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Smaïn Hini, un mélomane dévoué à la musique classique algérienne
à travers l'association El Inchirah d'Alger dont il est président et membre fondateur
Publié dans La Tribune le 13 - 03 - 2010


Photo : S. Zoheir
Par Sihem Ammour
Œuvrant sans cesse pour la promotion et la préservation de la musique classique algérienne, Smaïn Hini, président et membre fondateur de l'association El Inchirah d'Alger, est l'initiateur de trois albums qui viennent récemment d'être édités à quelque mois d'intervalle.
Les deux premiers sont enregistrés avec l'association El Inchirah d'Alger, dont il est également le chef d'orchestre.
Il s'agit d'un coffret de 2 CD d'anthologie de la musique classique algérienne en hommage à M'hamed Sfindja et le deuxième album est l'enregistrement du concert de la veillée du Mouloud 2010. Le troisième opus est le premier album de sa fille Hasna, intitulé De notre patrimoine.
Mélomane passionné, il nous invite cordialement dans sa modeste demeure, située près du mausolée du saint protecteur de la ville d'Alger Sidi Abderahmane dans le mythique quartier de la Rampe Louni Arezki (ex- Rampe Valée).
Après avoir gravi quelques marches délabrées, nous franchissons le seuil de la demeure de l'artiste, au premier étage de l'immeuble qui abrite également l'appartement du populaire chanteur chaabi Amar El Zahi. Suite à notre perplexité sur l'état vétuste de l'immeuble, il nous confie avec un soupir : «Beaucoup de gens s'étonnent que j'habite cet appartement dans ce quartier populaire. Mais vous savez, de grands maîtres de la musique populaire sont venus dans ce salon, dont El Hadj Mohamed El Ghafour, El Hadj Mohamed Tahar Fergani, Bentobbal, Ahmed Serri et Mohamed Kheznadji.»
Il ajoute plus loin : «J'ai animé des concerts pour la plupart des président algériens et aussi pour des ministres et d'autres hauts représentants de l'Etat mais je ne me suis jamais permis de demander quoi ce soit pour mes intérêts personnels. C'est une question de dignité et d'éducation. D'autres l'ont fait, mais moi je préfère préserver ma fierté car un artiste ne quémande pas.»
Un parcours dédié à la passion de la musique
Né le 17 avril 1946 à la Casbah d'Alger, Smaïn Hini baigne dans une ambiance musicale dès sa plus tendre enfance auprès de sa tante paternelle Djida, une grande chanteuse kabyle et aussi auprès d'un autre membre de la famille qui était un «idebalen» (percussionniste) renommé.
Dans les années soixante, c'est en tant qu'élève du conservatoire d'Alger, d'où il sortira diplômé à la cithare, qu'il acquiert les premières bases de sa formation en musique arabo-andalouse auprès de grands maîtres, à l'instar de Abdelkrim Dali, Abderrezak Fekhardi et de Boudjemaa Ferguene à la cithare.
Smaïn Hini, explique : «J'ai eu la chance d'être formé par ces grands maîtres qui m'ont beaucoup apporté. Je tiens également à souligner l'aide que m'a apportée le directeur du conservatoire, le grand maître Mahieddine Bachtarzi. Même après avoir quitté le conservatoire je lui rendais souvent visite à la maison pour ses précieux conseils.»
En 1971, Smaïn Hini devient membre de l'Action culturelle des travailleurs (ACT) au sein de laquelle il a rencontré Kateb Yacine, Ali Zammoum et Ahmed Asselah. Avec l'auteur de Nedjma, il participé à la tournée nationale et en France pour l'interprétation de la pièce Mohamed prends ta valise en sa qualité de musicien de la troupe. Il fait également partie du staff des pièces Palestine trahie et
La Guerre de deux mille ans de Kateb Yacine.
Les années suivantes, il est membre fondateur et membre du jury du 1er Festival des ensembles vocaux de Sétif. Il est également membre de la troupe culturelle de la Sonelec avec Slimane Benaïssa et Omar Guendouz. Au début des années quatre-vingt, il est membre fondateur de l'Association El Fekhardjia. Puis en 1986 il est également membre fondateur, président et chef d'orchestre de l'association Es soundoussia.
En 1994, Smaïn Hini se distingue par la composition d'une nouvelle nouba avec le compositeur français Michel Montanaro. Une année plus tard, il réitère l'exploit avec la composition de la première nouba magrébine interprétée devant les ministres magrébins de la Culture à Alger.
Il revient sur les moments difficiles qu'il a endurés pendant la décennie noire (1990-2000) et insiste sur le fait que lui a préféré rester en Algérie malgré les menaces et la pression perpétuelle que vivait sa famille lorsqu'il devait se produire sur scène. Il confie : «On était pratiquement la seule association à continuer d'animer des concerts. Les musiciens transportaient leurs instruments dans des sacs-poubelles noirs pour ne pas se faire remarquer. Je tiens à remercier mes voisins qui ont toujours été vigilants et qui nous informaient dès qu'il y avait quelque chose qui pouvait mettre en péril notre vie. Certes, à un certain moment, j'ai été tenté de partir et j'ai même failli m'installer en France. Mais j'avais choisi de rester en Algérie et mener le combat dans mon pays au lieu de m'exiler ailleurs et faire dans le ‘‘commercial.''»
