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Politique d'Israël : l'opposition vient de l'intérieur
Pacifistes, gauche non institutionnelle, objecteurs de conscience et juifs anti-sionistes
Publié dans La Tribune le 15 - 06 - 2010

Les débats sur l'assaut israélien contre la flottille battant pavillon turc et qui a fait 9 morts civils sont loin d'être clos. D'un côté, sur le plan conjoncturel, les Israéliens soutiennent en majorité l'action du gouvernement de Benyamin Netanyahu et maintiendraient la droite au pouvoir en cas d'élections anticipées. Un sondage publié récemment montre que 57% des personnes interrogées affirment que «leur confiance dans les responsables politiques et militaires n'a pas été entamée ou a même grandi» après le raid. A l'inverse, 37% ont déclaré que «leur confiance a diminué ou bien qu'elle n'existait pas avant ce drame». Toutefois 41% des personnes interrogées se disent préoccupées par l'isolement d'Israël sur la scène internationale, contre 52% qui ne partagent pas cette inquiétude. En cas d'élections anticipées, la droite au pouvoir l'emporterait haut la main, et disposerait d'une majorité d'au moins 70 sièges sur 120.
Le parti Likoud du Premier ministre verrait sa représentation passer de 27 sièges dans l'actuelle magistrature à 33, alors que les autres formations de la coalition de droite maintiendraient leur position, y compris le parti centriste Kadima (opposition). En revanche, le Parti travailliste qui participe au gouvernement, déjà très affaibli par le scrutin de 2009 s'effondrerait, en passant de 13 à 8 sièges.
Ce que ce type de sondage ne révèle pas, mais au contraire dissimule, c'est l'existence d'un troisième courant. Un courant qui ne se prononce pas pour ou contre ce gouvernement, mais contre la politique israélienne dans son ensemble. Un exemple illustre ce courant. Après l'échec de l'opération de la flottille humanitaire pour Ghaza le 31 mai dernier, un autre bateau devrait partir fin juillet.
Cette fois-ci, ce sont des juifs d'Allemagne qui préparent un bateau chargé d'aide humanitaire à destination de Ghaza. La liste des passagers n'est pas encore établie, mais nous avons beaucoup de demandes émanant du monde entier, a déclaré Deutschlandfunk Edith Lutz, qui prépare cet acheminement organisé par la section allemande du réseau «Juifs européens pour une paix juste» au Proche-Orient (JEPJ). Parmi les personnes intéressées figurent des Israéliens et des responsables politiques et d'autres qui ne sont pas juifs. Cependant, «les demandes de juifs seront prioritaires car leur présence aura plus de poids».
L'opposition par la critique médiatique
Il est bien connu que critiquer Israël en Europe et aux Etats-Unis est un exercice difficile d'autant que les amalgames entre anti-israélien et antisémite sont plus rapides et plus foudroyants que l'éclair, dans un monde médiatique qui a tendance à se complaire dans l'unanimisme.Helen Thomas, doyenne des correspondants de presse à la Maison-Blanche où elle avait commencé à travailler au début du mandat de John F. Kennedy, vient d'en faire les frais. Elle a été poussée à s'excuser, puis à démissionner après que ses propos anti-israéliens eurent provoqué polémique et consternation.
Toute la polémique est née d'une question sur Israël. «Dites-leur de foutre le camp de la Palestine…Souvenez-vous que ce peuple est occupé et qu'il s'agit de sa terre, que ce n'est pas l'Allemagne ni la Pologne», avait-elle ajouté à propos des Palestiniens.
En Europe, quelques 3 000 intellectuels juifs européens, dont Bernard-Henri Levy, Alain Finkielkraut et Cohn-Bendit, ont signé une pétition titrée «Appel à la Raison» (Call for Reason), avertissant qu'un soutien total au gouvernement israélien est dangereux. «Bientôt Israël sera confronté à une alternative désastreuse : soit devenir un Etat où les juifs seraient minoritaires dans leur propre pays ; soit mettre en place un régime qui déshonorerait Israël et le transformerait en une arène de guerre civile». La correspondance affirme également que «l'occupation et la poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est sont une erreur politique et une faute morale». JCall a recueilli plus de 5 600 signatures en ligne. Cette initiative a suscité de nombreuses critiques, notamment des organisations juives. Claude Kandiyoti explique cette réaction. Pour lui, Car JCall a empiété sur le territoire des organisations juives traditionnelles, considérées comme la seule voix politique légitime du judaïsme européen. Ces organisations, écrit-il, ont perdu leur légitimité à force de soutenir automatiquement toutes les politiques israéliennes. Ces juifs européens ne pensent pas qu'être partisans d'Israël, de son droit à l'existence signifient qu'il faille être d'accord avec toutes les décisions de son gouvernement. Pour Claude Kandiyoti, JCall est une voix légitime qui s'exprime par souci authentique pour le sort d'Israël, et qui aspire à une relation de confiance entre Israël et la diaspora. Son défi ? S'adresser aux faiseurs d'opinion et élargir sa base.
