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Il y a quatre ans, la circoncision collective du Khroub
QUAND LE DRAME SUPPLANTE LA LIESSE GéNéRALE
Publié dans La Tribune le 13 - 09 - 2009

De notre correspondant à Constantine
A. Lemili
Le ministère de la Santé a, après le drame des enfants mutilés à la suite d'une circoncision collective dans la ville du Khroub dans le cadre d'une action caritative de l'APC, pris des mesures qui devaient être présentées comme dissuasives et coercitives contre la répétition d'une telle tragédie. La panoplie d'obligations prophylactiques devant entourer tout acte du genre ont fait l'objet d'une instruction diffusée à l'ensemble des structures relevant du secteur et visant surtout à conforter les familles des victimes sur l'intérêt accordé au dossier et, partant, aux enseignements tirés de la douleur causée à leurs enfants. Une douleur que ne devrait plus jamais vivre aucun Algérien de leur âge.
Mais entre dire, faire, laisser faire et veiller sur l'application des mesures, il y a toujours des entorses malgré les assurances que formulera pour nous au téléphone M. N. Dameche, directeur de wilaya de la santé et qui consistaient à n'autoriser l'opération (circoncision collective) que «dans un milieu idoine et, donc, dans les formes que requiert un acte chirurgical. La circoncision appartient au domaine de la religion. Bien évidemment, nous n'allons pas interdire les circoncisions collectives mais nous sommes responsables des conditions de leur déroulement. Il ne sera nullement question, par exemple, de ramasser toute l'opération au seul 27e jour du Ramadhan. S'il se trouve que les associations disposent de 2 000 enfants pour la circoncision, elles le feront selon un calendrier qu'établira la direction de la santé. Et quand nous évoquons un calendrier, cela implique tout le mois, quitte pour cela à pratiquer la circoncision de deux enfants par jour mais cela se fera dans un bloc opératoire sous la supervision d'un chirurgien et d'une équipe médicale spécifique».
En tout état de cause, aujourd'hui, il est peu probable, sinon du domaine de l'impossible, qu'un drame similaire à celui qui a eu lieu le 30 octobre 2005, où 9 enfants ont été charcutés et dont deux ont été définitivement mutilés, ait une quelconque opportunité de se renouveler, du moins tant que cet événement garde intactes ses chancesde demeurer vivace dans les esprits. Dire qu'il n'y a pas une effective amnésie après la circoncision collective du Khroub serait proférer un gros mensonge. En fait, la moindre des décences, recommanderait d'éviter ce rituel ,si importante soit sa portée religieuse. Pour un médecin, procéder à une circoncision, voire deux, est sans doute faisable mais le faire pour des enfants stressés à plus d'un titre dans une chaîne où chacun attend son tour relève du macabre que ne justifient aucun saint acte et encore moins l'adhésion obligatoire à la religion.
Au cours de cet «Octobre rouge» vécu par les familles des victimes de la circoncision collective, notre attention avait été attirée par une grande mascarade qui a consisté, comme dans le cadre d'une campagne de marketing, pour les structures des œuvres sociales des entreprises économiques, établissements publics, APC et encore plus ridicule encore un parti politique, en l'occurrence le RND, à y contribuer dans des conditions rocambolesques, les bureaux habituellement à usage administratif étant transformés en officine de la santé l'espace d'une demi-journée et, parfois, de quelques heures.
Dans le courant de cette semaine, nous avons eu l'heur de rencontrer M. Zouaghi A. père de l'une des victimes de la circoncision collective du Khroub. Notre interlocuteur enchaîne directement en soulignant «la parfaite amnésie installée quatre années après le drame. Je me souviens que, juste quelques jours après la circoncision, mon fils avait commencé à avoir des douleurs. Sa verge était dans un état anormal d'où ma décision de me rendre à l'hôpital pour en avoir le cœur net. Il y a lieu de rappeler que les chirurgiens qui avaient œuvré ce jour-là appartenaient à cet hôpital, il était donc peu probable qu'ils se désavouent et encore moins qu'ils soient désavoués par leurs responsables. Je saurai sur le tard que finalement l'un des médecins qui ont opéré le faisait pour la première fois. Comme on le qualifierait dans un langage plus trivial, d'aucuns diront qu'il venait apprendre la coiffure sur la tête des orphelins. Quoique, en réalité et avec du recul, je n'en ai jamais voulu aux médecins mais plutôt au système dont ils sont issus et qui les a mandatés pour ce faire».
