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«Nous avons bon espoir d'achever le million de logements dans les délais»
Le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, affirme :
Publié dans La Tribune le 06 - 09 - 2008


photo : S. Zoheir
Entretien réalisé par
Badiaa Amarni

LA TRIBUNE : Depuis que vous êtes installé à la tête du secteur de l'habitat, quel bilan faites-vous à la lumière des nombreuses auditions tenues avec les différents partenaires et bien évidemment des visites d'inspection ?

Noureddine Moussa : La première démarche entreprise lorsque nous avons été nommés à la tête de ce secteur, c'est de nous concerter et de faire d'abord une évaluation objective du secteur et de tous les
programmes dont il a la charge, et également de consulter tous les partenaires, notamment les associations professionnelles qui interviennent directement ou indirectement dans la réalisation des programmes de logements ou d'aménagement urbaine. Nous avons rencontré tour à tour l'Union des entrepreneurs qui interviennent dans le bâtiment, l'ordre des architectes, l'union des ingénieurs, et également la fédération des agents immobiliers ainsi que les promoteurs à l'occasion de l'Assemblée générale du Fonds de garantie mutuelle pour la promotion immobilière. A partir de là, nous nous sommes fait une idée précise de ce qui se passe dans le secteur en termes de contraintes, de solutions à apporter et également en termes d'accélération du rythme de réalisation et de l'amélioration de la qualité du cadre bâti en général. Quand je dis cadre bâti, c'est les constructions, c'est l'aménagement extérieur, c'est tout ce qui est viabilité pour faire de l'habitat un vrai habitat, c'est-à-dire qu'il ne se résume pas à des bâtiments réalisés dans la nature sans aucune viabilité et sans aménagement extérieur. Nous nous sommes tous mis d'accord que le secteur a besoin de faire ce saut qualitatif qui consiste à rendre professionnels les opérateurs. Il est vrai que la quantité de programmes mis sur le marché a fait que plusieurs personnes se sont engouffrées pour devenir qui entrepreneur, qui fabricant de matériaux de construction, etc. Nous ne sommes pas contre ; bien entendu, mais il faut discipliner tout le monde et dresser des règles sur lesquelles tous puissent être d'accord pour que les intervenants du bâtiment deviennent de véritables professionnels, que ce soit au niveau de la conception, des études, de la réalisation, du suivi et, en amont, en ce qui concerne la fabrication et la mise en vente des matériaux de construction. Vous savez très bien que le secteur du bâtiment se situe en aval de tout un processus de fabrication de matériaux, ciment acier et de tous les autres matériaux, c'est-à-dire les revêtements (céramique, tout ce qui es sanitaire, plomberie, électricité…). En fait, il s'agit d'une foule de produits fabriqués par l'industrie et nous ne sommes que des ensembliers. Car, même la main-d'œuvre et l'encadrement relèvent d'autres institutions qui les forment, et nous travaillons avec elles pour maîtriser au mieux les programmes afin que la formation soit un peu plus ciblée et que la qualité soit au niveau de ce qu'on attend de cet encadrement. Les matériaux, également, doivent être de qualité. Il faut que des normes soient établies et acceptées par les professionnels, par les fabricants pour faciliter leur mise en œuvre et garantir au bâtiment une bonne durabilité. Cela va permettre une bonne conception, un bon choix de matériaux et une bonne mise en œuvre garantissant une bonne exploitation de nos constructions. Vous voyez un petit peu la diversité des intervenants, la complexité de la chose. Nous sommes en quelque sorte des chefs d'orchestre qui mettons en œuvre un certain nombre de
produits de l'industrie, de l'université, de la formation professionnelle, etc.

Quel est aujourd'hui, donc, le constat qu'on peut faire du secteur ?
Je pense qu'il n'y a pas de constat dans le sens où vous venez de l'évoquer. La première des choses consiste à dire que l'habitat, ce n'est pas seulement la construction de bâtiments mais aussi les viabilités extérieures et, donc, nous avons axé nos efforts sur cette question. En tout cas depuis l'année dernière, nous ne livrons plus de bâtiments sans viabilité et un aménagement extérieur. Je crois que c'est là un point très important. La presse visite actuellement avec nous les chantiers et constate que nous apportons les mêmes soins et attentions à l'aménagement extérieur qu'au bâtiment lui-même. On a introduit aussi d'autres types de mesures qui tendent à permettre au concepteur, à l'architecte, au maître d'ouvrage en général un éventail de choix plus large. Il ne faut pas confiner les utilisateurs, à travers les cahiers des charges, à des choix spécifiques. Nous avons travaillé dans ce sens et, en octobre 2007, nous avons sorti un nouveau cahier des charges qui permet comme je viens de le dire au maître d'ouvrage, au bureau d'études de choisir une gamme de matériaux, d'avoir le choix par rapport à ce qu'offre le marché et, Dieu merci, ce dernier est aujourd'hui riche en matériaux de construction, notamment de finition.

