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La Flamme olympique et la Muraille de Chine
JEUX DE PEKIN
Publié dans L'Expression le 13 - 04 - 2008

Le 19 février 2008, je n'avais pas manqué d'analyser, dans votre quotidien, le retrait de Steven Spielberg comme conseiller pour les cérémonies d'ouverture et de clôture des J.O. comme un signal politico-médiatique fort contre la Chine. Les escales de Londres et Paris de la Flamme olympique en sont les prémices.
La Flamme olympique, symbole qui nous vient des Jeux olympiques de l'antiquité au cours desquels une flamme sacrée brûlait en permanence sur l'autel de Zeus, a été allumée pour la première fois aux Jeux de la IXe Olympiade à Amsterdam, en 1928, mais sans relais pour porter la torche. Ce sera, également, le cas lors de la Xe Olympiade à Los Angeles en 1932. Karl Diem, président du comité d'organisation de la XIe Olympiade de Berlin en 1936, proposa, après accord de Goebbels, d'allumer la flamme en ancienne Olympie et de la transporter jusqu'à Berlin via un relais du flambeau. Ce fait historique, souvent méconnu, a soulevé par moment des controverses sur le bien-fondé d'une opération qui fut décidée à l'origine pour glorifier le Troisième Reich. Depuis lors, la tradition se perpétue. Partie le 24 mars d'Olympie, la flamme olympique va parcourir 137.000 kilomètres à travers 19 pays et cinq continents avant de rallier Pékin le 6 août prochain. Le Comité d'organisation choisira Dar-El-Salam comme étape africaine et Mascate pour la région arabe. C'est son relais le plus long de l'histoire. Le dimanche, 6 avril 2008, la flamme a effectué une traversée de Londres très mouvementée. Plusieurs manifestants avaient tenté de s'en emparer ou de l'éteindre avec des extincteurs. Selon Scotland Yard, 36 personnes avaient été arrêtées pour des atteintes à l'ordre public. Malgré une présence policière record, le symbole olympique a eu bien du mal à se frayer un passage dans la capitale anglaise et a été régulièrement placé dans un bus sécurisé pour le protéger de nombreux incidents entre policiers et militants pro-tibétains. Dans la capitale française, le flambeau olympique a bénéficié d'un dispositif de sécurité considérable, digne de la protection d'un important chef d'Etat. Ce dispositif comprenait quelque 3000 policiers, sur terre, dans les airs et même sur la Seine. Une «bulle étanche» d'environ 200 mètres de long était constituée autour du porteur de l'emblème des JO, composée de 65 motards, 100 policiers en rollers et autant de pompiers de Paris joggeurs. Le porteur était suivi de 32 véhicules de CRS, soit 160 hommes, un groupe de motards fermant la marche. 1600 policiers étaient répartis sur le trajet pour parer à toute éventualité. Malgré ce dispositif et la volonté du gouvernement français de ne ménager aucun effort pour assurer dans les meilleures conditions le relais de la flamme, les dernières étapes du parcours seront annulées, à l'exemple de la cérémonie prévue à l'Hôtel de ville de Paris, à la demande des autorités chinoises. Précédent historique, la Flamme sera volontairement éteinte à plusieurs reprises par ses accompagnateurs chinois quelque peu fébriles face aux manifestants et par moment peu courtois envers certains relayeurs qui ont tant apporté au sport universel. La Flamme olympique peut-elle encore faire rêver? Son transport vers le stade Charléty s'achèvera en bus, avant son départ pour l'étape suivante, San Francisco, ou des actes hostiles ont été signalés avant son arrivée. Après un long silence le président du CIO déclarera: «Quelle que soit la raison, la violence n'est pas compatible avec les valeurs de la Flamme olympique ou des Jeux olympiques.» La réplique de Noël Mamére député Vert sera cinglante à son encontre: «Jacques Rogge (président du CIO), c'est un paillasson, un collabo d'un régime auquel il a donné les Jeux olympiques il y a sept ans. Il est dans la droite ligne de son prédécesseur Avery Brundage qui s'était soumis devant Hitler aux Jeux olympiques de 1936». Pour le porte-parole du P.S, Julien Dray: «les Jeux olympiques de Pékin tournent à la farce sinistre avant même d'avoir commencé». Enfin pour Jean François Lamour, précédant ministre des sports: «La fête est déjà gâchée (...) parce que le parcours de la flamme c'est vraiment le début des Jeux».
