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La férocité au menu de l'été
Le deux poids, deux mesures de l'hégémonie médiatique
Publié dans La Tribune le 07 - 08 - 2008

à Pékin, c'est l'ouverture des jeux Olympiques. Les Grecs de l'Antiquité avaient fait de la période de ces confrontations sportives un moment de trêve. Les armes comme les conflits devraient rester dehors. Une trêve n'existe qu'entre adversaires ou entre ennemis. Les hommes qui reprirent cette idée -à laquelle ils ajouteront un idéal : l'idéal olympique– l'ont également conçue comme une pause dans les conflits, les confrontations et les menaces. Il en fut ainsi même à l'époque du nazisme et de l'organisation des Jeux à Berlin sous le règne d'Hitler. Plus d'un demi-siècle après, une relecture tronquée des faits, faite de raccourcis et de contrevérités, veut réduire la longue période de complicités entre nazisme et capitalisme obsédés par la lutte anti-communiste et la destruction de l'URSS à une sorte de mollesse face au danger fasciste.
Une sorte d'aveuglement sur la nature réelle du nazisme, une sous-estimation de ses dangers. Il est plus facile en effet de parler de pusillanimité des dirigeants occidentaux de l'époque que de reconnaître et d'expliquer que l'idéal et l'expérience communistes restaient le danger suprême pour ces dirigeants. Le socialisme : voilà le vrai danger !
Cette relecture n'est pas seulement une déformation du passé. Elle joue un rôle pour le présent en tirant cette leçon essentielle aux yeux de ceux qui la produisent : il faut frapper vite ce qu'il leur plaît d'appeler fascisme, atteinte aux droits de l'Homme, atteinte aux libertés, régimes totalitaires. Ces vingt dernières années, c'est-à-dire depuis la chute du mur de Berlin, cette position s'est élaborée et développée autour du droit d'ingérence humanitaire. Le travail médiatique, la présence permanente des prophètes de cette nouvelle religion sur les plateaux télés et les émissions radio ont fini par imposer ces termes, ces mots, ces notions comme «naturel» le droit des «démocraties» à porter le fer et le feu dans les lieux de la barbarie. Il est d'ailleurs remarquable de noter que les Grecs qui nous ont légué les jeux Olympiques, l'idée de démocratie –comme système de gouvernement des seuls maîtres– et la notion de civilisation nous ont également légué cette division des hommes entre civilisés et barbares. Rome ira plus loin en divisant le monde entre le monde de la civilisation et celui du chaos que devait séparer la ligne du limes, suite de fortifications, de fortins et de postes de surveillance. L'Empire avait forgé les concepts et les armes qui les mettaient en pratique. La structure mentale n'a pas beaucoup changé malgré les millénaires et quelques poussières.
La structure de sens non plus.
On prend juste les mots qui conviennent à l'époque. Mais le reste ne varie presque pas, sinon au plan tactique. Mais les Grecs et les Romains avaient déjà installé le cadre conceptuel. D'un côté, vous avez les peuples raisonnables et rationnels, industrieux, disciplinés, travailleurs (mais alors que faisaient les esclaves, les serfs, les colonisés, les indigènes qu'on faisait suer ?) et, de l'autre, le monde du désordre, de l'incapacité mentale, du règne des instincts. Le monde de la foule. Et les murs invisibles que dresse l'Europe par pays tiers et dominés ne diffèrent en rien du limes romain. Comme ne diffèrent en rien dans cette Europe –puisque nous parlons de sport– les techniques d'occupation des foules. L'Europe se soucie beaucoup du pain à assurer à sa plèbe en dominant les autres contrées –Rome prenait son blé en Algérie et son argent partout dans ses possessions– et lui assurant des jeux.
Du pain et des jeux. Pour contenir les foules. Les footballeurs africains ou latinos ont remplacé les gladiateurs gaulois, thraces ou libyens. Saddam Hussein a remplacé Vercingétorix et d'autres que l'Irakien remplaceront Jugurtha. La justice de Rome planait sur les récalcitrants et le TPI s'occupe de rendre universelles les sanctions contre les criminels avérés et les résistants authentiques. Au bout de ces vingt ans d'hégémonie médiatique, il ne reste plus rien ou plus grand-chose à opposer à cette furie de l'ingérence. Associations, ONG, partis politiques –et principalement les partis politiques de gauche– bêlent à l'unisson. Au moindre soupçon d'une faute presque toujours fabriquée par eux–mêmes, ils préviennent : si vous n'intervenez pas vous serez des Munichois. Alors il faut intervenir. Peu importe que ces interventions se traduisent par des centaines de milliers de morts. Ce sont de bonnes morts. Elles ne sont pas les leurs. L'Irak transformé en cimetières, Ghaza en prison à ciel ouvert, les prisons clandestines de la CIA, la torture généralisée ; Guantanamo et bien d'autres choses nous apprennent tous les jours combien cette distinction sommaire entre barbarie et civilisation inventée il y a des siècles et des siècles est restée meurtrière.