Vous avez à plusieurs reprises affiché de la colère lors de vos visites d'inspection concernant certains chantiers…
Avec les associations professionnelles, avec les intervenants dans le domaine de la construction, nous avons convenu de mettre en place un processus qui doit en principe aller vers la professionnalisation des intervenants. Le bâtiment est une chose trop sérieuse pour le laisser aux mains des amateurs. Car il y a l'esthétique qui est d'intérêt général, et il y a également la stabilité des constructions. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une zone sismique et il faut construire des bâtiments sûrs et durables qui respectent les normes de la construction. Tout cela fait que nous avons suffisamment d'arguments pour plaider que seuls les professionnels puissent agir dans ce secteur parce qu'il est, bien sûr, social, mais aussi économique et créateur d'emplois. C'est même la locomotive de l'économie.

Y a-t-il eu justement des dépassements ou des amateurs dans le secteur ?
Le bâtiment n'est pas un produit manufacturé. Il demande une gestion complète. Comme c'est une affaire de plusieurs intervenants, il y a certainement des manques qu'on constate ici et là. C'est un travail humain, et tout travail humain ne peut être parfait. Ajoutez à cela qu'il y a eu tellement de projets injectés dans le cadre du programme quinquennal que certains ont vu peut-être l'affaire du siècle et se sont convertis en entrepreneurs sans en avoir les compétences, et sans disposer de qualifications. Bien sûr, ces cas-là existent mais ils sont marginaux. Ils sont présents puisque l'Algérie se construit.
Du sud au nord, de l'est à l'ouest, tout est en chantier. Cela dit, nous avons des entreprises qui ont des qualifications. Pour évoluer dans le bâtiment, les entreprises doivent avoir un agrément qui leur donne la possibilité d'intervenir. Donc, une qualification, c'est de 1 à 9. De 1 à 4, c'est des commissions locales présidées par le secrétaire général de wilaya qui statuent. De 5 à 9, c'est au niveau central entre les trois ministères du BTPH (travaux publics et hydraulique, habitat et urbanisme, et ressources en eau) que l'octroi de l'agrément se décide. Je pense que, pour qu'une entreprise soit qualifiée à un niveau donné, elle doit justifier d'un certain nombre de compétences, d'une organisation matérielle, et de capacités financières. Bien sûr, les entreprises sont, comme les individus, elles peuvent avoir des problèmes, disparaître ou faire faillite. On a eu parfois affaire à ce genre de situation. Il y a des entreprises qui ne réussissent pas et d'autres qui font faillite. Nous ne sommes pas parfaits. Ailleurs, dans des économies vivantes comme la nôtre actuellement, avec tellement de projets dans le pipe, des milliers d'entreprises se créent chaque jour et d'autres ferment. C'est ça le monde de l'entreprise et c'est ça qui crée la dynamique économique justement.

