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La collaboration entre archéologues, architectes et techniciens s'impose
Pour une restauration efficace
Publié dans La Tribune le 03 - 01 - 2011

De notre correspondante à Tlemcen
Amira Bensabeur
Selon le docteur Bessenouci, spécialiste en architecture musulmane et chercheur à l'université de Tlemcen, si la fouille archéologique est regardée avant tout comme une approche de recherche, cet aspect, si essentiel soit-il, ne doit pas être occulté par l'autre nécessité qu'est la présentation des découvertes au plus grand nombre. Or cela présuppose d'ajouter la potentialité de voir et de comprendre le monument ou l'ensemble monumental révélé, ce qui n'est souvent réalisable qu'en passant par un travail de restauration. «Un tel comportement face à des réalisations humaines que l'on estime méritoires et dignes de conservation pour les générations futures est une chose très ancienne. Il est fait ainsi référence dans un texte concernant Nabonide, roi de Babylone au VIe siècle avant l'ère chrétienne, que celui-ci fit de la recherche quasi archéologique sur le temple de l'Ebabbar, fondé par un de ses prédécesseurs, le roi Hammourabi, deux siècles plus tôt, et le reconstruisit à l'antique.»La restauration philologique, mise au point par Camillo Boito, saisit le monument comme une stratification de contributions de différentes périodes qui doivent toutes être respectées, et promeut l'acceptation d'une politique respectueuse de conservation et de restauration des monuments historiques. Sa position est synthétisée dans une charte qui est, depuis, devenue un standard de référence : «Différentes normes y sont proposées, notamment la consolidation doit être préférée à la réparation ; la différence de style et de matériau entre les parties anciennes et restaurées ; éviter de restaurer les moulures et les décors ; réduire au minimum les travaux de consolidation pour montrer que le bâtiment a une vie, nécessité de documenter la restauration dans ses différentes phases, avec cette marque qui doit rappeler les différentes interventions de restauration.» Cette restauration historique est conceptualisée par Luca Beltrami, élève de Boito, avec son principe de s'appuyer sur tous les documents d'archives pour reconstituer l'état originel d'un bâtiment. Ensuite, il y a la restauration scientifique, rationalisée par les conceptions de G. Giovannoni (1873-1947) qui la détermine par cinq critères : consolidation, recomposition, libération (suppression de certains éléments), adjonction de ce qui peut manquer, innovation. Et, enfin, la restauration moderne, systématisée par Cesare Brandi (1906-88), qui redéfinit les fondements capitaux de la conception actuelle de la restauration. «Celle-ci doit être basée sur la reconnaissance de l'œuvre comme une œuvre d'art et comme une production humaine ayant son historicité. Le monument doit être considéré toujours comme un ensemble. Il faut, par conséquent, éviter les trop grandes conjectures, garder les marques du temps et s'élever contre les anastyloses systématiques. La restauration est une spécialisation au sein d'une discipline globale», explique
l'archéologue.Le chercheur soulignera que cette inconstance dans les représentations conceptuelles de la restauration va peu à peu être normalisée par une série de chartes internationales, qui vont conduire à la définition et à la réglementation du travail de restauration tel qu'on le conçoit actuellement. La dernière en date (et la plus entière) est certainement la charte de Cracovie de l'année 2000. Cette charte a surtout le mérite d'apporter un cadre notionnel important, notamment avec la définition du «projet de restauration». Le «résultat des choix de conservation est le processus spécifique par lequel la conservation du patrimoine bâti et du paysage est menée à bien». Ledit projet de restauration sera basé sur des principes que la charte énonce clairement : intervention minimum, authenticité, intégrité, identité. «D'autre part, elle nuance la position des chartes précédentes quant aux matériaux et techniques modernes : ‘‘tout nouveau matériau et toute nouvelle technologie doivent être rigoureusement testés, comparés et maîtrisés avant application''. Ils doivent être particulièrement en adéquation totale et performante avec les matériaux originels et doivent faire l'objet d'un suivi ultérieur permanent.»
Quelle restauration des sites de Tlemcen ?