Rappelons que cette initiative s'est inspirée de l'exemple de «J Street», l'organisation de soutien à Israël créée aux Etats-Unis en 2008, par des juifs progressistes favorables à une solution à deux Etats pour contrer l'American Israël Public Affaires Committee (AIPAC), puissant lobby pro-israélien, aligné sur les positions du Likoud.
Les pacifistes en Israël
Parmi les mouvements pacifistes israéliens, citons «New Profile», «Shministim», «Courage To Refuse», «Combattants For Peace» et «Yesh Gvul». Tous soutiennent les personnes refusant de servir dans les territoires occupés. «New Profile» occupe activement le champ qui consiste à lutter contre la militarisation de la politique et de la société israéliennes. Ainsi s'opposent-ils sur le terrain à la présence de soldats en uniformes stationnés dans toutes les écoles israéliennes pendant plus d'une décennie. Ils s'insurgent contre le fait que des officiers soient envoyés pour s'adresser à des élèves. Il dénonce le nouveau plan gouvernemental qui prévoit que les écoles et les enseignants soient récompensés financièrement s'il y a une augmentation du pourcentage d'enrôlement de leurs diplômés. Compte-tenu du niveau croissant des brutalités policières et militaires contre les manifestants et de la répression continue que l'Etat exerce contre des militants et les organisations, la formation à la non-violence est apparue comme un besoin réel. Travaillant en étroite collaboration avec «War Resisters International», la «Coalition des femmes pour une paix juste» et d'autres organisations, New Profile a l'intention de créer un projet de formation à la non-violence en Israël.
Combattants For Peace a été fondé en 2005 par des Palestiniens et des Israéliens. Binationaux, renonçant à la violence à laquelle ils avaient recours plus tôt, les membres de ce mouvement se sont engagés dans l'activisme nonviolent et l'objection de conscience. Concrètement, les membres israéliens refusent de servir dans les territoires occupés et les Palestiniens rejettent publiquement la lutte armée.
Le mouvement de base est formé de 5 groupes locaux de militants binationaux qui opèrent dans différentes zones de la Cisjordanie et d'Israël. Il mène des actions de protestation communes et des manifestations afin de renforcer la solidarité et promouvoir la confiance mutuelle. La base du mouvement s'est élargie après les deux guerres sanglantes (au Liban en 2006 et à Ghaza en 2009).
Le mouvement a été récompensé par : Search for Common Ground Award (2007) ; Livia Foundation's Prize for Conflict Resolution (2009) ; The courage of conscience Award (2009) ;
et le Prix Euro-Med pour le Dialogue entre les Cultures (2009).Yesh Gvul (Il y a une limite) est un petit groupe aux ressources limitées humaines et financières, né en réaction à l'invasion du Liban par Israël en 1982, alors qu'un nombre croissant de soldats ne voulaient pas participer à cette guerre. Son slogan est : «Nous ne tirons pas, nous ne pleurons pas et nous ne servons pas dans les territoires occupés.» Yesh Gvul est à l'avant-garde du mouvement pacifiste israélien. Avec des membres issus d'opinions politiques diverses, Yesh Gvul n'est pas lié à un programme de paix spécifique. Son objectif global est de lutter contre l'utilisation abusive de l'armée à des fins illégitimes et de mettre fin à l'occupation. Il y a consensus dans le groupe sur la solution de deux Etats, comme clé de la résolution pacifique du conflit israélo-palestinien, dans l'intérêt des deux peuples.
«Courage To Refuse» a été créé en 2002. Le mouvement s'adresse essentiellement aux soldats qui décident de refuser de servir dans les territoires occupés. Il leur apporte une couverture politique claire et leur fournit de l'aide tout au long de leur processus de refus.
L'un des mouvements les plus connus est «La Paix maintenant» fondé en 1978 par 348 officiers de réserve et soldats des Forces de défense d'Israël. Premier mouvement de masse pour la paix en Israël, il est rapidement devenu la plus grande force extraparlementaire, attirant des centaines de milliers de participants à ses rassemblements et activités. La normalisation est la pacification des relations d'Israël avec son environnement, principal objectif de ce mouvement. «La Paix maintenant» s'est illustré dans son action contre la guerre de 1982 au Liban, mobilisant 400 000 personnes dans une manifestation. Aussi plaide-t-il en faveur d'un accord de paix avec la Syrie sur les bases d'un retrait israélien des hauteurs du Golan dans le cadre d'un accord de sécurité et l'établissement de relations pacifiées avec Damas. «Israël ne sera jamais en sécurité tant qu'il ne sera pas en paix avec ce
puissant voisin.» S'agissant d'El Qods, le mouvement estime que les deux Etats doivent avoir la ville sainte pour capitale : les Palestiniens dans les zones arabes, les Israéliens dans nos zones. Les sites religieux seraient ouverts à tous. Quant aux colonies, elles seraient gérées à travers un accord de paix : certaines pourront être absorbées par Israël, certaines seront démantelées ; les autres seront soumises à la souveraineté et à la loi palestinienne.