Quel a été le sort réservé aux sociétés ou entrepreneurs parasites ?
Nous travaillons dans le cadre de la réglementation et avec les lois du marché public. Quand quelqu'un signe un marché, il signe d'abord une soumission dans laquelle il est écrit noir sur blanc que l'entrepreneur a pris connaissance de toutes les conditions du marché et de son environnement… avant de le signer. C'est la loi du contractant qui définit toutes les sanctions qu'il encourt s'il ne respecte pas ses engagements contractuels. Ces sanctions sont dans le marché, dans la loi qui le lie au maître d'ouvrage avec lequel il a signé. Donc, il y a les pénalités de retard qui sont appliquées systématiquement et c'est un moyen très dissuasif pour obliger les gens à réaliser dans les délais requis.
On applique également des sanctions dans le cas où l'entreprise ne réalise pas dans la qualité requise puisqu'elle peut perdre des points dans sa qualification. Donc, il y a une série de dispositions prévues dans la loi du contractant. Par exemple, si l'entreprise ne réalise pas dans les conditions de qualité, elle peut perdre la caution de bonne exécution qui est de l'ordre de 5% du prix du marché. Cette caution est là justement pour obliger l'entreprise à réaliser selon les normes. Vous voyez, nous ne travaillons pas n'importe comment. De plus, nous disposons du CNERIB (Centre national des études intégrées en bâtiment), placé sous tutelle du ministère, qui sort à chaque fois des textes et des DTR (documents techniques règlementaires) et chaque acte dans l'acte de bâtir est règlementé.
Les travaux d'étanchéité disposent d'un DTR, on sait comment on doit faire et le suivi se fait par rapport au référentiel qui sont les documents techniques règlementaires. Pour faire une descente d'eau, une canalisation ou du béton, tout est règlementé. De l'autre côté, c'est le CTC qui fait le suivi pour que l'exécution soit conforme au plan, en plus du bureau d'études et du maître d'ouvrage. Je pense que construire est une activité complexe mais passionnante, et nous disposons pour le moment d'un arsenal normatif qui permet au bureau d'études, au CTC ou maître d'ouvrage de faire réaliser conformément
aux normes.

Pourriez-vous maintenant nous faire un point de la situation sur le projet d'un million de logements inscrits à l'horizon 2009, et est-ce que cette échéance qui approche à grands pas sera respectée ?
Comme vous devez le savoir, ce programme est quinquennal. C'est-à-dire qu'il est inscrit sur cinq ans du 1er janvier 2005 à décembre 2009. Beaucoup de gens parlent du quinquennal autrement. Mais toujours est-il que nous avons déjà donné des chiffres.
Le communiqué du dernier Conseil des ministres du 23 juillet les a rendus publics. Nous avons réalisé du 1er janvier 2004 au 30 juin 2008 pas moins de 700 000 logements. Du 1er janvier 2005 au 30 juin 2008, 583 000 logements. Il est tout à fait certain que nous avons des prévisions également. Nous comptons livrer quelque chose comme 150 000 logements, le deuxième semestre 2008 (de juillet à décembre) en plus des 93 000 logements déjà livrés au premier semestre de l'année en cours. Habituellement, c'est au deuxième semestre qu'on arrive à livrer beaucoup plus. En 2009, pas moins de
250 000 logements seront aussi livrés. Si vous comptez les deux, c'est-à-dire le deuxième semestre 2008 et, l'année prochaine, nous compterons 400 000 logements au total qui seront distribués. On a bon espoir, car tous les projets sont en chantier, et nous avons travaillé ces derniers mois à lever toutes les contraintes, y compris sur le plan du financement, des projets LSP et du rural. Le président de la République a pris la décision de relever le seuil de l'aide qui passe de 500 000 à 700 000 DA pour les projets qui n'étaient pas lancés au 1er avril 2008, et je pense que nous sommes sur la bonne voie pour tout au moins nous rapprocher de l'objectif.