Cette rétrospective historique et notionnelle, notera le chercheur, nous amène à réfléchir sur la définition du travail de restauration architecturale qui «est inévitablement inhérente à celle de la conservation. La charte de Cracovie, en effet, définit la conservation d'un monument historique comme l'ensemble des comportements d'une communauté qui contribuent à faire perdurer le patrimoine et ses monuments. Tandis que la restauration est définie par cette même charte comme une opération portant sur un bien patrimonial en vue de la conservation de son authenticité et de son appropriation par la communauté. Le lien entre les deux activités se confirme indéniablement (car y aurait-il un sens à conserver un monument sans conserver son authenticité ?) et d'aucuns préfèrent utiliser le vocable conservation-restauration pour désigner l'ensemble des moyens qui permettent d'assurer la pérennité d'un bien culturel, son intégrité et en dernier lieu son accessibilité».Cette définition s'inscrit dans l'esprit de la charte de Cracovie qui atteste que «la conservation peut être réalisée par différents types d'interventions, tels que le contrôle environnemental, l'entretien, la réparation, la restauration, la rénovation et la réhabilitation», dira le Dr Bessenouci. De la sorte, la restauration se décrirait comme une étape dans le processus global de conservation d'un monument historique, ce qui nous conduirait inévitablement à pressentir quelques principes fondamentaux de la restauration architecturale ou «archéologie du bâti» comme on la nomme de nos jours, à savoir, entre autres, l'importance du travail d'archives préalable à toute restauration ; la nécessité de la collaboration entre archéologues, architectes et techniciens pour une restauration à la fois efficace et la plus authentique possible ; le principe de l'intervention minimum ; le principe de réversibilité (autant que possible) de la restauration ; la lisibilité des interventions contemporaines qui doivent pouvoir être distinguées des phases précédentes du bâtiment ; le respect des différentes phases de la vie d'un monument ; le test rigoureux de tout matériau ou technique moderne avant son utilisation sur un bâtiment antique, le suivi permanent des résultats donnés ; la préférence de la consolidation au remontage (toujours commencer par une consolidation et un assainissement des structures en place avant de remonter éventuellement des éléments) ; le bannissement de toute restauration faisant appel à l'imagination créatrice, afin de respecter le document antique.«Il est possible cependant de proposer une reconstruction imaginaire indépendante du monument et présentée comme telle. Protéger un vestige trop ruiné pour pouvoir être reconstruit par une architecture contemporaine témoignant de l'époque de cette mesure, avec la prise en considération de l'importance du travail de documentation de la restauration ; de l'importance des travaux d'entretien et de suivi après restauration ; de l'accessibilité possible au public tout en ayant conscience des dommages que peut provoquer ‘‘l'érosion touristique'' ainsi que de la réutilisation respectueuse du monument aux fins de mieux le conserver», précise le Dr BessenouciS'agissant de l'archéologie du bâti, qui est la méthode moderne d'analyse archéologique des monuments, le Dr Bessenouci dira que «cette discipline repose sur l'idée qu'un édifice a un passé et que l'étude des transformations des constructions en élévation est aussi intéressante que la fouille en sous-sol. Comme pour la fouille classique, l'archéologue du bâti établit une ‘‘stratigraphie du bâtiment'' : chaque couche de la construction reçoit une unité stratigraphique déterminée et déterminante. Une unité stratigraphique positive correspondrait ainsi à une phase de construction pendant qu'une unité stratigraphique négative désignerait une structure disparue (une brèche, le percement d'une porte, un dépouillement, etc.)».
Quelles méthodes de l'archéologie de la construction ?
Ainsi, l'archéologue du bâti doit s'adapter à l'objet de son étude. En effet, l'organisation de l'espace intérieur d'une mosquée tend à perdurer alors que les constructions de défense évoluent radicalement avec le temps. Pour l'habitat, les transformations sont encore plus courantes : l'évolution des modes et des mœurs a entraîné de profondes modifications de l'organisation de l'espace intérieur et
des circulations.L'archéologue doit, par ailleurs, renseigner les différentes structures architecturales de l'édifice : il doit déterminer si les parements sont en grand ou en petit appareil, s'ils sont en moellons ou en briques. Dans le cas d'un appareil de briques (comme c'est le cas des minarets ziyanides de la Grande Mosquée ou de la mosquée de Bab-Zir à Tlemcen), s'agit-il de briques crues ou bien cuites ? Le restaurateur devra prêter son attention à d'autres détails tels que la couleur des briques qui le renseignera sur le degré de cuisson et ainsi sur le soin apporté au chantier ou les marques présentes sur les briques qui peuvent le renseigner sur l'organisation du chantier. L'archéologue doit documenter avec autant de précision revêtements, pavements, voûtes, planchers, toits. «L'étude attentive du bâti (jusque dans le relevé du module des blocs et de l'épaisseur des joints) n'exclura pas, bien évidemment, le recours aux sources écrites et iconographiques telles que les notes d'historiens anciens, les archives laissées par des archéologues antérieurs, les textes juridiques, les cadastres, voire les comptes-rendus des restaurations passées ; toutes contiennent des informations qui peuvent ne plus être visibles sur le terrain (couleurs originales, état antérieur du bâtiment, et autres).»«La méthode d'analyse proposée par l'archéologie de la construction a le mérite, en définitive, de produire une documentation de précision et de permettre une double approche de l'histoire du bâti en l'envisageant aussi bien à l'échelle du détail qu'à l'échelle plus globale de son environnement. Elle aurait le mérite surtout d'éviter de défigurer le monument et d'abattre son authenticité comme c'est le cas de nombreux édifices à travers le pays», conclut-il.


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