De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Des centaines de personnes sont sorties dans la rue ce week-end dans les localités d'Aït Douala (jeudi) et Amechras (vendredi), wilaya de Tizi Ouzou, pour dire «Halte aux kidnappings», «Libérez les otages» et demander aux services de sécurité de faire leur travail, c'est-à-dire d'assurer la sécurité des personnes et de leurs biens sur tout le territoire de la région de Kabylie. Alors qu'aujourd'hui, la solidarité des habitants et des commerçants de la capitale des Genêts sera mise à rude épreuve après l'appel à une grève générale lancé par la coordination des comités de village d'Aït Douala.Les marches et rassemblements ont été accompagnés par des grèves et des sit-in devant les institutions de l'Etat accusées de laxisme et sommées d'engager des initiatives de sécurisation «immédiate» des industriels et des opérateurs économiques de Kabylie. Ces actions populaires ont paralysé tous les services des communes des daïra d'Aït Douala et Maâtkas où la mobilisation des habitants a été au rendez-vous malgré une météo défavorable.Au chef-lieu de daïra d'Aït Douala, à 15 km de Tizi Ouzou, deux rassemblements ont eu lieu, le premier devant le siège de la daïra et le deuxième face à la Sûreté de daïra. Les intervenants ont exhorté les autorités à tous les niveaux de responsabilité à se pencher «sérieusement» sur la nette et subite dégradation de la situation sécuritaire dans cette région, notamment l'ampleur que prend le phénomène des kidnappings d'entrepreneurs et d'industriels depuis ces dernières années. Des centaines de personnes ont marché ainsi de l'APC d'Aït Douala vers la daïra et la Sûreté de police locale pour exiger la «libération immédiate et inconditionnelle» de Mourad Bilek, jeune de 18 ans, frère d'un industriel, enlevé mercredi 11 mai dernier, à quelques centaines de mètres de chez lui, à Tala-Bounane, par un groupe armé à visage découvert, selon des sources concordantes.Depuis le premier et dernier appel téléphonique reçu par ses parents et qui serait émis par les ravisseurs, aucune nouvelle de la victime n'est venue atténuer la douleur de sa famille, de ses proches et amis. «Suite à l'enlèvement du jeune Bilek Mourad âgé de 18 ans, en plein jour […] les comités de village de la daïra d'Aït Douala et les élus de toutes les APC de la daïra dénoncent et condamnent cet énième kidnapping qui dénote l'absence de sécurité, notamment au niveau de notre région», lit-on dans la déclaration lue à la population et transmise aux autorités qui sont aussi mises à l'index en raison de «l'absence de réaction et d'intervention des services de sécurité lors de tous les événements qui ont eu lieu» avant de conclure à l'égard des institutions de la République desquelles les comités de village exigent d'«assumer (leurs) responsabilités en mettant tous les moyens pour la libération immédiate et sans conditions du jeune Bilek Mourad et d'assurer la sécurité à tous les citoyens». Un autre appel à la grève pour ce dimanche a aussi été aussi lancé, cette fois-ci au chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. L'appel a été placardé sur les murs de plusieurs localités de la région sous les mêmes mots d'ordre.Plus au sud, la population de Mechtras, à une quarantaine de kilomètres de Tizi Ouzou, après une assemblée générale tenue mercredi en présence d'une quinzaine de comités de village de Mâatkas, a marché ce vendredi du stade communal vers le siège de la brigade de gendarmerie pour exiger la libération de Hammour Hadj-Ali, propriétaire d'une marbrerie, enlevé par un groupe armé le 14 mai dernier non loin de son domicile. Là aussi, les centaines de marcheurs ont exigé de l'Etat d'assumer ses responsabilités face à la situation sécuritaire délétère et demandé aux manifestants le maintien de la mobilisation jusqu'à la libération de l'otage des mains des terroristes armés.Hier, en début d'après-midi, aucune nouvelle information n'était disponible sur la situation de ces deux autres victimes de kidnapping en Kabylie, toujours entre les mains de leurs ravisseurs, selon des parents et proches des deux familles Bilek et Hammour.
