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Phénomène cherche solution radicale
La contrebande à Tébessa se perpétue de génération en génération
Publié dans La Tribune le 23 - 07 - 2008

De notre envoyée spéciale à Tébessa
Badiaa Amarni
Tébessa, située à la frontière est du pays, est l'une des wilayas les plus touchées par le phénomène de la contrebande. La quasi-majorité des habitants en vivent. C'est même une activité qui se perpétue de génération en génération, affirment certaines personnes que nous avons rencontrées sur place.
La contrebande touche les tapis, l'électroménager, le bétail, les chaussures, les vêtements et les fournitures scolaires qui sont acheminés vers le territoire tunisien, nous apprend un enseignant de la région. A l'opposé, les produits tunisiens apportés de l'autre côté de la frontière sont les pâtes alimentaires, la tomate en conserve, halwat al tourk ou al chamia, l'huile de table, la semoule mais aussi les produits cosmétiques.
Beaucoup d'accidents dus à ces trafics sont survenus au niveau de la ville, causant des pertes humaines, essentiellement des enfants. Le jour de notre passage dans la région, un quotidien national a répercuté l'information selon laquelle des citoyens de la commune de Tlidjène (86 km au sud-ouest de Tébessa) ont bloqué la route nationale 83, reliant Chréa à Bir El Ater, suite à la mort tragique d'un adolescent de 15 ans percuté par la voiture d'un contrebandier. A en croire les informations et les témoignages des citoyens, le rapprochement est vite fait avec la surprenante scène que nous avons vécue le jour même. Dans la rue principale au centre-ville, nous avons remarqué un véhicule de type 404 de couleur bleu gris qui roulait à vive allure, donnant même l'impression que le conducteur avait perdu la maîtrise du véhicule. Au début, on croyait même qu'il était sous l'effet de l'alcool tellement sa voiture avait zigzagué de façon surprenante. Notre chauffeur avait vite compris. Il s'agissait bel et bien de la voiture d'un contrebandier.
Intuition confirmée par la suite par les citoyens. La contrebande est un évènement banal dans leur quotidien. «Nous assistons quotidiennement à des scènes similaires. Les contrebandiers circulent en plein jour à grande vitesse sans se soucier pour le moins des citoyens», affirment-ils encore.
Tébessa, c'est 297 km de frontières d'où la difficulté de faire face à ce phénomène, nous signale une source sécuritaire. Selon, cette même source, pour la majorité des autochtones de la bande frontalière, c'est plutôt leur principal gagne-pain. L'absence de l'Etat et d'activités économiques pour absorber le chômage sont, entre autres, les causes qui accentuent le problème de la contrebande. Les régions frontalières : Bir El Ater, Sefsaf, Louissira, et Oum Ali sont autant d'endroits par où passent les marchandises destinées à la contrebande.
Ces dernières sont acheminées à travers des pistes et des montagnes grâce à la complicité des populations des deux régions frontalières. Ces produits sont par la suite acheminés vers les régions limitrophes comme Oum El Bouaghi.
Notre périple, en quête de plus amples informations, nous mène vers la commune d'El Ouenza. Sur place, on apprendra que ce phénomène persiste malgré les efforts combinés des services de sécurité. Il est vrai que «la décennie noire a profité beaucoup aux contrebandiers», affirme Rafik, simple fonctionnaire dans une entreprise, ajoutant que l'étau s'est plutôt resserré autour d'eux depuis l'amélioration de la situation sécuritaire. Selon notre interlocuteur, «la contrebande se fait plus pressante du côté de la région de Zeroual et d'El Kalitous où du carburant et des ovins sont acheminés vers Guelaat Sinan, première localité tunisienne, qui constitue une porte vers Tébessa». Et de préciser que Zeroual est à environ 15 km des frontières tunisiennes, El Kalitous à 17 km et El Meridj à environ 20 km. Toutes ces régions représentent les frontières avec la Tunisie, du côté d'El Ouenza distante de quelque 70 km du chef-lieu de wilaya. Selon Rafik, «c'est la pauvreté et l'absence d'emplois qui poussent les gens à faire ce travail».