Le président de la République a appelé lors de ses nombreuses sorties sur le terrain à mettre un terme à la spéculation dont fait l'objet le logement, en appliquant la réglementation dans toute sa rigueur. Comment peut-on réellement freiner ce phénomène qui a pris de l'ampleur, accentuant ainsi la crise du logement ? Y a-t-il des mécanismes que vous envisagez de mettre en place ?
Je pense que l'accentuation est dans la tête de ceux qui n'ont pas de logement. Moi, les échos que j'ai, c'est qu'il y a une atténuation justement de cette crise, puisque beaucoup d'Algériens ont bénéficié, ces dernières années, de logements et d'autres sont programmés pour en bénéficier. Je pense que nous ne pouvons pas parler d'accentuation. Avec un parc comme le nôtre, le dernier recensement a donné un parc de 6,7 millions de logements, et 5,8 millions de familles, cela veut dire que nous sommes sur la bonne voie pour équilibrer l'offre et la demande. Nous travaillons dans cette direction-là. En 1998, nous en étions à 5,2 millions de logements (c'est les chiffres officiels de l'ONS). Cela veut dire qu'à la fin avril 2008, il y a eu plus d'un million et demi de logements qui ont été mis en exploitation. On ne va pas nous dire aujourd'hui que la crise s'est accentuée, bien au contraire. La meilleure façon d'éviter la spéculation, c'est de faire en sorte que les logements sociaux qui sont octroyés aux citoyens puissent aller aux véritables bénéficiaires. Et pour ce faire, nous avons procédé à la modification du décret 98-42 de façon que le logement aille véritablement à celui qui en a besoin et qui réponde aux critères
d'éligibilité à ce type de logements. Nous avons bien évidemment relevé le niveau de revenu du bénéficiaire qui passe de 12 000 à 24 000 DA, et nous avons aussi fait en sorte que les citoyens qui ont déjà acquis des logements ne puissent plus les mettre sur le marché. De toute façon, le logement est devenu incessible. Deuxième mesure, c'est que le logement LSP et la location-vente sont devenus incessibles sur une période de 10 ans, c'est une disposition de la loi de finances 2008. Je pense que ces deux mesures à elles seules peuvent en dissuader pas mal, et nous faisons, bien entendu, des enquêtes sur place pour voir si c'est véritablement le bénéficiaire lui-même qui est l'usager du logement ou si c'est quelqu'un d'autre. De toute façon, la sous-location est interdite. Personne ne peut sous-louer un bien qui ne lui appartient pas. Nous travaillons de façon à maîtriser la demande et aujourd'hui nous disposons du fichier national du logement : tous ceux qui ont déjà acquis un logement social ou bénéficié d'une aide de l'Etat ne peuvent plus en bénéficier au futur. Les bénéficiaires sont tout à fait conscients qu'ils risquent beaucoup en spéculant avec un logement ou un bien qui n'est pas le leur définitivement, car il y a un certain nombre de garde-fous introduits dans le décret de 2007 et qui fait que les choses sont maîtrisées et que les gens qui agissent pour spéculer sur le logement perdent leur temps et le font perdre aux autres parce que nous arrivons à chaque fois à débusquer les fraudeurs.

Vous venez de dire que vous arrivez à débusquer les fraudeurs et que des enquêtes sont menées sur le terrain pour éviter qu'il y ait spéculation sur le logement.
Quels en sont les résultats ?
Je pense qu'il est trop tôt pour faire une évaluation. Dans certains cas, j'ai parlé de plusieurs milliers de dossiers en justice. Mais attendons quelque temps pour pouvoir faire une évaluation juste de cette opération d'assainissement qui est en cours et qui engage toutes les OPGI et tous les autres.

La formule AADL a apporté beaucoup d'espoir aux citoyens aux bourses moyennes qui s'est vite dissipé par les retards accusés dans les projets, ce qui a été décrié par les postulants. Comment se présente aujourd'hui la situation ?
L'espoir ne s'est pas dissipé, et l'AADL, c'est 55 000 logements, c'est 55 000 familles. A raison de 6 personnes par famille, vous avez plus de 300 000 Algériens qui ont bénéficié de cette formule. Je pense qu'on ne peut pas continuer à dire qu'il n'y a que du négatif dans tout ce qui a été fait. L'AADL, c'est des projets structurants qui ont structuré l'espace urbain et ils représentent des projets très acceptables sur le plan urbanistique. Pour en revenir au bilan, bien sûr, les projets ont connu beaucoup de problèmes au démarrage. C'était en 2002-2003. Le séisme a frappé, et il fallait tout arrêter et refaire toutes les études parce qu'il s'agit de bâtiments de grande hauteur qui sont beaucoup plus vulnérables à ce genre de sollicitation sismique. Tout a été un peu retardé pour faire les calculs, pour revoir la conception et redémarrer dans les chantiers. Car il s'agit d'ouvrages particuliers qui demandent une qualification particulière, etc. Malheureusement, les entreprises algériennes qui se sont engagées sur ces chantiers, que ce soit à Alger, à Oran ou Constantine, ont failli par le simple fait que leur engagement n'a pas été suivi d'un investissement conséquent leur permettant de réaliser les programmes. De ce fait, nous avons été obligés de résilier beaucoup de contrats et de reprendre tout ça. Comme vous le devez savoir, pour résilier un contrat, il y a des règles, des décomptes qui sont faits. En fait, beaucoup de travail et parfois la justice et ça prend énormément de temps. Et puis, pour reprendre un projet, c'est encore plus difficile parce que les entreprises préfèrent s'engager sur des projets neufs plutôt que sur ceux déjà entamés. Nous avons eu toutes les difficultés du monde pour trouver des repreneurs de ces projets-là et surtout qui respectaient la réglementation en termes d'appel d'offres et de choix de l'entreprise. C'est un travail difficile qui a été fait et je puis vous assurer aujourd'hui que tous les projets de l'AADL, à une ou deux exceptions près, ont été repris. Nous avons redynamisé pratiquement tous les chantiers, y compris celui de Koléa (on vient de choisir l'entreprise), la délocalisation de Mehalma vers Souidania. C'est parfois des problèmes exogènes et qui nous empoisonnent la vie. Nous ne sommes pas responsables directement mais nous assumons. Toutes ces difficultés semblent être ignorées du commun des mortels. Les gens croient qu'on peut réaliser quand on veut et comme on veut mais il y a des préalables et un travail très sérieux qui se fait. L'AADL a fourni un grand effort et je peux aujourd'hui rendre hommage à ceux qui y travaillent car ils ont subi beaucoup d'adversité ; c'est des programmes très complexes et ils n'avaient pas l'habitude de gérer de grandes entreprises comme celles qui sont là et qui ont de l'expérience et des modes de gestion très perfectionnés. Je pense que l'AADL n'a pas failli à sa mission, bien au contraire.
Tous les gens qui en ont bénéficié sont contents et ceux qui n'en ont pas eu trouveront leur compte dans les autres programmes que l'Etat a initiés. Il y a aussi le programme de location-vente initié par la CNEP qui connaît des difficultés au niveau de la capitale car il y a une saturation dans le tissu urbain et bien d'autres problèmes. Je vous rappelle que les demandes au niveau de la capitale sont très importantes et il est difficile de satisfaire tous les gens qui ont postulé pour ce type de formule qui est intéressante, je n'en disconviens pas, le prix est fixé et l'échéance de paiement est longue et ça arrange tout le monde. Maintenant il y a la formule LSP qui permettra à beaucoup de régler leur problème.

