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Les raisons d'un échec annoncé
Le Liban sans gouvernement après cent jours de crise politique
Publié dans La Tribune le 10 - 05 - 2011

Au lendemain de sa désignation par le président de la République, Michel Sleimane, l'actuel Premier ministre du Liban, Najib Mikati (musulman sunnite) s'est placé dans la position d'un homme rassembleur. Il avait déclaré à la presse qu'il allait prendre tout son temps pour choisir son équipe gouvernementale sans exclure le moindre acteur politique, peut importe son ancrage dans la société ou sa représentativité au niveau du Parlement libanais. Depuis sa nomination officielle le 25 janvier dernier, soit treize jours après le départ forcé du cabinet de son prédécesseur Saad Hariri, M. Mikati semble toutefois incapable de faire entendre raison à tous les courants politiques qui se livrent une véritable guerre de tranchées pour le contrôle du pouvoir à Beyrouth. Le camp du 8 mars (dominé par le parti chiite le Hezbollah et proche de la Syrie), et le bloc du 14 mars (anti-syrien et mené par le Courant du futur du Premier ministre «déchu» Saad Hariri) tentent chacun d'imposer ses conditions dans le choix de Mikati qui a failli récemment annoncer un gouvernement de «fait accompli» n'était son sens de la responsabilité qui l'en avait probablement empêché de le faire.
Guerre pour le contrôle du ministère de l'Intérieur
La bataille fait en fait rage autour du contrôle du poste-clé du ministre de l'Intérieur qui devrait revenir à un chrétien maronite alors que celui de la chefferie du gouvernement est cédé habituellement à un musulman sunnite. Le conflit autour de cette question oppose les deux commandants en chef de l'armée, l'ancien général Michel Aoun et l'actuel président Michel Sleimane, selon des sources proches du dossier. Le président Sleimane aurait proposé Naji Boustany, un proche du pouvoir de Damas, comme ministre de l'Intérieur consensuel, tandis que M. Aoun chercherait à imposer son gendre Gebran Bassil à ce poste sensible. Un troisième nom circule dans la presse libanaise pour assumer la mission de ministre de l'Intérieur mais rien ne prédit que M. Sleimane approuverait ce choix. Il s'agit de Sleimane Frangié, ancien président du Liban entre 1970 et 1976, membre du bloc parlementaire dirigé par Michel Aoun et ami personnel du président syrien Bachar Al-Assad. La proximité de M. Frangié avec le régime syrien, donc indirectement avec le Hezbollah, ne lui offre aucune chance d'accéder à ce poste. Les déclarations de Samir Geagea, ancien chef de milice chrétienne durant la guerre civile, responsable politique des Forces libanaises (parti politique interdit en 1994) et allié de Saad Hariri au sein de l'Alliance du 14 mars, sonnent comme un avertissement à Najib Mikati au cas où il serait tenté de répondre aux «injonctions» du Hezbollah concernant le problème du Tribunal spécial pour le Liban, créé par l'Onu afin d'enquêter sur l'affaire de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, en 2005 à Beyrouth dans un attentat terroriste. «Les forces du 14 Mars ne laisseront pas la nouvelle majorité prendre le contrôle du pays et y semer la désolation, comme ce fut le cas dans le passé. Nous allons organiser nos rangs et nous préparer pour la prochaine phase qui pourrait durer quelques mois ou un peu plus. La nouvelle majorité n'est pas fixe et balance d'un côté comme de l'autre. Mais nous allons lutter pour l'empêcher d'édicter des lois susceptibles de changer la face du pays», a déclaré Samir Geagea à la presse. Dans un récent article d'Al-Hayat, le quotidien saoudien basé à Londres, des informations ont fait état du déplacement à Paris de Taha Mikati, le frère ainé de Najib Mikati, dix jours après la désignation de ce dernier au poste de Premier ministre. Le journal saoudien a révélé que Taha Mikati a rassuré les diplomates français et américains que son jeune frère «n'était pas lié par les conditions du Hezbollah et n'était pas venu les mettre en œuvre». Par ailleurs, Samir Geagea a également rappelé à Michel Sleimane son rôle de garant de la pérennité du pays du Cèdre. « (…) ce qui est certain, c'est qu'un gouvernement monochrome équivaudrait à un suicide politique pour M. Mikati. Il en est de même pour le président de la République qui, par attachement à son centrisme, ne saurait avaliser un tel gouvernement. Notre ouverture sur le Premier ministre désigné avait justement pour but de ne pas le pousser à perdre sa position centriste», a-t-il dit accusant le Hezbollah de vouloir, par la pression et la terreur, «ramener (le Liban) une case en arrière».
