La sortie des promotions des différentes écoles relevant des divers corps de l'ANP, constitue un événement majeur dans la mesure où ces écoles, notamment des hautes études, forment des cadres de très haut niveau. Ces jeunes cadres de la génération de l'indépendance constituent d'ores et déjà l'ossature de l'intelligentsia de l'ANP à même de relever tous les défis aussi bien celui de la professionnalisation de l'ANP que celui de la maîtrise des nouvelles technologies qui restent l'unique recours pour tout développement. Au-delà des missions propres à l'ANP, en l'occurrence la défense et la sécurité nationale, l'ANP à travers ses différents pôles universitaires peut jouer un rôle majeur, voire pilote dans le développement de la recherche scientifique et technologique. Ce qui favorise l'armée dans ce créneau porteur, c'est la rigueur, le sérieux et la discipline militaire qui caractérisent les écoles militaires de hautes études notamment dans les domaines du génie mécanique, de l'électronique, de la physique et de la chimie. Le commun des mortels sait que la recherche scientifique dans les pays avancés s'est développée essentiellement dans les écoles militaires dont le souci majeur était la défense et la sécurité. Si aux XIXe et XXe siècles, les guerres justifiaient cette frénésie de la recherche scientifique à des fins militaires et géostratégiques, aujourd'hui, le concept de sécurité a pris une dimension qui transcende les questions strictement militaires et de défense. La sécurité économique est désormais le leitmotiv de toutes les nations qui cherchent à se mettre à l'abri d'une dépendance scientifique et technologique. C'est à ce titre que la priorité est donnée au développement des ressources humaines qui maîtrisent la connaissance, la science et mettent en place des systèmes de recherche scientifique et technologique tous azimuts. Car le transfert des technologies et du savoir-faire est un leurre comme la carotte qui fait avancer l'âne. En Algérie, la recherche scientifique dans le secteur civil est l'apanage des universités qui elles-mêmes restent coupées du monde économique. L'élargissement du concept de sécurité nationale à l'économie devrait réorienter les hautes écoles militaires vers une recherche scientifique qui réponde aux besoins de la nation en matière d'innovation et d'invention. L'indépendance technologique doit être fixée comme un objectif stratégique afin que le souverainisme économique ait un sens. L'Algérie reste totalement dépendante de la science et de la technologie qu'elle importe à prix fort sans en maîtriser la conception. L'ANP, à travers ses écoles essaimées dans toutes les régions du pays, peut se placer comme l'avant-garde de la recherche scientifique et entraîner dans son sillage les autres secteurs civils en attendant que les entreprises publiques et privées s'engagent sérieusement dans la recherche, l'innovation et la créativité, d'autant plus que ce ne sont pas les compétences scientifiques qui manquent. A. G.