Le phénomène de la sous-location des logements en général et de ceux de l'AADL en particulier a été à maintes reprises décrié par les citoyens. L'Etat est déterminé aujourd'hui à mettre un terme à cette situation. Qu'en est-il ?
Le logement social, le LSP ou la location-vente sont fortement supportés par l'Etat. Ce dernier, et dans le cas de l'AADL, paye totalement le terrain sauf pour quatre grandes villes où il paye 80%. Le seuil du prix du logement est fixé, le taux d'intérêt est de 0% parce que c'est l'Etat qui le bonifie. L'Etat paye beaucoup plus que le bénéficiaire. Personne n'a le droit de disposer d'un bien d'autrui. C'est fait pour un usage personnel. Tous ceux qui prétendent avoir besoin d'un logement et en font un fonds de commerce peuvent être sanctionnés par la loi qui interdit la sous-location. Les gens doivent être conscients de cela. Lorsque l'individu a auparavant bénéficié d'un logement, cela veut dire qu'il est en infraction car il a fait une fausse déclaration, ce qui est répréhensible. L'AADL et les OPGI font des inspections dans ce sens. Lorsque les choses sont réellement établies, c'est la justice qui statue et les gens encourent l'expulsion et la perte du bénéfice du logement.

Il y a eu des cas de ce genre ?
Bien entendu, il y a eu des cas de ce genre.

Des chiffres à avancer ?
Je n'ai pas de chiffres à vous donner, mais il y a eu personnes à qui nous avons retiré le bénéfice du logement.

Une opération de cession des biens des OPGI a été lancée en 2004 et devrait prendre fin en 2010. Où en est-on dans ce dossier ?
Au départ, cette opération n'a pas connu un engouement particulier parce qu'il y a eu comme une entente tacite et le prix de référence était de 18 000 DA le mètre carré en 2004. Comme il n'y avait pas eu l'engouement attendu sur cette opération, un décret a été promulgué en octobre 2006, pour changer le prix de référence qui est passé à 14 000 DA. Je pense qu'acheter un logement, c'est une opération lourde qui demande beaucoup de sacrifices, beaucoup d'épargne… L'opération suit son cours. Depuis son relancement, l'évaluation n'a pas été faite jusqu'à maintenant. On la fera au moment opportun.

