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Les jeunes «févriéristes» veulent en finir avec le système du Makhzen
Insatisfaits des propositions de réformes constitutionnelles proposées par le roi
Publié dans La Tribune le 21 - 06 - 2011

La classe politique marocaine, habituée au compromis, applaudit les propositions de réformes constitutionnelles proposées par Mohamed VI au nom de l'establishment marocain, alors que les jeunes du Mouvement du 20 février semblent avoir compris que le système vise à travers ce projet de révision constitutionnelle à se régénérer et à se redéployer pour mieux se maintenir au nom de la démocratie. Si les jeunes Marocains ne remettent pas en cause la monarchie, ils n'en veulent pas moins une monarchie séculaire où le roi règne sans gouverner dans un système parlementaire moderne où tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont l'émanation de la volonté populaire et où le chef du gouvernement est le seul dépositaire de cette volonté dont il est responsable devant le Parlement. C'est pour cette raison que la jeunesse marocaine a répondu en grand nombre dimanche dernier à l'appel du Mouvement du 20 février, pour exprimer son rejet de ce projet de réforme, jugé limité et insuffisant pour placer le Maroc sur l'orbite de la modernité et de la démocratie devant rompre, non seulement avec le ronronnement d'une classe politique sur mesure, mais devant surtout en finir avec l'hégémonie du Makhzen. A Casablanca, une marche pacifique regroupant environ douze mille personnes s'est tenue au quartier populaire Darb Soltane au cours de laquelle les participants ont appelé au boycott du prochain référendum sur la révision de la Constitution, l'instauration d'une réelle démocratie et la chute de la corruption, a rapporté l'APS, citant des militants du mouvement. Les partisans du pouvoir, en nombre réduit, n'ont pu empêcher la tenue de cette contestation qui coïncide avec le 30e anniversaire de la répression des manifestations du 20 juin 1981 au cours desquelles les Casablancais avaient revendiqué une vie sociale juste et digne. A Rabat, les militants du mouvement ont été empêchés de se regrouper au quartier populaire Hay Attakaddoum par des partisans du pouvoir qui les ont attaqués avec des pierres et des gourdins tout en les poursuivant dans les ruelles sous les yeux des forces de sécurité (police et auxiliaires), a constaté l'APS. Les partisans du pouvoir appelés «Mouvement du 9 mars», en référence au discours du roi appelant lors de cette date à une révision de la Constitution et «Baltaguia» (voyous) par les «Jeunes du 20 février», ont «occupé le terrain» bien avant l'arrivée des partisans des changements démocratiques pour les disperser avec «l'aide» des jeunes de ce quartier populaire. Une trentaine de protestataires ont pu, malgré tout, scander «Dignité, liberté, justice sociale», «Pacifique, pacifique jusqu'à l'avènement de la liberté» et «L'oppression ne nous fait pas peur» durant une dizaine de minutes non loin de l'endroit où devait démarrer la marche. Plusieurs d'entre eux ont été blessés légèrement suite à cette contre-manifestation. A Tanger, quelque 30 000 personnes ont pris part à une marche pacifique lors de laquelle les manifestants ont signifié leur refus de la nouvelle Constitution soumise à référendum et réitéré leurs revendications pour la mise en place d'une monarchie parlementaire. Enfin à Agadir (sud), deux marches se sont ébranlées de deux quartiers populaires In Zeggan et Bensergou pour se regrouper dans un autre quartier populaire Pergola et appeler au boycott du prochain référendum constitutionnel et réitérer les revendications du mouvement. D'autres manifestations étaient prévues dans d'autres villes du royaume, notamment à Fès, Marrakech, Safi, Nador, Oujda et Hoceima.
Pourquoi les jeunes rejettent la proposition du roi ?
