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Barack Obama prend un pari risqué en Afghanistan
Retrait de troupes américaines
Publié dans La Tribune le 28 - 06 - 2011

La décision de Barack Obama de retirer 33 000 soldats d'Afghanistan d'ici la fin de l'été 2012 - dont 10 000 d'ici la fin de l'année - reflète une réévaluation à la baisse des objectifs et de la stratégie militaire américaine. Sinon, elle n'a aucun sens.
La raison avancée pour cette décision est que les Etats-Unis ont fait des «progrès substantiels» vers l'objectif fixé, qui était de vaincre Al Qaida, de briser la dynamique des talibans et de former les forces de sécurité afghanes. Un haut responsable de l'administration avait déclaré, lors d'un briefing un peu plus tôt dans la journée, qu'il n'y avait «pas de menace terroriste venant d'Afghanistan», en tout cas qui soit capable d'attaquer les Etats-Unis ou ses alliés. Mais si l'on suit cette logique, le président n'avait pas besoin de commander l'envoi de troupes supplémentaires à la base. Depuis huit ou neuf ans, les combattants d'Al-Qaida ou les militants talibans capables ou enclins à lancer des attaques au-delà des frontières afghanes ont été plutôt rares. Le fait que si peu de ces militants terroristes aient traversé la frontière pakistanaise pour se rendre en Afghanistan s'explique naturellement par la présence de 100 000 soldats américains sur le territoire. La question est maintenant de savoir si ces terroristes vont être refoulés après qu'un tiers des soldats américains seront rapatriés. L'armée afghane a gagné en taille et en puissance ces deux dernières années, mais ses soldats seront-ils capables de s'imposer avec la même efficacité, ou au moins suffisamment d'efficacité ? C'est l'un des paris lancés par cette décision. Obama a insisté sur le fait que les éléments les plus puissants de la force militaire américaine ne seront en rien affectés par ce retrait : ni les commandos d'opérations spéciales ni les drones et autres avions.
CT-Plus contre COIN
Mais la question qui divise l'administration américaine depuis le début de ce mandat est de déterminer si cette stratégie - surnommée «contre-terrorisme plus» (CT-Plus) - est suffisante. Le défenseur en chef du CT-Plus est le vice-président Joe Biden, soutenu par plusieurs membres du personnel de la Maison Blanche. Dans les débats qui ont occupé l'administration pendant la plus grande partie des derniers mois de 2009 sur la stratégie à adopter en Afghanistan, Biden avait contre lui la majorité des plus hauts responsables militaires, ainsi que le secrétaire à la Défense Robert Gates et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui prônaient une stratégie de contre-insurrection, souvent abrégée sous le sigle COIN. L'une des prémisses du COIN est que les guerres insurrectionnelles sont des compétitions pour gagner la loyauté de la population, et que par conséquent, l'objectif ne se réduit pas à pourchasser les méchants (jeu où ils peuvent conserver l'initiative) mais à protéger et contrôler la population. Pour y parvenir, une force contre-insurrectionnelle a besoin d'hommes sur le terrain - en grand nombre - pas uniquement pour balayer les talibans et autres insurgés, mais pour maintenir la sécurité de la région, pour que les conditions soient propices à l'instauration des services de base par le gouvernement du pays concerné, ce qui lui permet de gagner les faveurs de la population et de voir se tarir le soutien dont bénéficient les insurgés. Fin 2009, Obama soutenait principalement les défenseurs du COIN, mais pas inconditionnellement. Il s'accordait à dire avec Biden qu'une stratégie COIN intégrale fournirait les ingrédients d'une guerre interminable qui n'aurait aucune garantie d'aboutir à une victoire ; mais il était d'accord pour dire que le CT-Plus à lui seul ne suffirait probablement pas ni à briser la dynamique des talibans, ni à engager le peuple à prêter allégeance au gouvernement afghan.
Effet psychologique des renforts
Comme dans le cas des envois de renforts en Irak, l'idée était de gagner assez de temps et de marquer suffisamment de points - en termes de sécurité, de confiance populaire et de compétences de gestion - pour que l'armée afghane recrute et forme suffisamment de soldats pour pourvoir à sa propre défense, et que le gouvernement afghan s'assure une base loyale au sein de son peuple. Toutefois, beaucoup des premiers défenseurs du COIN, notamment Gates et plusieurs hauts responsables militaires, ont avancé ces dernières semaines que les Afghans - le gouvernement et les forces armées - ne sont pas tout à fait prêts pour un retrait substantiel des forces américaines. Les troupes des Etats-Unis et de l'Otan, avec l'aide croissante des Afghans, ont gagné beaucoup de terrain sur les talibans, mais il importe de maintenir la pression, de l'augmenter même, si l'on veut conserver cette avance et construire sur cette base. Pour ces partisans du COIN, en entamant - et, pire encore, en annonçant - un retrait substantiel des troupes, Obama est peut-être en train de saper ces gains, et de mettre en danger leurs bénéfices. L'un des effets les plus conséquents de l'envoi de renforts en Irak a été psychologique. Soudain, tous les acteurs ont perçu que les Américains allaient rester, ce qui a affecté les calculs stratégiques de tous les protagonistes.