Jeux Olympiques et politique
Les sportifs ne font pas la guerre, leur idéal est de rapprocher les peuples et la jeunesse du monde. La gravité des violations des Droits humains en Chine et dans tant d'autres régions du monde, impose une égale vigilance et une exigence de tous les instants que ne peuvent compenser durablement des actes conjoncturels et spectaculaires. Oui pour un sport propre! Oui pour les Jeux! Oui pour les sportifs! Oui pour l'amitié entre les peuples: aux politiques de servir l'idéal olympique en faisant régner la paix partout dans le monde avec la même exigence du respect et de la défense des droits humains. L'on ne peut faire porter aux seuls sportifs toute la mauvaise conscience de la communauté internationale. Dans un précédent article paru dans votre quotidien je n'avais pas manqué de prévoir ces événements tant la décision de postuler à l'organisation des J.O. est un acte politique important. Le choix de la ville organisatrice est également une décision politique importante tant au niveau national qu'international. Qui peut croire que la candidature et la désignation de Pékin n'étaient pas en elles-mêmes un acte politico-économique? Un caractère politique auquel il convient d'ajouter le rôle, parfois déterminant, des sponsors principaux du C.I.O. tels que Nike, Coca-Cola, McDonald's, Général Electric, Visa, Kodak, Volkswagen, les titulaires des droits de diffusion, etc. La mondialisation des événements sportifs est bien antérieure à celle de l'économie. D'ailleurs les légitimes préoccupations des Droits humains devraient appeler à poursuivre la logique jusqu'au bout en demandant le boycott des sponsors.
Confondre les causes et les effets ne participera pas à la clarté du débat. Il est difficile de croire l'actuel président du CIO lorsqu'il affirme «il ne faut pas mêler le sport à la politique». En novembre 1975 au congrès de Neuchâtel, l'ancien président du Comité international olympique (CIO), Juan Antonio Samaranch, déclarait lui-même: «Nul doute que les compétitions sportives, et en particulier les Jeux olympiques, reflètent la réalité du monde et constituent un microcosme des relations internationales.» Ce point de vue s'est largement répandu chez les observateurs politiques depuis avril 1971, date à laquelle une équipe américaine de ping-pong est allée en Chine alors que ce pays n'entretenait pas de relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Cette page apparemment banale de l'histoire des sports, est pourtant célébrée comme césure historique et se retrouve même dans les encyclopédies en tant que «diplomatie du ping-pong». Plus de doute: il y a un rapport immédiat entre le sport et les problèmes internationaux. Le président Nixon n'avait-il pas déclaré qu'«en jouant au ping-pong, nos deux pays ont effacé les incompréhensions du passé». Il est difficile d'être plus explicite dans la description des rapports entre le Comité olympique international et les pouvoirs politiques que ne le fut en juillet 2005 la 117e session du CIO à Singapour. Pour rappel, celle-ci a, notamment attribué l'organisation des Jeux olympiques d'été 2012 à Londres après que Tony Blair, Jacques Chirac, Bertrand Delanoë et tant d'autres dirigeants et élus politiques internationaux ou nationaux se soient soumis à un travail de coulisses et au «grand oral» devant l'assemblée du CIO. De fait, il est indéniable que le Comité international olympique et plus largement l'ensemble des composantes du Mouvement olympique, en particulier les Comités nationaux olympiques et les Fédérations internationales de sport, mais aussi certaines des organisations reconnues par le CIO telles que l'Agence mondiale anti-dopage, développent une activité qui les met en rapport direct et régulier avec les acteurs politiques et pas des moindres. Tout en affirmant son indépendance et en précisant que seule la préoccupation olympique motive les actions de ses membres, le CIO, soucieux de pérenniser son existence, a toujours coopté une large représentation politique. L'olympisme s'est imposé, en un peu plus d'un demi-siècle, à