Les contrebandiers sont organisés en bandes, et connaissent mieux que quiconque toutes les pistes qui leur servent à acheminer les marchandises des deux côtés de la frontière, en utilisant des véhicules de types 504, 505, et 604. Les produits qui sont destinés à la contrebande sont surtout le cuivre, les cocottes en inox, en plus des carburants, des tapis traditionnels et des effets vestimentaires. De l'autre côté, les contrebandiers acheminent sur le territoire national l'huile tunisienne prisée par les citoyens car vendue moins chère que celle commercialisée, en Algérie, soit 100 DA le litre. D'ailleurs, nous apprend encore notre interlocuteur, les produits tunisiens sont très prisés par les consommateurs. Le marché d'El Ouenza est envahi par ces produits, essentiellement alimentaires, qui font le bonheur des populations. «Non seulement les prix sont plus abordables mais les goûts sont meilleurs surtout les pâtes de la marque la Rose blanche».
Ce phénomène de la contrebande qui prend de l'ampleur fait l'objet d'une attention particulière des services de sécurité. La Gendarmerie nationale ne cesse de traquer les contrebandiers qui reviennent toujours à la charge. D'où la nécessité de conjuguer les efforts de toute la société pour juguler ce fléau qui gangrène l'économie nationale et lui porte atteinte.
«La contrebande n'est pas seulement l'affaire des services de sécurité mais de toute la société.» C'est, en tout cas, la conviction des services sécuritaires aux frontières du côté d'El Ouenza.
A cet endroit, plus précisément au douar El Ghorba, un jeune confie qu'il a un peu travaillé en rap portant de la marchandise des frontières tunisiennes pour la revendre. Un travail qu'il ne fait plus maintenant. Interrogé sur les raisons qui l'ont poussé à cesser cette activité, le jeune homme, âgé de 27 ans, dira simplement que les conditions ont maintenant changé car les services de sécurité ont redoublé de vigilance.
A Tébessa, dans les magasins où sont stockées les marchandises des contrebandiers, un jeune homme suggère qu'«il faut d'abord commencer par définir le sens de la contrebande et dénoncer les barons du conteneur». Selon lui, «il faut aussi différencier entre la contrebande destinée à nourrir des familles entières et celle qui porte réellement atteinte à l'économie nationale». Ici, des cartons sont entassés jusqu'à atteindre le plafond à certains endroits. Là où le regard se promène dans ce magasin, il rencontre les différents produits stockés comme «Sfax huile», «Edhouaka» (épices), «Saltana» (tomate en conserve) et Sunsilk (shampoing)… Le magasin est vite envahi par une foule qui voulait donner son avis sur le phénomène. Notre premier interlocuteur n'a pas hésité encore à dire que «les contrebandiers doivent être classés à des niveaux qui vont de 1 à 30». Et d'ajouter que des hommes sont morts pour une histoire de 500 et même 10 kilos de pâtes. Confirmant ses dires, son compagnon a déclaré que son frère «est dans la prison d'Oum El Bouaghi depuis environ une année, car arrêté alors qu'il transportait de la marchandise». Toutes les personnes qui nous ont entourées ont dit que les peines encourues -une année d'emprisonnement et une amende dix fois plus importante que la valeur de la marchandise- «sont très lourdes et même injustes». Les jeunes expliquent qu'ils veulent des postes d'emploi stables afin d'arrêter cette activité entourée de dangers. Un ex-chef de service dans une société de transport de marchandises nous raconte qu'il s'est retrouvé à la rue après la fermeture de cette entreprise. Il pense qu'il faut donner du travail aux jeunes et investir si l'on veut que ce phénomène cesse. Et d'enchaîner que «les entreprises situées dans la zone industrielle de Tébessa ont été rachetées, mais sont toujours à l'arrêt». Pis, «les gens préfèrent créer des entreprises dans les autres régions, ce qui accentue la misère et le malheur des jeunes de notre wilaya». Chacun y va de son propos pour parler de la contrebande et tous ont appelé les pouvoirs publics et les autorités locales à s'impliquer davantage pour résorber le chômage et créer des emplois stables pour que l'on cesse de mourir pour une histoire de pâtes. A la sortie du magasin, nous remarquons un véhicule chargé de marchandises prêt à démarrer vers sa destination, soit Constantine ou Annaba ou encore une autre région limitrophe.


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