Photo : S.Zoheïr De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Après une saison agricole sanctionnée par une récolte exceptionnelle de 1 380 000 quintaux, les fellahs de la wilaya de Constantine se sont lancés, en grande partie, dans les semailles au début de cette semaine, apprend-on de la Chambre d'agriculture de la circonscription. «Toutes les conditions sont réunies pour entamer l'opération dans de bonnes conditions», rassurent les responsables des services agricoles et la présidence de la Chambre de l'agriculture. La pluviométrie était favorable et a dépassé la moyenne avec 200 mm cumulés. Les engrais de fond ont été attribués en août dernier. Une anticipation ayant permis aux magasins de la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) de respirer et d'éviter le rush de septembre-octobre. Il en ressort près de 42 500 quintaux distribués, dont 29 000 SP et 26 000 NPK. Concernant les semences, elles ont atteint les 57 000 quintaux, selon le chef du service production de la DAS, M. Mechaar. Au passage, le responsable indique que le RFIG a concerné 701 dossiers et 4 autres demeurent à l'étude. Le montant global se rapportant à cette aide a dépassé les 17 milliards de centimes. Par ailleurs, les responsables n'ont pas éclipsé la problématique liée au transport au niveau de la CCLS au Khroub. C'est le seul hic d'ailleurs évoqué et critiqué lors de cette campagne. «Il est inadmissible que le fellah passe des heures à attendre pour récupérer la semence. De ce fait, la CCLS devient une entreprise et non pas une coopérative», a jugé le représentant des agriculteurs lors d'une émission régionale diffusée jeudi dernier à Constantine. Tout le monde s'accorde à dire que le problème touche les 48 wilayas. Mais on revendique, voire on interpelle, la direction nationale pour entrevoir une solution afin de doter la coopérative de son propre transport qui livre les produits aux fellahs en différentes communes. Ainsi, la wilaya de Constantine qui excelle dans les céréalicultures compte ensemencer 65 000 hectares. Une superficie rallongée cette année par 10 00 autres hectares, ce qui porte la surface totale arable à 75 000 hectares. Cette surface supplémentaire entre dans le cadre du nouveau défi lancé par les agriculteurs quant à la résorption de la jachère. Aussi, cette motivation est justifiée par les prix de cession de la semence. «Notre ambition dans la résorption de la jachère ne se limitera pas aux 10 000 hectares. Nous comptons élargir davantage le processus en sensibilisant les agriculteurs», confie M. Achouri, président de la chambre, et d'ajouter : «Le souci étant de ressemer d'autres spéculations fourragères,légumineuses alimentaires. Cela permet, outre l'aspect relatif au rendement, un couvert végétal et une biodiversité. Actuellement, la Chambre propose aux agriculteurs de se lancer dans le colza.» Plus loin, il affirme : «Les 55 000 hectares restés au repos devraient être exploités à l'avenir à leur maximum», ambitionne notre interlocuteur en soutenant que beaucoup de facteurs favorisent la résorption de la jachère. Les mesures incitatives décidées au profit des céréaliculteurs ont attiré autant de nouveaux agriculteurs qui profitent, outre du crédit sans intérêt RFIG, de beaucoup d'avantages : l'exonération de la TVA pour les intrants, la prime de multiplication de semences de 25 à 15% selon les catégories. D'autres soutiens touchent également l'utilisation d'engrais, la mobilisation de l'eau, et les infrastructures de stockage et matériel d'usinage, sans omettre les soutiens de 170 à 3 500 DA/ha pour l'utilisation de l'énergie électrique et 140-260 DA/ha pour l'utilisation de gasoil. Les mesures incitatives sont closes par les prix de cession des semences allant de 1 800 DA/q pour l'avoine à 4 500 DA/q pour le blé dur. Les prises en charge financières du traitement phytosanitaire de semences de ferme et de traitement contre les vers blancs sont aussi des atouts qui encouragent le nouveau schéma directeur du plan du renouveau rural agricole à être adopté «les yeux fermés» par les agriculteurs. La Chambre a validé cette saison 2 500 cartes d'agriculteur. Cependant, sur les 2 128 affiliés à la Chambre, on dénombre 105 multiplicateurs performants qui activent sur des aires de 20 à 1 800 hectares, c'est-à-dire les fermes pilotes. «Ces agriculteurs couvrent toute l'Algérie en besoins de semences, y compris la wilaya de Constantine», se félicite M. Achouri. Et de poursuivre : «Tout ce à quoi nous œuvrons vise à répondre à la politique tracée par le ministère pour se conformer aux lois du renouveau économique agricole et rural. La modernité dans la pratique et le respect des exploitations sont d'autres points à développer. L'utilisation de la jachère améliorera à coup sûr les espérances agraires économiques.» Pour corroborer ces objectifs, le président de la Chambre évoquera la formation à laquelle sont conviés annuellement les fellahs ou leurs fils, et même la femme rurale pour s'enquérir sur les modes se référant aux élevages bovin laitiers, à l'apiculture… «La Chambre forme près de 300 agriculteurs annuellement et invite tous les intéressés à prendre attache avec leur interlocuteur pour suivre ce genre d'apprentissage afin de mieux rentabiliser leur activité.» Occupant le haut du classement parmi les 48 wilayas en matière de production de céréaliculture, Constantine compte désormais réduire sa jachère progressivement dès lors que les soutiens techniques existent et sont proposé s par les services compétents en collaboration avec la Chambre de l'agriculture.