la fois comme l'organisation internationale rassemblant le plus grand nombre de pays (205), la première entreprise de spectacle du monde, avec les jeux d'été et d'hiver alternés tous les deux ans, et porteur d'une puissante mythologie contemporaine, capable de cristalliser une charge symbolique universelle. Le spectacle sportif, forme moderne des jeux, est devenu, par ailleurs, avec l'internationalisation des médias, l'un des moyens dominants de la communication de masse. Il contribue à façonner l'opinion publique mondiale. Cet enjeu ne peut s'analyser qu'en tenant compte des relations complexes unissant le sport, les médias et les firmes multinationales. Le débat autour de ce point fait ressortir principalement deux logiques: l'une purement économique, l'autre d'inspiration politique, et sans doute faut-il chercher ailleurs que dans l'économique les motivations de dirigeants de plus en plus nombreux, rêvant d'accueillir les jeux modernes. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour demander une limitation du gigantisme et de la sophistication des installations et des équipements. Une délocalisation plus systématique des grandes manifestations, une représentation plus équitable au sein des instances sportives mondiales. Chaque fois qu'elles ont été soulevées, ces questions ont donné lieu à des échanges passionnés. Le véritable problème est que, sous la pression d'enjeux commerciaux de plus en plus élevés et de lobbies des plus actifs, «l'universalisme» des Jeux est devenu synonyme de multiples dérives, argent, corruption, dopage, commerce des jeunes talents, surcompétitions, sophistication et gigantisme des installations, déréglementation...autant de phénomènes qui atteignent progressivement l'ensemble des niveaux et des pratiques, mettant gravement en danger l'éthique sportive. Comment stopper une telle dérive? Peut-on imaginer une mondialisation du sport qui échappe aux logiques de la concurrence économique? Doit-on se doter de nouvelles règles internationales pour préserver l'éthique sportive? Quelles relations doivent guider sport et politique?
Débat de fond
C'est là un débat de fond extrêmement important qui mérite d'être abordé avec franchise et sérénité: dans toute sa globalité. Il importe de soutenir les Jeux olympiques et les grandes manifestations sportives internationales. Il n'est pas de meilleur moyen de le faire que de veiller à ce que ces manifestations demeurent, dans leur préparation, leur organisation et leur déroulement, fidèles aux principes de la Charte olympique. C'est là un débat d'une très grande importance; il faut souhaiter qu'il soit repris par toutes les éminentes personnalités et les défenseurs des Droits humains qui, ainsi, pourront contribuer, grandement, au renforcement des valeurs originelles de l'olympisme et de l'humanisme sportif. Nul ne doit se taire face aux violations des Droits humains, en Chine ou ailleurs. L'on ne peut que se féliciter de toutes les mobilisations dans ce sens, mais prenons garde, également, aux approches sélectives, veillons à ne pas blesser la dignité du peuple chinois. Le sport est sans frontières. Il réunit les pays et les régions dans ce qui est magnifiquement incarné et conçu par les principes olympiques. Le sport promeut, par la coopération internationale, les valeurs de la dignité humaine, l'égalité et la non-discrimination. Quand on parle des diverses façons dont le sport peut contribuer à promouvoir les principes et les normes prescrites par les droit humains, nous devons également nous souvenir que le sport peut être parfois dévoyé par des objectifs mercantilistes, politiques, obscurantistes et discriminatoires. La dignité humaine peut en pâtir si la pratique sportive n'est pas libérée ou si les principes d'égalité, de solidarité et de fair-play ne sont pas, comme il se doit, respectés. C'est en cela qu'il appartient, en premier lieu, au CIO de revisiter ses sources.
(*) Consultant international
Ancien responsable de l'Education préventive et du Sport à l'UNESCO.


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