Sur un ton empreint d'amertume il ajoutera : «Ce qui me fait mal au cœur aujourd'hui c'est que ce sont ceux qui sont partis pendant les moments difficiles que traversait le pays et qui sont revenus une fois que les choses se sont calmées qui récoltent les lauriers de la gloire.»
El Inchirah, l'allégresse d'un nouveau départ
C'est en 1997 que l'association El Inchirah (l'allégresse) d'Alger voit le jour suite à la rupture de Smaïn Hini avec l'Association El Soundoussia.
Il revient sur cette rupture en expliquant : «Malgré le fait que j'étais arrivé à donner un grand impact à El Soundoussia ; il y a eu des conflits au sein de l'association à cause de certaines personnes qui pensaient avoir tout maîtrisé alors qu'elles avaient encore beaucoup de choses à apprendre. Face à cela j'ai préféré partir dans la dignité. J'ai tout laissé derrière moi ; le local de l'association que j'avais acquis grâce à mes propres connaissances pour le bénéfice des membres de l'association mais aussi tout un riche répertoire de musique arabo-andalouse.» Suite à cette rupture Smaïn Hini s'enferme chez lui et passe des moments difficiles.
Son épouse Rachida témoigne : «C'était un des moments les plus durs que nous avons traversés.
Il avait été profondément blessé en tant que formateur et en tant que membre de l'association.
Il a même voulu arrêter la musique. La création de l'Association El Inchirah était vraiment un moment de bonheur après la grosse déception que nous avons vécue. Ce qui lui fait mal, même aujourd'hui, c'est cette ingratitude qu'il subit de partout.» En effet, quelque temps après son départ, d'anciens élèves viennent à tour de rôle le solliciter pour des conseils pour l'interprétation de tel ou tel morceau musical. Puis, au fil des jours, le salon familial est devenu trop exigu pour accueillir tout ce beau monde. C'est ainsi que l'idée de la création d'une nouvelle association commence à germer et voit le jour en 1997.
Aujourd'hui, celle-ci compte près de 35 éléments dans la classe supérieure. En 1998, il participe également à la création du premier orchestre féminin de musique arabo-andalouse.
Il souligne : «C'était un défi à l'époque et à ce propos on m'a surnommé le ‘‘kamikaze'' car j'ai toujours été un fonceur et j'ai toujours relevé les défis les plus insensés. Mais, Dieu soit loué, le temps nous a donné raison et aujourd'hui l'Association El Inchirah a fait son chemin pour s'imposer sur la scène artistique par la qualité et le sérieux de son travail.»
Face à l'ingratitude, les filles Hini reprennent le flambeau
Le premier album hawzi de sa fille Hasna, intitulé De notre patrimoine édité chez Belda diffusion est dans les bacs depuis quelques semaines. Elle est accompagnée sur cet album par ses sœurs Kahina, Narimane et Yasmine. C'est suite aux encouragements de leur mère que les filles Hini se sont attelées à reprendre le flambeau.
Elles ont baigné dans la musique depuis leur jeune âge et ont toutes suivi une formation au sein de l'association et ont même été solistes. Hasna affirme que «ce qui nous a poussées à réaliser cet album, c'est l'ingratitude qu'à subie notre père. Depuis notre tendre enfance, nous l'avons vu aider les autres, les former et leur apporter ses précieux conseils. Mais rares sont ceux qui le lui rendent actuellement. Au début, il n'était pas très enthousiaste car il voulait que l'on se perfectionne encore. Il a fini par accepter, à condition que l'on fasse un travail de qualité».
Smaïn Hini explique que l'album a été réalisé dans une ambiance familiale. Mais il a été très rigoureux par rapport au choix des morceaux. Il ne voulait pas que ses filles fassent du «réchauffé» mais qu'elles relèvent le défi de présenter des titres de hawzi qui ne soient pas connus par le public. Hasna pense déjà au prochain album dans le style malouf. Son père précise qu'il lui a conseillé qu'il soit enregistré à Constantine avec des musiciens de la région afin que l'album puisse refléter réellement l'âme du malouf.
Aujourd'hui, Smaïn Hini assure le perfectionnement et la formation des membres de l'association dont les répétitions se déroulent dans un petit local du Bastion 23. C'est avec ironie qu'il souligne le paradoxe du fait que l'association soit conviée à animer des concerts pour les officiels et sur l'invitation d'autres associations de l'intérieur de pays. Mais El Inchirah d'Alger est rarement conviée à participer au programme officiel des manifestations culturelles. Pour les mélomanes, la prochaine soirée qu'animera l'association aura lieu le 27 mars prochain à Lakhdaria.


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