Au-delà du contenu même de la mouture proposée à référendum, considéré à juste titre, comme des miettes d'un pouvoir laissées au chef du gouvernement qui n'a pas de pouvoir sur le fer de lance du Makhzen qu'est l'armée, ni sur la diplomatie, ni sur un certain nombre d'institutions, les jeunes du 20 Février perçoivent nettement à travers ce projet, un subterfuge visant à régénérer le système du Makhzen qui domine la vie politique, économique et administrative du pays. D'autant plus qu'à l'origine de cette appellation, le Makhzen est un conglomérat de tribus chargées par le roi de collecter les impôts par tous les moyens y compris la répression féroce. Car, c'est à travers ce procédé que sont soumises les tribus rebelles au diktat d'un régime qui n'offre en échange aucun service social aux populations. Ce procédé, que les Turcs ont utilisé en Algérie, s'est développé au Maroc pour que les tribus vassales deviennent le socle du système monarchique absolu, dimension que la nouvelle mouture de la Constitution a consacrée à travers l'inviolabilité de la personne du roi. En d'autres termes, les jeunes Marocains qui revendiquent haut et fort un système démocratique, ne font pas de la démocratie une finalité en soi, mais un moyen qui leur permettrait d'affirmer leur citoyenneté pleine et entière, d'avoir un regard sur la gestion des affaires publiques et sur l'utilisation des deniers publics, d'exprimer leurs besoins économiques, sociaux, culturels et politiques et de mandater des personnes pour défendre leurs intérêts communs au sein des institutions élues. Les jeunes rejettent la proposition de vendredi dernier parce qu'ils jugent que les pouvoirs exorbitants qui restent entre les mains du roi visent plus à protéger le système de corruption, de prédation et d'exclusion que de renforcer la monarchie en tant que système politique. En fait, les jeunes Marocains, qui suivent attentivement l'évolution des situations en Tunisie et en Egypte, se sont rendu compte que les révoltes dans ces deux pays n'ont produit que des changements formels que continuent à formuler des officines obscures pour les proposer à référendum, sans aucune participation active des représentants élus des peuples. Autrement dit, aucun changement ne s'est opéré à travers l'élection d'une constituante, seule voie démocratique et sérieuse pour une mutation réelle et profonde. Pourtant, en Tunisie, en Egypte et au Maroc, tout autant qu'en Algérie et dans tous les pays qui ont connu différentes formes de dynamiques de changement, la constituante a été brandie comme revendication principale devant inaugurer une nouvelle ère où la voix du citoyen serait sacrée et consacrée comme unique source d'inspiration pour le changement.
Le poids des puissances occidentales
Les puissances occidentales, chantres de la démocratisation et du changement dans les pays arabes et maghrébins, se rebiffent quand les peuples formulent un programme maximaliste aussi bien en exigeant un changement radical, un renouvellement du personnel politique qu'en revendiquant une refonte de la politique étrangère de leurs pays respectifs. Le cas égyptien est assez édifiant puisque ni Washington, ni Londres, ni Paris ne sont favorables à une remise en cause des accords de Camp David qui normalisent les rapports entre l'Egypte et Israël, sans que les Palestiniens en bénéficient. Quant à la révision des rapports économiques internationaux défavorables aux pays du Sud, les puissances occidentales s'y opposent fermement au risque d'un embargo étouffant pour les peuples qui aspirent à une équité dans les échanges économiques mondiaux. C'est cette attitude ambivalente et ambiguë qui encourage les tenants du pouvoir dans les pays du Sud de procéder à des changements formels et timides alors que les gouvernants sont de nature hostile à tout changement qui réduit leurs pouvoirs et leurs privilèges. Le Maroc n'échappe pas à cette règle. Le Mouvement du 20 février est en train d'imposer une marche forcée à une classe politique timorée, sans ambition de changement qui n'aspire qu'à partager le pouvoir avec un système qui a une capacité d'adaptation phénoménale. Le 1er juillet prochain sera un rendez-vous décisif et pour le roi et pour le mouvement des jeunes Marocains, même si certains sans, d'ores et déjà, sans aucune illusion quant à la manière dont se déroulera le référendum et à son issue favorable au Makhzen.
A. G.


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