apportera à l'occasion son soutien aux manifestations de la région concernée, comme «Le mois littéraire», organisé par l'association Igelfan, Le parapente, initié par le club Evasion ainsi que le festival des sports de montagne lancé par Smaïl Akli de Bouzeguène. De cette façon, la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques de la wilaya de Tizi Ouzou implique les citoyens des villages dans l'organisation de son festival. Et c'est la meilleure manière de socialiser ces activités culturelles et la culture, en général, dans les coins les plus reculés de la wilaya. Ce n'est pas par hasard que les précédentes éditions, après une première qui a eu lieu à At Yanni, ont fait du pèlerinage culturel à travers plusieurs villages de la wilaya, notamment ceux des localités des Ouadhias, Iboudraren, At Yahia Moussa, entre autres. C'est que les membres de la LADC ont cette idée qui fait que ce soit la culture qui se déplace vers les villages les plus éloignés et les enclavés, pour y présenter des activités de la façon la plus décontractée, c'est-à-dire sans aucun protocole ni conformisme, d'où le succès que connaît ce festival lancé depuis six ans par un groupe de militants culturels que sont les membres de la LADC. De façon décontractée mais pas du tout anarchique puisque des écrivains, des acteurs, des conteurs, des réalisateurs, des magiciens, des chanteurs, des clowns, des artistes plasticiens dont le nombre ne cesse de se multiplier seront de la partie dans des nuits de contes magiques, des déambulations nocturnes dans les rues des villages (avec haltes artistiques), des récitals de chants et de poésie, des rencontres littéraires, des lectures croisées, des interventions d'artistes peintres in situ sur la base de textes d'auteurs, des randonnées, des carnavals, du théâtre et du cinéma, des traversées de villages et beaucoup d'autres activités qui sortent un peu du carcan conformiste. D'ailleurs, de nombreux conteurs et artistes étrangers ont émis le vœu de participer à ce festival qui a connu au fil de quelques éditions un succès remarquable, particulièrement pour cette tendance croissante à impliquer les villageois dans l'organisation des manifestations et aussi pour ce succès atteint alors que les moyens dont dispose la Ligue des arts dramatiques restent dérisoires. Un encouragement aux animateurs du mouvement associatif de la région dont beaucoup attendent les subventions de l'Etat pour activer, alors que des choses magnifiques peuvent être faites même sans les grands moyens des institutions officielles.
