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«Tlemcen grossit aux dépens des biens de la culture»
Le Dr Benssenouci El Ghaouti, archéologue et spécialiste en culture populaire :
Publié dans La Tribune le 19 - 06 - 2010

Entretien réalisé par notre correspondante à Tlemcen
Amira Bensabeur
LA TRIBUNE : Tlemcen demeure, un révélateur symptomatique de la complexité de ces rapports multidimensionnels qui animent la ville. Peut-on avoir plus de détails ?
Dr Benssenouci El Ghaouti : Au-delà de ce qu'ils polarisent comme attributs sémantiques, les deux vocables d'histoire et de mémoire sont usuellement associés, presque toujours confondus dans une étreinte lexicologique inévitable.
Cette confusion tient probablement au fait que l'histoire est généralement considérée comme une discipline de mémorisation qui ferait de la mémoire un réceptacle exercé à rassembler l'information et capable de la maîtriser.
La mémoire, à mon avis, doit être entendue dans son sens le plus large et le plus riche. Elle est un patrimoine mental, un ensemble de souvenirs qui nourrissent les représentations, assurent la cohésion des individus dans une société et peuvent inspirer leurs actions
présentes. L'histoire, quant à elle, est avant tout une procédure de vérité, une reconstruction problématique du vécu des hommes dans le passé.
À travers la description des événements -dans leur temporalité autant que dans leur compromis- elle est aussi l'analyse de l'esprit et de la culture de cette même société.
Elle entretient donc une relation dialectique avec la mémoire et sustente son lien consubstantiel avec le présent.
De ce fait, notre identité est en constant devenir, toujours irriguée par des apports extérieurs comme par les transformations internes de notre société et Tlemcen, ce sanctuaire de l'histoire, semble d'ailleurs la ville idéale pour accueillir et comprendre un tel sentiment.
Cette métropole d'équilibre évoque, mieux que toute autre en Algérie, l'évolution de la civilisation de l'homme avec une suite extrêmement variée de réalisations culturelles où s'entrecroisent des influences diverses (berbère, arabe, africaines, andalouse, latine,
germanique, espagnole, turque et française) et où le fait culturel – en tant qu'effort de l'individu pour comprendre le monde et s'adapter à lui - a joué un rôle important dans la régulation et l'encadrement de la vie en société.
Le fait religieux, en particulier, a eu ses incidences notables sur l'aventure humaine.
Peut-on avoir plus d'illustrations par quelques évidences significatives sur la construction de notre mémoire identitaire?
En effet, durant des siècles, musulmans, juifs et chrétiens ont su y vivre ensemble, souvent en bonne intelligence, à telle enseigne que certains historiens n'hésitent pas à surnommer Tlemcen «la Jérusalem du Maghreb». Comme elle, elle s'enorgueillit de réunir sur son territoire les substrats d'un patrimoine multiconfessionnel connu ; je ne citerai, à cet égard, que les deux mausolées considérés, aujourd'hui encore, comme de hauts lieux de pèlerinage pour les musulmans, celui de Sidi Boumediene (un grand nom du soufisme maghrébin du XIIe siècle) et pour les israélites, celui d'Ephraïm En'Kaoua (grand rabbin, arrivé d'Espagne en 1391 pour fuir les affres de l'Inquisition. Éminent thérapeute formé à l'école de Tolède, ce dernier fut longtemps au service du sultan zeyyanide Abou Tachfîne). Par leurs enseignements, ces deux Andalous, dont les sépulcres continuent à attirer des foules venues de partout, ont eu le mérite - avec d'autres- d'avoir contribué à réaliser, de manière accessible à l'homme du peuple comme au lettré, l'heureuse synthèse des influences qui ont donné le ton à l'esprit nord-africain. Le souffle modérateur qu'ils ont ainsi imprimé à leur entendement n'aura pas manqué de déteindre profondément sur cette mosaïque consciencieuse des Tlemcéniens d'hier et d'aujourd'hui.
D'ailleurs, au-delà de cet héritage spirituel qu'ils partagent avec les peuples du Bassin méditerranéen, ceux-ci s'abreuvent aux mêmes sources des coutumes et des traditions. Les différences sensibles que l'on y décèle restent liées plutôt aux influences locales
qu'à une différenciation originelle.