Entre Naji Boustani, Sleimane Frangié et Gebran Bassil, le Liban pourrait avoir une quatrième figure politique capable d'amener le consensus. Selon le journal électronique Libnanews, l'homme consensuel pourrait être celui de Fouad Abou Nader, président du Front de la liberté qui a combattu aux côté de M. Aoun durant les deux dernières années de la guerre civile libanaise avant de s'associer au courant aouniste pour mettre fin à la présence syrienne au Liban (1990-2005). Le neveu des anciens présidents Bachir et Amine Gemayel entretiendrait de très bonnes relations avec Michel Sleimane dont il a appuyé le choix de Najib Mikati pour la formation d'un nouveau gouvernement au Liban, sans omettre le fait que Fouad Abou Nader est le candidat indépendant qui a obtenu le meilleur résultat aux élections législatives de 2009. Ce qui le place dans une position confortable pour sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur afin d'éviter tout dérapage, estime la presse libanaise qui, elle aussi, est activement impliquée dans cette guerre de leadership.
Pressions extérieures
La bataille au sommet de l'Etat libanais n'est pas seulement celle des différents mouvements politiques, particulièrement le bloc du 14 Mars et celui du 8 Mars. Les tiraillements dans la classe politique libanaise trouvent aussi leurs racines dans les influences extérieures, à leur tête celle de la Syrie d'un côté, et de l'Occident représenté par la France et les Etats-Unis, de l'autre côté. Le régime de Damas a occupé Beyrouth pendant quinze ans et il n'a jamais accepté sa défaite face à la résistance acharnée du camp du 14 mars qui a pu chasser l'armée syrienne du Liban. Le «coup d'Etat» commis par le Hezbollah le 12 janvier dernier contre Saad Hariri a donc offert une nouvelle opportunité à Bachar Al-Assad d'essayer de reprendre pied dans ce pays où la guerre confessionnelle de 1975 a fait entre 130 000 et 250 000 victimes, selon les chiffres officiels. La Syrie a d'ailleurs été soupçonnée d'avoir commandité l'assassinat en 2005 à Beyrouth de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, en faisant exploser sa voiture à sa sortie d'un hôtel. Dans la crise politique actuelle, la Syrie est considérée comme un élément perturbateur qui appuierait même le Hezbollah militairement en lui fournissant des armes. Mais avec la révolte populaire qui secoue Damas depuis deux mois, le Hezbollah risque de perdre de son influence et un allié stratégique qu'est la Syrie au cas où le régime d'Al-Assad tomberait. C'est là en fait où le rôle des Etats-Unis et de la France devient visible et déterminant, sachant que ces deux pays se sont ouvertement attaqués à Bachar Al-Assad qui a déjà sur le dos plus de cinq cents morts au sein des manifestants syriens de l'opposition qui, depuis deux mois, demandent des réformes politiques, économiques et sociales profondes dans le pays. Paris et Washington ont, par ailleurs, averti le Premier ministre libanais désigné contre son ralliement au Hezbollah qui cherche à discréditer le Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Le TSL était sur le point de révéler des preuves impliquant directement le Hezbollah dans l'assassinat de Rafic Hariri. Le mouvement chiite qui n'a jamais approuvé la création du TSL, avait menacé de quitter le gouvernement de l'unité nationale de Saad Hariri si les juges chargés de l'enquête continuaient à le soupçonner d'être derrière l'assassinat de Hariri, menace qu'il a exécutée le 12 janvier 2011 en retirant onze de ses ministres du gouvernement après avoir bénéficié du soutien du Parti socialiste progressiste du druze Walid Joumblatt qui a retiré un de ses ministres aussi, provoquant ainsi l'inéluctable chute du cabinet de Saad Hariri. En résumé, l'enjeu principal du blocage est le TSL qui continue de diviser les Libanais, mettant le Premier ministre désigné dans une position inconfortable même s'il essaye de se montrer confiant quant au fait de réussir le consensus entre les deux camps en conflit. Ce qui, dans l'état actuel des choses, aussi bien par rapport à la situation au Liban que dans les pays voisins, semble une mission quasi impossible pour Najib Mikati.
L. M.


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