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La France énonce ses conditions en Libye et privatise l'agression
La gauche humanitaire française encore plus impérialiste
Publié dans La Tribune le 14 - 07 - 2011

A un an de la présidentielle française, nous voilà avertis d'un vote socialiste solennel pour la poursuite de l'agression de la Libye. Ce vote socialiste est même un tantinet plus agressif que les propos de Juppé, Longuet ou Fillon, en leur rappelant les «profondeurs» de la vocation française à exporter le progrès quel que soit le nom conjoncturel donné à cet enfant des rues. Pour ceux qui l'auraient oublié -comme on oublie vite avec le turn-over de l'info instantanée- rappelons quand même le zèle apporté par les francs-maçons, les saints simoniens, les socialistes et une armée anonyme de faux utopistes et de vrais colons, à faire de nous autres, pauvres barbares indigènes d'Algérie, un peuple civilisé, un peuple de «son temps». Ils auront apporté à leurs adversaires de droite – généraux et colonels de La Coloniale– cette bonne conscience de la bio-unicité : tous pareils ou on passe la tondeuse des canonnières sur les herbes réfractaires. Comme la Libye est à nos frontières, nous ne pouvons quand même pas nous dire que ce vote ne nous concerne pas. Nous pouvons encore moins nous en désintéresser quand on nous cache si peu que la solution qui arrangerait les coalisés serait celle de la partition du pays frère avec les conséquences que vous devinez pour nos frontières et pour celles du Tchad, du Niger, du Mali et autre Mauritanie, pour le plus grand plaisir de notre exemplaire monarchie de l'ouest. Nous voilà donc bien avertis : socialiste ou de droite, la France garde une vocation colonialiste intacte, voire même épanouie. Comment elle ne s'étalerait pas dans sa plénitude quand les gestionnaires de gauche du système capitalistes donnent aux gestionnaires de droite du libéralisme le mou dont leurs cordes ont besoin pour pendre nos indépendances. Droite ou gauche, sans aucune réelle perspective d'alternative, nous sommes aujourd'hui en plein dans le modèle américain de la bipolarité. Un coup c'est Bush, un coup c'est Obama ; partout la vie politique du monde capitalise tend vers cette bipolarisation qui ne marquait réellement que les USA et l'Angleterre. Ce vote nous concerne aussi directement car une «victoire» française en Libye renforcerait considérablement Hizb França, qui ne cache même plus ses accointances, ni ses allégeances ni sa puissance relative actuelle. Tout comme un échec de la France l'affaiblirait considérablement et ouvrirait la voie à plus de diversité de coopération avec les pays du BRICS. Car c'est cela aussi l'agression de la Libye : fermer la Méditerranée aux puissances non riveraines, en considérant que l'UE est globalement une seule et même puissance et que les USA sont une puissance riveraine via l'OTAN et Israël, ses bases et sa flotte qui assurent l'essentiel de la défense européenne et la totalité de la défense des voies du gaz et du pétrole de l'Eurasie vers nos rivages. Encore le pétrole ? Oui encore ! Malgré nos prêtres, locaux ou expatriés, qui nous bassinent avec l'après pétrole, quand leurs maîtres à penser et leurs maîtres tout court mènent tant de guerres et tant d'investissements pour ce pétrole qu'on nous demande de ne pas défendre et même de traiter par le mépris.Aubry, Sarkozy ou Hollande nous voilà avertis deux fois plutôt qu'une ! La vocation coloniale de la France a trouvé dans l'agression de la Libye des légitimations arabes avec le groupe des pays du Golfe, un appui africain bruyant bien que minoritaire avec les présidents Françafricains. La conjoncture ferait le bonheur de Mannoni et de sa théorie des complexes de Prospéro et Caliban, surtout que les dirigeants français actuels feraient tous d'excellents Prospéro. Mais ce vote ne sonne pas seulement le réveil d'un colonialisme décomplexé. En un vote joué d'avance, le parlement français vient de lever le rideau sur le deuxième acte de l'agression coloniale en Libye. En deux jours de commentaires, les ministres français, rejoints par les socialistes, ont transformé cette attaque en affaire française. Longuet, comme Alain Juppé comme Fillon, ont multiplié –à l'envi – ce que la France «veut» en Libye, du départ de Kadhafi à sa réclusion dans une pièce du palais etc. en toute logique, et en application de la mauvaise et même très mauvaise résolution de l'ONU, la France n'a pas à faire ce «qu'elle veut» en Libye, mais ce que veut l'ONU. Vous direz que l'ONU est devenue le vignoble de tous les malfrats de la planète en quête de ressources et de richesses détenues par les pays pauvres. Vous aurez raison de défendre ce point de vue. L'ONU n'est plus le parlement du monde mais le marché des dupes dans lequel le plus fort et le plus menteur impose son point de vue et dans lequel – tenez vous bien – le dupe trouve parfaitement son compte, même en s'écriant après coup que la résolution n'autorisait pas l'action entreprise. Les russes et les chinois ont si vite oublié l'épisode de la résolution sur l'Iran qu'ils ont voté et leurs protestations contre les sanctions supplémentaires prises par les USA et l'Europe au nom de cette même résolution. On peut prendre de haut Medvedev ou Poutine, on peut comprendre que Medvedev a lâché du lest pour obtenir un soutien euro-américain dans sa course au Kremlin contre Poutine ; on ne peut pas