Les peuples vivant sur les deux rives de la Méditerranée conservent, en effet, la quintessence de l´héritage culturel commun qui prit naissance dans ce carrefour fondamental des grandes civilisations et ils se sont façonné, de part et d´autre, des affinités qui les maintiennent en perpétuelle recherche, tant sur le «jeu» de mémoire que sur la «pulsion» qui les invite à de nouvelles créations. Sur le plan musical, par exemple, la musique classique, dite arabo-andalouse, se maintient grâce à une tradition orale dans laquelle mélisme - et autres ornementations - restent significatifs d'une synthèse des civilisations orientales et occidentales qui ont dominé l'espace méditerranéen.
Cette tradition, représentée à Tlemcen par l'école «gharnatie» qui se revendique de Grenade, établit s'il en faut l'interaction entre ces peuples qui a donné naissance à une expression culturelle incorporant les divers éléments mélodiques et rythmiques de la Méditerranée.
Quant aux langues vernaculaires, à travers lesquelles se sont transmises ces coutumes et ces traditions, elles demeurent
héritières d'un répertoire de formes d'expression qui attestent leur identité culturelle.
Ainsi, si l'on considère géographiquement et historiquement la région de Tlemcen, on est frappé par l'importance de ce carrefour d'invasions militaires et ethniques, d'échanges commerciaux, idéologiques et religieux, dont la situation ne pouvait qu'aboutir à un incessant va-et-vient de langues véhiculaires de cultures. Cette région a connu notamment les trois groupes de langues que sont l'indo-européen, le sémitique et l'ouralo-altaïque et le parler tlemcénien constitue un chaînon du grand ensemble des parlers maghrébins, très proches par les traits de leurs schémas phonologiques et morphologiques.
Donc, on peut dire que l'histoire reste un vecteur avéré de la mémoire puisqu'elle la construit...
Tout à fait. Pourtant, cette inscription dans l'actualité tend à l'emporter, parfois, sur le regard de l'historien qui passe au second plan et ce retour en force de la mémoire, auquel on assiste depuis quelques temps, en est un témoignage évident.
Les débats sur les essais nucléaires du Sahara et ceux sur la guerre d'Algérie sont des exemples frappants d'un vrai télescopage entre la mémoire et l'actualité, dans lequel les médias, les politiques et la justice prennent le pas (non sans une certaine xénophobie
rétrospective) sur les historiens, même si ceux-ci y sont sollicités comme experts.
Aussi, force est de constater que l'histoire ne peut échapper à l'emprise de cette mixité indissoluble du sujet et de l'objet (pour reprendre l'expression de cet antiquisant français Marrou). Ce qui pose le problème de la personnalité de l'historien qui se doit de ne pas relativiser la vision de l'histoire et de toujours avoir pour norme la vérité, même s'il n'est pas certain de l'atteindre. La mémoire n'en sera que mieux authentifiée.
Quels repères historiographiques de la ville de Tlemcen ?
Il est aujourd'hui certain qu'à l'époque préhistorique, des humains ont habité la région comme l'attestent l'existence de nombreuses stations troglodytes au sud-ouest de l'actuelle ville de Tlemcen. On peut penser que cette présence remonterait à la première période du paléolithique supérieur et qu'elle serait même contemporaine de la civilisation de la Mouilah dont on a retrouvé d'importants vestiges à Chiguer (à quelque 35km à l'ouest de Tlemcen), voire de l'aurignacien, ce faciès industriel de l'Europe occidentale qui semble correspondre à l'arrivée des hommes anatomiquement modernes. C'est à partir de l'époque protohistorique que Tlemcen aura son histoire. Le site qui fut choisi par les premiers habitants (et qui est protégé par l'oued Mechkana au nord) était tout indiqué pour l'établissement d'une forteresse que les anciens Berbères ont appelée Agadir (Djidâr ?). Sur le même site fut bâtie Pomaria, un castellum de sept ha environ, qui demeura jusqu'à l'arrivée des Vandales en 430 avant J.-C. un poste avancé de la pénétration romaine en Afrique du Nord de l'Ouest.
…Et au sujet des siècles de l'islam ?