«Encore un autre du… Khroub»
L'affaire a été éventée grâce ou à cause, c'est selon, notre interlocuteur, lequel n'étant pas satisfait de ce qui lui était dit à l'hôpital du Khroub décide de se rendre à l'établissement hospitalier spécialisé de pédiatrie où le «encore un autre du Khroub», réplique d'un professionnel des lieux éveillera son attention et lui fera comprendre finalement que les dommages ne se limitent pas seulement à son fils. Notre interlocuteur déplorera tout de suite «l'affligeante désinvolture qu'a eue le Pr. Boussouf à l'égard de nos enfants». Enchaînant, A. Zouaghi dira : «J'ai compris que la seule victime n'était pas mon fils et qu'il pouvait s'en trouver au moins un autre et c'était en fait huit autres. J'ai immédiatement soupesé la situation et résolu de lui donner la dimension qu'elle méritait compte tenu que les responsables et leur chaîne de commandement, voire de la majorité de la corporation, allaient avoir le réflexe grégaire de se serrer les coudes et de passer par pertes et profits les dégâts causés à nos enfants. Ma première réaction a été d'alerter la presse et, là, je vous épargne évidemment le tollé que cela a soulevé. La médiatisation de l'affaire a obligé, de fait, tous les protagonistes à sortir de l'ombre et essayer, vaille que vaille, de trouver un argumentaire à même de justifier l'injustifiable mais, pour nous parents, l'essentiel avait été obtenu, à savoir que nous constituions dorénavant un maillon incontournable que tout le monde se disputait pour l'avoir comme interlocuteur».Autrement dit, l'affaire risquait de prendre des proportions inimaginables dont le retour de flamme éclabousserait, chacun pour ses attributions, les ministères des Affaires religieuses, de la Santé, de l'Intérieur, de la Solidarité …
Et c'est dans cet aspect de la situation qu'Amar Tou, vraisemblablement informé dans les détails par deux médecins délégués par son département quelques jours auparavant, se rendra le 25 novembre à Constantine où il tiendra une réunion avec les différents acteurs impliqués, dont les parents des enfants mutilés. Une confrontation où sera retenue la décision de transférer, aux frais de l'Etat, les enfants vers l'hôpital de Beni Messous et la prise en charge des ascendants qui auront à les accompagner. Une fois à Alger, le professeur Hantala de l'hôpital de Beni Messous établira et corroborera son diagnostic sur l'état des enfants, considérant la possibilité d'une chirurgie réparatrice sauf que deux enfants dont le gland a été décapité ne pouvaient espérer d'exutoire que sur avis de spécialistes étrangers. Leur transfert à l'étranger (Belgique) sera ordonné. Les conclusions de l'équipe médicale belge concernée n'étant, toutefois, pas à l'avantage des deux victimes qui devraient attendre l'âge de puberté pour être fixés sur leur sort.Quatre années plus tard, la situation est identique quoique les enfants qui ont plus ou moins échappé au drame vivent avec leurs stigmates et surtout la douleur morale de leurs parents qui n'arrêtent pas de se poser des questions sur «l'essentiel».Pour Zouaghi A., «ce qui est encore plus dramatique dans cette triste affaire est qu'à aucun moment quelqu'un appartenant à une institution des pouvoirs publics directement ou indirectement concerné et ce, quels que soient son statut, son rang ou ses responsabilités, n'a eu l'idée ou pris l'initiative de proposer ou d'ordonner un suivi psychologique des enfants. Seule leur innocente insouciance leur fait oublier ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils auraient à craindre pour la suite si Dieu en décide autrement. Je ne vous cacherai pas que j'ai fait pratiquer la circoncision de deux de mes enfants, il y a quelques jours, et vous ne pourrez jamais imaginer les appréhensions que mon épouse et moi avons eues des semaines durant quand la décision a été prise de le faire. Le syndrome du 30 octobre restait omniprésent dans notre esprit et ce n'est qu'après la cautérisation intégrale de la peau que nous avons trouvé le repos». Forcément, une telle erreur professionnelle sous d'autres cieux aurait appelé à une indemnisation des victimes. Vraisemblablement, ce n'est pas le cas dans le dossier de la circoncision collective du Khroub. «Et puis, quelle évaluation, quel dédommagement, quel montant alloué pourraient redonner aux enfants leur intégrité physique, notamment pour ceux qui ont perdu leur gland», conclura notre interlocuteur qui espère, néanmoins, que le dossier sera rouvert après la condamnation des deux médecins à deux années de prison ferme. «En fait, ce n'est pas la condamnation des deux médecins qui me réjouit, j'estime même qu'en d'autres circonstances ils feraient impeccablement leur travail, mais c'est surtout la reconnaissance par la justice des errements d'un système.»


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