réduire le fonctionnement de l'Etat russe à ces histoires de sérail. La Russie a négocié quelque chose dans cette affaire libyenne ou n'a pu assumer sa positon ou croyait vraiment – sur la base de quelles analyses ? – que Kadhafi était fini, selon l'expression officielle des Affaires Etrangères russes, ou s'est faite intoxiquer. Ou alors, avait-elle suffisamment d'informations sur les préparatifs d'un plan identique au plan libyen pour la Syrie, dans laquelle elle possède des intérêts autrement plus décisifs pour son statut de grande puissance et son accès à la Méditerranée et que ceux qui détiennent la décision au-delà de Medvedev ont décidé de verrouiller en Syrie en mettant en difficulté les Euro-Américains en Libye. Dans toutes ces hypothèses, seule retient l'attention la connaissance par avance du plan anti-syrien, et le plus probable reste que le régime libyen possède effectivement une base sociale et politique qui rendrait aléatoire une opération éclair. Il est clair que la Chine a laissé faire aussi bien en Iran qu'en Libye car elle ne veut pas engager de bras de fer maintenant, et sur ce terrain qui lui est défavorable, alors que l'économie mondiale vacille en risquant de l'entraîner vers un tourbillon social dévastateur en Chine même, sans compter les coups de poker qu'elle a engagé en Grèce et au Portugal en achetant de la dette souveraine de ces deux pays et sans compter aussi que la méthode chinoise de coupler sa prospérité au bon fonctionnement du capitalisme la rend fragile aux risques de récession. L'attitude de ces pays rappelle également la marche du crabe. Ils laissent faire à l'ONU mais organisent le contre feu à l'intérieur du BRICS. Comme nous ne pouvons pas prendre les dirigeants du BRICS pour des rêveurs novices en politique mondiale, il faut bien convenir qu'ils ont choisi de se battre sur leur terrain qui, au demeurant, n'est pas encore balisé mais qui s'en tient essentiellement au domaine de l'économie, c'est-à-dire qu'ils s'en tiennent au cœur des enjeux de toutes les guerres. Alors, les plans des américains de reconfigurer le Moyen Orient et l'Afrique du Nord dans le Grand moyen Orient seraient vidés de leur substance. Que pèse exactement l'enjeu libyen dans l'ensemble des enjeux actuels ? La réponse reste mal aisée tant les adversaires et les ennemis restent flous dans leurs buts et dans leurs identités. Les seules réalités visibles et indentifiables clairement restent la reconquête coloniale et les plans américains publiquement avoués de redessiner les frontières. Tout le reste est changeant, flou, malléable. Aussi bien les adversaires que les terrains de confrontations demeurent fluctuants.C'est dans cet arrière fond d'incertitudes et de difficultés persistantes des coalisés à réaliser leurs buts en Libye que le parlement a voté. Il ne nous est pas difficile de percevoir au pays de Lacan la fonction narcissique des commentaires qui ont accompagné ce vote. La France-cocorico a chanté sur tous les toits les conditions de la sortie de la crise libyenne. Du coup elle l'a fait sienne. Elle l'a privatisée. Les américains l'ont bien vite rappelée à l'ordre : pas question de croire à une solution politique. Et la France doit rester dans son rôle de sous traitant zélé où la mise Sarkozy. Même les chiffres ne plaident pas en faveur des guerriers du ciel. La France n'a dépensé que cent soixante millions d'euros en quatre mois d'agression. Les USA ont dépensé sept cent soixante millions de dollars en quelques jours. Ce sont les armes US qui ont assuré la plus grande partie des destructions des équipements libyens pas les avions européens. La grande offensive, armée et dirigée par la France vers Tripoli s'est enrayée à El Koualich. la grande presse française nous a assommé avec la prise d'El Koualich, qu'elle a située à cinquante kilomètres de Tripoli alors qu'elle s'en trouve à plus de cent kilomètres. Mais, comparé au mensonge des bombardements aériens des avions d'El Gueddafi sur Tripoli, c'est un tout petit mensonge. Vraiment un petit. Sauf que la presse française, si soucieuse de la vie des civils, célébrait une victoire qui allait bientôt mettre «Tripoli à portée des canons des rebelles» pour tuer qui, à Tripoli et grâce aux avions de l'OTAN qui ont permis cette « percée»?
Dernière question. Cette privatisation de la guerre en Libye doit bien correspondre à une certaine réalité. Paris négocie-t-il désormais avec un cercle rapproché d'El Kadhafi pour s'aligner sur une succession dynastique et donc s'aligner sur un des fils de Kadhafi contre les autres ? Quelle ironie de l'histoire cela serait. Avez-vous oublié les messages réformateurs de Seïf El Islam qui a fait campagne pour des changements politiques en Libye qui ouvriraient la voie à une modernisation soft, c'est-à-dire à une autonomie de la bourgeoisie naissante des formes politiques tribales de la Jamahiriya ?Alors cette privatisation française de la guerre est une expression du sauve qui peut de cette crise sans issue et de cet échec désastreux pour la France dans la région. Une réunion du groupe de contact en Afrique ne libérera pas la France de Sarkozy de ses erreurs et de ses mensonges néoconservateurs. En Libye le plan de destruction des frontières héritées de la colonisation est sur la voie de l'échec. Le coq n'en sera bientôt plus qu'au caquetage. Avec une couronne socialiste.
M. B.


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