Tlemcen apparaît, dès le début, comme une ville-étape entre l'Orient et l'Occident musulmans et s'impose comme centre principal du Maghreb central. L'histoire de la ville musulmane commence à partir du VIIe siècle, et, des la seconde moitié du VIIIe siècle, Agadir fait figure de métropole du schisme khârijite avec les Beni Ifren, la plus grosse des tribus Zenâta. En 790, elle est occupée par les Idrîssides et demeurera, pendant tout le IXe siècle, un pôle de diffusion de leur influence religieuse à travers les campagnes du Maghreb central. La prise de la ville par les Almoravides, au XIe siècle, marquera une étape décisive dans son évolution puisque ceux-ci édifièrent une nouvelle cité sur un plateau de l'ouest d'Agadir et lui donnèrent le nom de Tagrart (campement).
Ce premier dédoublement était d'ailleurs une pratique courante dans la tradition des musulmans, comme à Fostat (le premier Caire) et à Kairouan. Sous les Almoravides, un nouvel âge commence pour l'art musulman de cette région. Ces derniers, après la conquête de l'Espagne andalouse, allaient très vite s'affirmer en bâtisseurs de forteresses, mais surtout de sanctuaires tels que le Maghreb n'en avait encore jamais vus. Tlemcen en conserve une somptueuse mosquée, considérée comme l'un des spécimens les plus beaux et les mieux conservés de l'art almoravide. Ces sultans maghrébins avaient, en effet, conquis l'Espagne musulmane mais ils furent conquis par la civilisation andalouse à laquelle ils venaient d'ouvrir, pour longtemps, les frontières du Maghreb.
En 1143, les Almohades, venus du Maroc, prirent possession de Tlemcen et en firent un chef-lieu de leur empire. Vers 1154, El Idrîssi la décrit comme une ville florissante par ses aspects urbains, sociaux et économiques.
Plus encore que les Almoravides, les Almohades se faisaient les mécènes de l'art hispano-mauresque et allaient contribuer à la naissance d'un «syncrétisme» de l'art musulman occidental qui se développa entre l'Ifriqiya et l'est du Maghreb central, d'une part, et les terres occidentales de l'Andalousie, d'autre part. Mais la période la plus faste de Tlemcen se situe incontestablement entre les XIIIe et XVIe siècles, à l'époque de la dynastie des Zeyyanides. Tlemcen est alors élevé au rang de ville royale et elle s'affirme comme un pôle de la science et des arts.
C'est à cette époque que l'on doit vraisemblablement la construction de nombreux édifices religieux, civils et militaires qui attestent, tous, et sans équivoque, l'empreinte andalouse, ce qui s'explique naturellement par les échanges continuels entre ces deux régions.
A propos du rayonnement de la culture musulmane
Tour à tour, capitale régionale aux époques almoravides et almohades, puis capitale du Maghreb central à l'époque zianide, Tlemcen a abrité pendant ces années glorieuses de nombreux saints et savants. L'une de ses madrassas les plus célèbres, la Tachfiniya, dont le rayonnement culturel s'était propagé jusqu'à l'Orient et l'Andalousie, fut le siège d'un enseignement aussi intense que plurivalent ; on y enseignait toutes les sciences connues en ce temps et on y accueillait des étudiants venus de toutes parts.
Sur la direction avisée du sultan, l'on y dispensait un enseignement basé essentiellement sur une tolérance intelligente et franche ; cette ouverture d'esprit permettait ainsi l'avènement de nouvelles méthodes d'éducation qui ont produit cette profusion savante qui versa souvent dans l'érudition et porta ses fruits à l'humanité entière. La Tachfiniya, de par la richesse de son enseignement et la beauté de son architecture, dépassait toute imagination.
El' Thénessy rapporte ainsi dans sa description de cette université que «tous ceux qui pénétraient en ce lieu étaient émerveillés par la beauté de son éclat». La madrassa Tachfiniya fut détruite par les Français en 1873, pour satisfaire au projet d'alignement du paysage urbain colonial après que ses démolisseurs en eurent fait des relevés.
On retrouve d'ailleurs un tracé mis au point par l'officier français Slomens, expert en génie civil, avec la collaboration de l'architecte Duthoit, qui délimite parfaitement les dimensions et formes architecturales distinguant cette école.
A son emplacement fut édifiée la mairie. Une place publique a été érigée, ensuite, sur les mêmes lieux, détruisant des repères architecturaux, n'épargnant que certains ouvrages historiques qui continuent de perpétuer la Tachfiniya.
Quant à «Dar' El'Moudjâdala», c'était un autre haut lieu de la science. Située sur la colline d'El'Koudya, c'était un centre de savoir mais surtout un observatoire astronomique qui permettait aux initiés de suivre et d'observer le mouvement des astres.