Selon les dernières informations, il est question de la dissolution des EPLF. Quelles en sont les raisons et quelles sont les échéances fixées à cette opération ?
Les EPLF sont des opérateurs publics. Ce sont des entreprises publiques économiques dont le capital est détenu à 100% par l'Etat. Le bilan qui a été fait a démontré que, dans leur forme actuelle, les EPLF n'ont pas contribué pour beaucoup dans la réalisation du 1 million de logements. Leur contribution a été limitée, marginale, et il a donc été décidé de mettre fin à cette situation, en préservant, bien sûr, le patrimoine de ces entreprises et également ses travailleurs puisqu'on a besoin des compétences dans le domaine de la promotion immobilière si l'on veut développer cette dernière, ce qui est le cas justement. C'est une autre forme d'organisation qui va intervenir, qui prendra en charge tous les actifs et le patrimoine de ces entreprises et qui préservera les intérêts des travailleurs.

Quel est l'impact de la flambée des prix des matériaux de construction sur la réalisation des projets de l'habitat et y a –t-il des mesures dans ce sens ?
L'impact est pris en charge par l'Etat. Quel que soit le prix des produits des matériaux de construction, l'impact des fluctuations est pris par l'Etat. Parce qu'il y a des formules de révision et d'actualisation des prix qui sont prévues dans les marchés. Les indices de prix sont établis par le CNAT (Centre national d'animation et de traitement de l'information pour le secteur du BTPH). Je pense qu'à partir du moment où on a la formule de révision des prix et les indices, on fait sa facture des travaux et sa facture des révisions des prix. Ça prend en charge toutes les fluctuations. Le problème qui s'est posé, c'est que le CNAT a mis beaucoup de temps, sur commande du ministère des Finances, pour publier les indices de prix dont avaient besoin les entreprises pour faire leurs factures de révision des prix. Maintenant, nous sommes à jour. Le CNAT a fait tout ce qu'il fallait comme travail pour publier les derniers indices du premier trimestre 2008. On le fait tous les trimestres et les entreprises font des situations de révision des prix. Malheureusement, certains entrepreneurs contestent ces indices de prix. Mais, pour le faire, je pense qu'il faut avoir les compétences. Le CNAT travaille sur un échantillonnage et selon des métostatistiques connues et arrête les indices de prix ; et, à ce niveau-là, nous ne pouvons pas contester ou mettre en doute la fiabilité de cet organe.
Les fluctuations des prix sont prises en charge dans le cadre du marché. Le gouvernement a été un peu plus loin. Même les marchés dans lesquels nous n'avons pas prévu la formule de révision seront réajustés par voie d'avenant pour introduire cette formule de révision des prix. Le gouvernement a tout fait pour créer les bonnes conditions d'évolution des entreprises. Que les choses soient claires, ceux qui savent travailler seront accompagnés et renforcés pour devenir de vraies entreprises. Quant à ceux qui ne cherchent qu'à gagner rapidement de l'argent parce qu'il y a beaucoup de travail et parce que nous avons besoin d'entreprises, je pense qu'ils n'ont pas beaucoup d'avenir dans le secteur. Car nous travaillons à mettre en place un processus de normalisation de tous les actes qui se rapportent à l'acte de bâtir, et nous avons l'intention de faire en sorte qu'il n'y ait que des professionnels pour intervenir dans ce secteur. Bâtir est un acte important, il est civilisationnel. Ce que nous construisons aujourd'hui, nous le faisons pour les générations futures. Nous n'avons pas le droit de continuer à occuper l'espace et à en faire un usage quelconque. L'usage du sol est une prérogative de la collectivité nationale, personne ne peut construire comme il veut, personne ne doit construire comme il veut. Nous construisons selon les normes, en respectant les lois et les règlements. Nous ferons en sorte que cette démarche puisse aboutir et ce sera l'ère des professionnels. Les professions vont se constituer et vont s'auto-protéger pour qu'elles-mêmes évacuent le mauvais maçon, le mauvais coffreur, le mauvais plâtrier… C'est un travail de longue haleine mais nous travaillerons pour l'émergence d'une véritable culture technique de la construction.

Quelle appréciation faites-vous du secteur bancaire et financier dans le domaine de l'habitat ? Pour certains, les banques n'ont pas développé des formules innovantes ?
Je pense que pratiquement toutes les banques sont allées sur le marché de l'immobilier aujourd'hui. Mais, pour bénéficier d'un crédit bancaire, il faut répondre aux critères des banques. Je n'ai pas vu un seul cas d'une personne bancable dans le sens d'offre de garanties qui n'ait pas bénéficié d'un crédit soit à l'investissement ou à la construction ou à l'acquisition. Je pense que les banques jouent le jeu dans le cadre de leurs lois et règlements.


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