Deux des familles des circoncis d'El Khroub se rendront, en désespoir de cause, aujourd'hui à Alger pour observer un sit-in devant le siège du ministère de la Santé, et montrer, comme ils disent, à l'Algérie toute entière ce que leurs enfants endurent ; ils les dénuderont face à tout le monde, pour que tous voient l'horreur de la mutilation de leurs fils et le cauchemar de leur vie. Il y a quatre ans, lors d'une circoncision collective, organisée le 30 octobre 2005, dans le cadre d'une action caritative de l'APC d'El Khroub, neuf familles ont vécu un drame qu'elles n'imaginaient pas vivre un jour, en tous cas pas ainsi. En effet, comment peut-on penser qu'un acte inhérent à un rite religieux, pratiqué depuis la nuit des temps, qui est la circoncision, bascule soudain, pour devenir tragédie ! Neuf enfants ont été mutilés, dont 6 à des degrés moindres, meurtris dans leur chair, et dans toute leur complexion psychologique par des « circonciseurs », médecins de surcroît. Le résultat est insoutenable, tragique, et la détresse des parents est sans commune mesure. Le père de Yacine, un des enfants martyrs, âgé présentement de 7 ans, en 2e année primaire, lancera ce cri, qui remuerait même les pierres : « Rappelez-vous Monsieur le ministre de vos paroles et de votre émotion d'alors : ce sont nos enfants, nous sommes avec vous, nous ferons tout pour eux… Qu'en reste aujourd'hui, quatre longues années après, de cette solidarité virtuelle ? » Et le père du petit Hocine, un autre « sacrifié », âgé de 9 ans, scolarisé en 4e année, dira : « Nous n'avons plus une famille normale, nos foyers sont tristes, les mères pleurent toutes les larmes de leurs corps à voir leurs petits garçons aller en classe avec des couches comme des bébés, et uriner dans une douleur de chaque instant, le membre réduit à un horrible moignon. » Et encore le petit Daoud, 8 ans, 3e année d'école, dont la famille a dû déménager à cause des voisins, qui en faisaient une bête curieuse…Ces familles qui ont frappé à toutes les portes en vain, sont décidées, plus que jamais, à se battre pour que réparation soit faite à leurs enfants, quel qu'en soit le prix. Elles exigent aujourd'hui de l'Etat un engagement formel pour sauver ces enfants en les prenant totalement en charge pour les envoyer à l'étranger, où de véritables miracles, en matière de chirurgie réparatrice, sont observés au quotidien. « Faites un geste Monsieur le ministre, vous avez pourtant pleuré avec nous, quand vous étiez là » , implorent encore les familles, qui pensent que leurs enfants seront des morts-vivants si rien n'est fait, maintenant, et non plus tard, pour les sauver. Et c'est possible de le faire, sachant que d'autres se font soigner à l'étranger pour des bobos, car n'ayant aucune confiance dans les compétences médicales de leur pays. Pour rappel, la chambre pénale près la cour d'El Khroub, a, en 2008, condamné les deux chirurgiens de l'hôpital d'El Khroub, ayant mutilé, suite à leur circoncision, neuf garçonnets, à deux ans de prison ferme assortis d'une amende de 5000 DA. Ces médecins sont toujours en liberté, ayant fait appel, mais là est une autre affaire, car le plus urgent est de sauver ces enfants innocents ! Contacté par téléphone, leur médecin traitant, le Pr. Hantala, de l'hôpital Béni Messous, leur fait dire qu' « il sera disponible à partir du 24 de ce mois pour un examen échographique semestriel ». Farida Hamadou , Selma B.