Cette transformation de la supériorité matérielle et technique momentanée –toujours momentanée comme le prouve l'histoire ancienne de notre propre Méditerranée et aujourd'hui l'Inde ou la Chine-, cette transformation d'une supériorité matérielle en modèle a un nom très simple : le racisme. Est raciste toute personne qui croit à sa supériorité –quelle qu'elle soit– sur d'autres hommes de quelque façon qu'on les désigne ; par la couleur, la religion, la langue, etc. Le problème avec les racistes reste qu'ils n'en ont aucune conscience. Strictement aucune, d'autant qu'ils peuvent très bien combattre des groupes qui se réclament ouvertement de la supériorité raciale. Ils combattent en fait l'outrance et des formes devenues inacceptables. Les formes ont changé. L'infériorité est devenue l'incapacité d'accéder à la modernité –qu'est-ce que c'est la modernité ?- à la liberté des femmes, à l'esprit critique, à la démocratie.
La tare n'est plus congénitale, biologique. Elle est culturelle. Et les notions sur lesquelles on juge de l'état des sociétés ne sont plus politiques ou historiques mais également culturelles. Comme dans ce dossier du Nouvel Obs dont je vous ai parlé. A croire que les musulmans pilotent des avions, naviguent sur les mers, construisent des immeubles ou des usines, génèrent et produisent l'électricité en écrivant des talismans ou en ayant recours au Vaudou.
Au terme de ces vingt années, les Jeux de Pékin nous donnent la nouvelle mesure de la férocité du combat qui se mène. Aux yeux des dirigeants occidentaux et surtout aux yeux de leurs «opinions publiques» travaillées au corps par des médias sionisés ont remis en cause le principe de la trêve olympique. C'est une profonde atteinte à l'esprit et à l'idéal olympique. Et cela marche. Pékin doit donner des gages sur tout. Autant lu demander d'accepter une tutelle étrangère. Mais Pékin nous découvre combien ces «opinions publiques» sont devenues interventionnistes et impérialistes. L'épisode de la viande chinoise et indienne fut également révélateur.
Les prix des céréales ont augmenté. Sur les chaînes télés et sur les radios, dans les journaux et dans les magazines, des experts nous ont doctement expliqué que les pressions sur les prix des céréales provenaient aussi –ils voulaient que nous comprenions venaient surtout– des modifications alimentaires des Chinois et des Indiens.
Les peuples de ces deux pays mangent plus de viande et de nous faire le calcul de l'équivalent d'un kilo de viande en kilo de céréales. La viande dans les assiettes chinoises ou indiennes privait le paysan malien de son quota de riz. L'explication est peut-être techniquement juste, elle n'en demeure pas moins profondément raciste. La viande dans l'assiette allemande ou française va de soi. C'est un acquis historique –sur le dos de sui ?– mais la viande dans la marmite chinoise ou indienne est discutable. Nous savions bien que le menu européen nous privait de beaucoup de céréales mais c'est le menu des maîtres. Ils y ont droit.
Pas les pouilleux d'Asiatiques.
Comment se fait-il que des équations aussi évidentes puissent échapper à ceux qui parlent et qui en abusent ?
Elles ne leur échappent pas.
Ils ne les voient pas. Littéralement. Elles n'existent pas. Tout simplement. Les hommes voient ce qui est dans leur champ de vision et nous savons depuis longtemps que le champ de vision est déterminé par la culture. Les exemples les plus simples restent ceux des signes de la nature. Dans un lieu que vous ne connaissez pas, la place des arbres, des roches, des objets ne vous dit rien en dehors peut-être de leur beauté. Pour l'indigène qui la connaît, la nature parle. L'orientation des dunes, leurs formes, la présence du sable dans tel ou tel recoin, la forme des roches disent mille et une choses à l'homme du désert. Il en est ainsi pour les forêts, pour la mer, pour les glaces, pour les montagnes, etc. A des niveaux plus complexes et plus élevés, le même phénomène se reproduit. Nous voyons les êtres comme nous les concevons dans notre tête.
Le dalaï-lama n'est pas un homme de religion. C'est un chef politico-religieux qui était nommé par les dynasties chinoises. Il régnait au nom de ces dynasties et pouvait être choisi dans un clan ou dans un autre selon les rapports de force et les besoins du moment. Il était le chef d'une féodalité féroce constituée de plusieurs castes très hiérarchisées qui exploitait des serfs plus proches de l'esclavage que du servage. Dans ces sociétés, les femmes étaient encore plus exploitées et dominées que les hommes. Dans cette société, il n'est évidemment aucunement question de la moindre possibilité de participation des serfs et des paysans à la gestion des affaires publiques. La religion et les moines –très peu pacifiques en réalité– fournissaient les justifications et les légitimations de cet ordre social. Défendre le dalaï-lama, c'est défendre cet ordre social profondément injuste et exploiteur, réellement inhumain. Est-ce que les Européens qui ont rompu la trêve olympique pour le Tibet savent tout cela ? Je ne sais pas. Mais cet ordre social est rarement évoqué. On parle de la spiritualité des moines, pas des serfs. On voit les premiers. On ne voit pas que les seconds existaient. Entre-temps, la Chine des communistes a mis fin à cet ordre social.
On ne voit surtout pas qu'on oppose à une Chine moderne débarrassée des féodalités qui la plombaient dans des retards sans nombre le droit d'une féodalité à revenir pour opprimer ses sujets. Drôle de défense des droits de l'Homme. Mais les Tibétains de bases, les serfs tibétains sont–ils des hommes ? Car tout est là. Dans la vision. Qui est homme et qui ne l'est pas, qui relève ou non de l'humain ?
M. B.


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