La littérature médiévale fait référence à de nombreuses œuvres produites à Tlemcen (sur la demi-dizaine de siècles qui s'étend de l'avènement de l'empire almoravide - XIe siècle - à la chute du sultanat zianide - fin du XVI e siècle). Cette littérature se compose
autant d'œuvres religieuses que séculières, et constitue un champ d'étude riche et complexe.
Elle révèle l'existence de nombreuses formes qui contiennent en germe tous les genres littéraires et scientifiques modernes.
La ville a perdu son rôle de capitale du Maghreb central après avoir connu de profonds bouleversements, particulièrement à
l'époque coloniale française. Malgré cela, la Médina - ou ce qui en subsiste - conserve encore certains éléments typologiques et architecturaux de l'urbanisme local. Plus de détails ?
La lecture de l'espace urbain de la ville de Tlemcen, dans ses différentes composantes, permet de relever une certaine dichotomie subversive entre une structure traditionnelle (la medina) répondant à une fonction spécifique et une structure récente à vocation résidentielle et de service. La coexistence de ces deux entités urbaines a pour principale caractéristique une rupture dans la forme d'appropriation de l'espace, et le schéma de structure tel qu'adopté par les plans d'urbanisme récents n'a fait qu'accentuer cette dualité urbaine qui s'est traduite par des ensembles bâtis, désarticulés sur le plan fonctionnel et formel. Par ailleurs, l'apparition d'espaces marginalisés au niveau de la ville ne s'est pas limitée aux zones géographiquement défavorisées ou de création récente (comme les grands ensembles, la banlieue, les nouveaux quartiers, etc.), mais elle concerne aussi des espaces historiquement prestigieux.
Ces derniers, dont la centralité est souvent multiple (à savoir : urbaine, historique, sociale, culturelle, identitaire et économique) sont parfois des territoires urbains ayant souffert, à travers leur évolution, dechangements sociaux et économiques tels qu'ils ne sont plus aptes à subvenir aux besoins nouveaux. Leur situation demeure de la sorte assez problématique ; territoires exclus des circuits principaux des échanges et des activités, défigurés et souffrant cruellement d'un manque d'animation, ces espaces subissent un dépeuplement regrettable… A vrai dire, il est à craindre pour qui visitera Tlemcen aujourd'hui qu'il ressente quelque humeur à vouloir confronter la réalité présente avec celle que colore le reflet des livres des chroniqueurs. Dans cette ville taillée et retaillée par des urbanistes indiscrets au gré de leurs lubies ou de leur impéritie, attaquée par le temps et l'ignorance des usages du monde, ce visiteur reconnaîtra mal la cité royale dont le sultan Abou Tachfine avait fait un des plus beaux exemples de l'urbanisme médiéval. Tlemcen, en effet, est une agglomération qui grossit très vite, mais elle grossit, fort malheureusement, aux dépens des biens de la Culture. Comme les «villes d'antan», elle n'a pu échapper au phénomène de l'explosion urbaine et à ce qu'il peut en résulter comme mutilation d'une «cité historique» qui a certainement joué le rôle le plus décisif dans l'affirmation de l'identité du Maghreb Central, en préfigurant l'Algérie moderne…
Tlemcen s'est desserrée aux dépens de sa périphérie (le haouz) jusqu'aux anciens villages coloniaux d'Abou Tachfîne (Bréa), de Chetouane (Négrier) et de Mansoura.
L'agglomération pluri-communale a crû, en effet, au taux cette fois excédentaire de 3,4 %, passant de 93 143 (en 1977) à 137 197 hab. (en 1987) puis à 180 000 hab. (en 1998).
D'autre part, Tlemcen connaît, sur le plan des infrastructures locales, une extension prodigieuse matérialisée essentiellement par entre autre le développement d'une zone industrielle de 220 hectares et d'une zone semi-industrielle de 80 hectares, par la croissance de l'université comme acteur de développement urbain durable...
Face aux enjeux de la mondialisation, Tlemcen, avec ses ressources humaines et naturelles remarquables, et grâce notamment à sa position géostratégique privilégiée, prend une envergure économique et culturelle très importante. Les différents plans de développement réalisés, ou à venir, tendent à en faire une mégapole à la mesure des défis sociaux et économiques du développement de la région.


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