«Les Américains s'en vont»
En annonçant l'intensification de l'effort de guerre en Afghanistan en décembre 2009 à West Point, Obama avait expliqué qu'il commencerait à retirer ses troupes en juillet 2011. En partie parce qu'il voulait assurer au parti démocrate qu'il ne se laissait pas enliser dans un bourbier, et surtout pour avertir le président afghan Hamid Karzai que l'engagement américain ne serait pas éternel, qu'il devait commencer à reformer son gouvernement afin de susciter un sentiment de légitimité chez son peuple, en profitant que les soldats soient encore là pour assurer leur sécurité. Mais les talibans et les Afghans ont eux aussi écouté le discours de West Point, et tout ce qu'ils ont entendu c'est : «Les Américains s'en vont.» Dans une guerre insurrectionnelle, la plus grande partie de la population est en équilibre : elle prendra le parti non seulement du camp qui sert ses intérêts, mais, et c'est tout aussi important, de celui qui a l'air de gagner. Et on aurait bien dit que les Américains n'étaient pas de ce côté-là. Des officiers et consultants s'inquiètent aujourd'hui à l'idée que l'annonce d'Obama d'un retrait militaire imminent pourrait renforcer l'impression des amis et des ennemis afghans et de ceux qui sont neutres que, finalement, les Etats-Unis lèvent le camp. Vu que les talibans sont des Afghans pachtounes, eux vont rester ; par conséquent, on peut craindre que beaucoup d'Afghans moyens se rangent de leur côté. Voilà pourquoi les partisans du COIN voudraient qu'Obama ne retire que quelques milliers de soldats dans l'année qui vient. Cependant, on peut également avancer, et les partisans du CT-Plus ne s'en sont pas privés, qu'attendre encore n'apportera pas grand-chose. Le gouvernement de Karzai n'a pas conduit les réformes nécessaires. Si ce type de guerre est un concours de légitimité populaire entre le gouvernement et les insurgés, alors le gouvernement de Karzai n'a pas gagné beaucoup de terrain.
Certains programmes inchangés
Il revient donc aux partisans du COIN de répondre à une question tout à fait légitime : combien d'argent les Etats-Unis devront encore dépenser, combien de vies sacrifier, pour soutenir un régime qui ne se donne pas la peine de gagner la loyauté de son propre peuple ? Un régime dont les intérêts ultimes semblent si éloignés des leurs ? Cela ne signifie pas pour autant que les Etats-Unis et l'Otan doivent abandonner l'Afghanistan. Et cela ne veut pas dire non plus, et de loin, que c'est ce qu'Obama est en train de faire. De hauts responsables de l'administration ont souligné qu'il resterait encore 68 000 soldats américains à la fin de l'été 2012, et que la campagne de contre-terrorisme - les raids et frappes aériennes prônés par les partisans du CT-Plus - se poursuivrait sans aucun affaiblissement ni relâche. D'autre part, le programme de formation des forces afghanes et la fourniture de services logistiques, de renseignements et d'autres formes d'aide resteront inchangés - et pourraient même éventuellement être intensifiés (Obama laisse ses commandants décider du rythme du retrait et de la manière de reconfigurer les forces américaines qui restent).
Un message à Karzai
La stratégie est donc réduite à son strict minimum : continuer d'écarter Al-Qaida et «d'affaiblir» les talibans et autres insurgés pour qu'ils soient incapables d'accaparer le gouvernement en Afghanistan ou de grandes portions de territoire. Les Etats-Unis et de nombreux autres pays ont des intérêts sécuritaires au respect de ces objectifs, indépendamment des desiderata de Karzai. Tout projet plus ambitieux que ces intérêts vitaux pourrait bien à ce stade être hors de leur portée - notamment parce qu'il est clair depuis un moment que Karzai fait tout ce qui est en son pouvoir pour saper ces objectifs.
Cela ne veut pas dire que les critiques d'un retrait accéléré aient tort. Les décisions d'Obama vont rendre encore plus difficiles pour les armées américaines et afghanes la lutte militaire contre les talibans et les tentatives de gagner politiquement le peuple afghan. Mais cela pourrait tout aussi bien envoyer à Karzai le message qu'il doit sérieusement se mettre aux réformes. Et aux voisins de l'Afghanistan celui qu'il leur faut commencer à aider activement à stabiliser le pays - faute de quoi, c'est la stabilité de la région toute entière qui sera en danger. Tous les responsables, d'Obama à Gates en passant par Clinton et Petraeus et jusqu'au bas de l'échelle, n'ont eu de cesse de dire que ce genre de guerre ne se termine généralement pas par une victoire militaire mais par un accord diplomatique. Si Obama associe son retrait militaire à une intensification de la pression diplomatique, la situation pourrait bien finir par s'arranger.
F. K.
In slate.fr


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