Selon El Khiate Jamila, son combat a réussi à modifier l'opinion publique israélienne, de moins 1% en faveur de l'établissement d'un Etat palestinien à plus de 50% supportant cette idée en 1997. Cela étant, «La Paix maintenant» est un mouvement sioniste. A ce titre, il pense qu'un Etat démocratique juif peut et doit être établi. Il estime que l'Etat palestinien devrait être exempt de certaines armes, et que ses frontières occidentales correspondent en général à la ligne verte, ouverte au mouvement des personnes et des biens.
«La Paix maintenant» a subi de nombreuses critiques lors de la guerre sur Ghaza. Michel Warschawski, de l'Alternative Information Center, rappelle que «la Paix maintenant» et le Meretz ont considéré que l'agression contre le peuple de Ghaza était justifiée, voire nécessaire. «A l'instar de la droite, la gauche sioniste n'a guère fait de distinction entre la population ghazaouie, le gouvernement Hamas et les groupes marginaux». Ce n'est que le 15 janvier que le secrétaire général de «la Paix maintenant», Yariv Openheimer, a publié une déclaration appelant le gouvernement à cesser l'attaque contre le centre de Ghaza, devenue, après plus de deux semaines de bombardements, «moralement illégitime». Puis il appelait le gouvernement à signer un accord avec le chef de l'Autorité
palestinienne en profitant du choc subi par le Hamas.
La stratégie du boycott
L'opposition à la politique israélienne passe aussi par des actions économiques telles que le boycott. La presse évoque une «Intifadha économique» contre Israël, selon les propres termes de Mahmoud Abbas.
Cette campagne a débuté fin 2009, en plaçant des affiches anti-israéliennes à l'entrée de Ramallah et exhortant tous les Palestiniens à boycotter les produits israéliens.
Un nouveau texte législatif, qui interdit la vente de produits juifs fabriqués en Judée Samarie, a été signé en avril 2010 par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Salam Fayyad a décidé de mettre en œuvre cette loi en instaurant un contrôle sévère à l'entrée des grandes villes. Une liste noire a été dressée par le ministère de l'Economie palestinien qui compte pas moins de
2 000 articles différents. La contestation tant en Israël que dans le monde est telle que le Parlement israélien a décidé
de réagir, notamment à la multiplication des mesures visant le boycott des produits israéliens. Ainsi les députés de la Knesset ont déposé un projet de loi pour contrer la vague de boycott. Le but est d'instaurer des dispositions contraignantes à l'encontre des citoyens israéliens ou des entités étrangères qui initieraient ou apporteraient leur soutien à la campagne de boycott des produits made in Israël. Le projet prévoit aussi un gel systématique des fonds qu'Israël reverse directement à l'Autorité palestinienne et ainsi un dédommagement pour les secteurs économiques israéliens touchés par cette campagne de boycott.
Le projet a été élaboré par le chef du groupe parlementaire Dalia Itzik (candidate malheureuse à la présidence), ainsi que par le président de la commission des Affaires étrangères Tzachi Hanegbi et le président de la coalition Ze'ev Elkin. Les auteurs de cette loi anti-boycott espèrent que le projet sera adopté pour dissuader les auteurs de cette campagne de boycott et dédommager les
commerçants juifs de Judée Samarie qui souffrent le plus du boycott. Ce qui est totalement illégal au regard du droit. Les pénalités financières pourront atteindre jusqu'à 30 000 shekels.
Sur le plan économique toujours, la Coalition des femmes pour la paix mène une campagne l'exploitation commerciale des colonies
et à ce titre, s'oppose à l'installation d'Agrexco à Sète. L'établissement d'une filiale d'Agrexco à Sète est une violation israélienne majeure des Accords d'Association européens avec Israël car il sera utilisé pour exporter des fruits et légumes de colonies israéliennes dans les territoires occupés vers l'Europe. De plus, l'application par Agrexco des mesures israéliennes consistant à obscurcir l'origine des produits agricoles des colonies en les mélangeant aux produits de l'intérieur d'Israël redessine activement la carte de la région afin de maintenir et d'approfondir l'occupation de la Cisjordanie. La dissimulation des origines des exportations agricoles d'Agrexco est vitale pour l'économie israélienne d'occupation. Selon Dov Weissglass, conseiller de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon, «Si Israël maintenait son refus de marquer les produits issus des colonies, toutes les exportations israéliennes vers l'Europe seraient taxées». Cela voudrait dire que les produits israéliens seraient incapables de rivaliser en Europe, qui achète les 2/3 des exportations israéliennes, pour un montant de 18 milliards de dollars par an. Or, selon Weissglass, Israël dépend économiquement de l'Europe, et militairement des Etats-Unis. Cela dit, l'efficacité de cette démarche restera très relative tant qu'elle ne s'élèvera pas au niveau d'une stratégie plus largement appliquée.
L. A. H.


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